Les plus belles chansons du monde

Le genre de chanson qui impose le silence, commande le respect, dicte la révérence, la solennité est immédiate, l'admiration éternelle...
Regardez le visage de Brassens, il chante ça comme un cantique, il impose une atmosphère pesante, Le Forestier qui cherche le texte comme dans un missel, Lino en reste statufié avec sa clope, même le "pain" du maître à la gratte (3'38") passe inaperçu, et le violoncelle continue, soulignant la mélodie, tandis que Joel Favreau s'escrime, comme un damné, d'un solo échevelé.

Rien que pour ce moment, je vénère Jacques Chancel!

Rappelons qu'il s'agit d'un poème d'Antoine Pol, poète méconnu, dont Brassens avait déniché le recueil dans une brocante dans les années 40. Il était comme ça, Brassens, grand lecteur, dès qu'un poème lui parlait, il le mettait en musique. Et quelle musique. Il a fait peu ou prou la même chose avec "Pensées des Morts" de Lamartine, chanson mélancolique dont on respire l'automne à plein poumons.


Pensées des morts Georges Brassens par frati3

Ce sont là les deux plus belles mélodies de Brassens sur les mots des autres. Mes deux favorites en tout cas.

S'agissant d'Antoine Pol, Brassens a failli le rencontrer. Ils étaient tous les deux à l'enterrement de Paul Fort, à Montlhéry en avril 1960. Antoine Pol, reconnaissant le Sétois, n'osa pas l'aborder (il n'imaginait pas qu'il pût connaître ses poèmes).

Antoine Pol avait écrit à Georges en décembre 1970, se disant flatté du projet de mise en mélodie de ses "Passantes". Il avait aussi l'intention de réaliser une édition de luxe des chansons de Tonton Georges, avec illustrations, et lui demandait dans la même missive l'autorisation de reproduire ses textes.

Quand Brassens se décida à aller voir le poète, en 1971, il fut reçu par sa veuve. Antoine Pol était mort la veille!!!

(sources: Jacques Vassal "Brassens, homme libre", éditions cherche midi)

Quiet Man a écrit:Ce sont là les deux plus belles mélodies de Brassens sur les mots des autres. Mes deux favorites en tout cas.

Il y a aussi celle-ci, et toujours chez Brassens, cette volonté de "solenniser" (ça se dit ça?) le texte par une musique quasi-religieuse (d'ailleurs la mélodie du poeme d'Aragon avait déjà été utilisée pour la prière)

"La prière" est une des premières chansons de Brassens que j'ai connues. Vers 1960/1961 ma grande soeur avait un super 45 tours (comme on disait à l'époque) avec "La chanson pour l'Auvergnat", "La mauvaise réputation", "La prière" et "Une jolie fleur (Dans une peau de vache)". Je n'avais que 8 ans, mais j'ai été marqué à vie par le texte des 3 premiers titres (que j'ai immédiatement sus par coeur sans les apprendre). Quant à "La jolie fleur", ma soeur (de 5 ans mon ainée) me disait que ce n'était pas de mon âge!

En fait, Brassens avait enregistré "Il n'y a pas d'amour heureux" avant "La prière", donc il a repris la mélodie pour "La prière" et non l'inverse.

Hugues a écrit:En fait, Brassens avait enregistré "Il n'y a pas d'amour heureux" avant "La prière", donc il a repris la mélodie pour "La prière" et non l'inverse.

Nous sommes d'accord. Sans remonter aux 78 tours, "Il n'y a pas d'amour heureux" était sur le 2ème 25cm et "La prière" sur le 3ème.

Mais, pour ma part, j'ai découvert Brassens avec le 45 tours dont je parle plus haut, incluant "La prière".

Quiet Man a écrit:

Hugues a écrit:En fait, Brassens avait enregistré "Il n'y a pas d'amour heureux" avant "La prière", donc il a repris la mélodie pour "La prière" et non l'inverse.

Nous sommes d'accord. Sans remonter aux 78 tours, "Il n'y a pas d'amour heureux" était sur le 2ème 25cm et "La prière" sur le 3ème.

J'avais lu le contraire sur le net, mais je vous fais confiance!

johnny99 a écrit:

Quiet Man a écrit:

Hugues a écrit:En fait, Brassens avait enregistré "Il n'y a pas d'amour heureux" avant "La prière", donc il a repris la mélodie pour "La prière" et non l'inverse.

Nous sommes d'accord. Sans remonter aux 78 tours, "Il n'y a pas d'amour heureux" était sur le 2ème 25cm et "La prière" sur le 3ème.

J'avais lu le contraire sur le net, mais je vous fais confiance!

"Il n'y a pas d'amour heureux" a été enregistré le 16 juin 1953 et "La prière" le 17 novembre 1954...

Bon ça suffit là d'user d'un vocabulaire religieux (solenniser, cantique, missel, réverence) pour décrire les chansons d'un anarchiste bouffeur de curé...

Une autre incongruité concernant Brassens, ce sont tous ces disques de reprise de son répertoire par d'autres...Sa procédure musicale est tellement idiosyncratique, repliée sur elle même dans sa rigueur et son austérité (même s'il se passe beaucoup de choses sur le plan musical malgré l'apparence d'uniformité) que toute tentative de revisiter une de ses chansons est par avance vouée au non sens et au ratage.

Lee Harvey Oswald a écrit:Bon ça suffit là d'user d'un vocabulaire religieux (solenniser, cantique, missel, réverence) pour décrire les chansons d'un anarchiste bouffeur de curé...

Une autre incongruité concernant Brassens, ce sont tous ces disques de reprise de son répertoire par d'autres...Sa procédure musicale est tellement idiosyncratique, repliée sur elle même dans sa rigueur et son austérité (même s'il se passe beaucoup de choses sur le plan musical malgré l'apparence d'uniformité) que toute tentative de revisiter une de ses chansons est par avance vouée au non sens et au ratage.

Un anarchiste qui traversait dans les clous et un bouffeur de curés qui parlait avec affection du "curé de chez nous" (personnage réel).

Pour les reprises, j'aime bien ce qu'a fait Maxime Le Forestier depuis un album live en édition limitée (vers 1973) jusqu'aux encyclopédiques "Cahiers".

Et puis il y a "La visite" (la composition de Maxime, pas celle de Georges), "à la manière de...", qui démontre que Le Forestier a beaucoup étudié son Brassens et (presque) tout compris...

Quiet Man a écrit:Un anarchiste qui traversait dans les clous et un bouffeur de curés qui parlait avec affection du "curé de chez nous" (personnage réel).

Des trois grands statufiés de la Chanson française, je vais peut être étonné, mais pour moi et de loin c'est Léo Ferré qui était le plus "religieux", enfin celui dont on perçoit le plus le malaise et les questions irrésolues par rapport au divin...Chez l'idole de Patrick Sebastien, malgré quelques soubresauts inquiets, ça reste toujours à la bonne marade comme on dit du côté de Brive-La-Gaillarde.

Hugues a écrit:

Comme avec Joan Baez, je ne supporte, physiquement parlant, pas la voix de tête, lorsque ça pousse dans les aigus, désolé...

johnny99 a écrit:Comme avec Joan Baez, je ne supporte, physiquement parlant, pas la voix de tête, lorsque ça pousse dans les aigus, désolé...

Y'a pas de quoi être désolé, cela n'empêche pas cette chanson d'être une des plus belles du monde pour autant (au même titre que plusieurs autres de cette artiste, "River", "A Case of You", etc).

D'ailleurs peut-être préférerais-tu "River" où elle va moins dans les aigus. Mais loin de moi le besoin d'insister.



Personnellement, je ne peux pas comprendre comment la tonalité aiguë d'une voix peut rendre imperméable à un tel flux de tristesse et de poésie (beauté bleue qui passe par les pores)

Je préfère effectivement, ce ne sont pas tant les sonorités aiguës mais plus la force avec laquelle elle s'y adonne, j'aurais préféré plus de retenue...

Tiens je viens d'entendre cette version du classique d'Etta James, je ne savais pas qui chantait, j'en suis tout bouleversé, rien ne m'arrête dans l'appréciation de cette interprétation, c'est juste magnifique, j'en ai des frissons.

Le killer c'est dans les ballades que je le préfère, il ferait pleurer un cactus!

Une des plus belles chansons françaises, paroles ET musique (si vous connaissez un guitariste, demandez-lui son avis!)

johnny99 a écrit:Une des plus belles chansons françaises, paroles ET musique (si vous connaissez un guitariste, demandez-lui son avis!)

On peut toujours demander à Jean-Paul "Hector" Drand qui a longtemps été le guitariste de Bernard, après avoir été celui du groupe nancéen les Voodoo Doctors. Il est sur facbooek, Johnny)

Ah mais moi je sais très bien que ces accords de bossa nova sont merveilleux à entendre, mais douloureux à réaliser, je m'y suis suffisamment collé, et j'en redemande même!

johnny99 a écrit:Je préfère effectivement, ce ne sont pas tant les sonorités aiguës mais plus la force avec laquelle elle s'y adonne, j'aurais préféré plus de retenue...

Tiens je viens d'entendre cette version du classique d'Etta James, je ne savais pas qui chantait, j'en suis tout bouleversé, rien ne m'arrête dans l'appréciation de cette interprétation, c'est juste magnifique, j'en ai des frissons.

Et l'album est tout simplement "lumineux" !!! ... en voyant cet article, je me le suis procuré et j'avoue n'écouter que ça depuis ce matin ... Une pure merveille !!

Bien que j'ai du mal avec cette voix caverneuse (qu'il est de bon ton d'admirer de façon inconditionnelle dans certains milieux autorisés, comme dirait l'autre), la chanson est réellement sublime, le temps s'arrête à son écoute, c'est juste beau...



Tiens, pour la peine, je vous mets aussi la version écossaise (que je ne suis pas loin de préférer à l'originale, mais si je dis ça je me fais lyncher, non?):

johnny99 a écrit:
Tiens, pour la peine, je vous mets aussi la version écossaise

"Waltzing Matilda" n'est pas une chanson écossaise mais est issue du folklore australien...A vrai dire presque un hymne national de substitution. Tous les habitants de ce Continent la connaissent.

Bien aimé ta prévention au sujet de la voix de Tom Waits...Je lis trop peu de déboulonnement de statues sur les forums ou autres. Personne ici pour dire que Neil Young ça l'emmerde profondément ?