Brazil #5 - Février 2008

FAQ you !!!!

Je sais, je sais, je vous ai déjà fait le coup du mode d’emploi, il y a quelques années (quand « Brazil » était hébergé dans « Crossroads »), même que ça nous avait valu quelques remontrances (des insultes, aussi !) de la part de certains diffuseurs qui appréciaient mal qu’on puisse émettre des doutes sur leur amour du travail bien fait. La situation n’a fait qu’empirer depuis et l’on en arrive à se demander comment la presse indépendante réussit à survivre en pareilles conditions. Ah, ben non, tiens, on ne se le demande plus, puisque de presse indépendante, il n’est plus question aujourd’hui. Enfin, sauf un petit village d’irréductibles braziliens, caché quelque part au cœur du domaine du Vexin…

Mais, c’est koitesque, ça, « FAQ you ! » ? Tu nous insultes, mécréant ?…
Et bien non, cher lecteur inculte, c’est l’abréviation de « foire aux questions », qu’on retrouve sur bon nombre de sites internet… La bienséance m’interdit d’insulter qui que ce soit, en ces colonnes (sauf peut-être Luc Besson, mais c’est une autre histoire…) ; une FAQ est un lieu où l’on regroupe les questions les plus régulièrement posées et leurs réponses. Dont acte.

Pourquoi la couverture de « Brazil » ne brille-t-elle pas comme celles de vos concurrents ?
Cons quoi ? Pardon ?… Ah, le papier ? Bon, c’est simple. Il se trouve que contrairement à nos c…, enfin aux autres là, notre magazine est imprimé 100 % sur du papier recyclé. Alors, oui, les pubs y sont moins jolies (et moins nombreuses, devons-nous y voir là un lien de cause à effet ? Hum…), mais quand les invendus finissent à la benne par palettes entières, quelque part, ça nous fait un petit moins mal aux seins…

Bon, cette obsession Besson, c’est pas un peu fini ?
Euh, il continue de produire des films, non ? Pourquoi donc lèverions-nous le pied, alors ? Prenons une jolie métaphore : votre grenier est infesté de rats, vous achetez un joli produit avec une tête de mort géante dessus et le placez en différents points de la pièce « à nettoyer ». Trois jours plus tard, la moitié des rats sont morts, mais il n’y a plus de produit. Que faites-vous ? Vous rachetez du produit, pardi, et si possible avec une tête de mort encore plus grosse !… Et bien, les productions Besson, c’est pareil. Ceci étant, j’ai quand même l’impression que nous trions assez objectivement le grain de l’ivraie, en mettant en avant parfois les co-productions ou distributions Europa qui le méritent. Ce fut le cas par exemple de Trois enterrements, que nous avions mis en une, ou aujourd’hui au nouveau film de Michel Gondry, également en couverture ce mois-ci.

Quelle est la ligne éditoriale de « Brazil » ?
Elle n’existe pas, ou alors c’est une diagonale, au sens le plus desprogien du terme. Avoir une ligne éditoriale équivaudrait à décider à l’avance du contenu de ce magazine. Or, ce magazine est vivant, il se construit de lui-même, comme la bête addition des personnes qui le compose. La formule est donc en perpétuelle mutation et c’est tant mieux. Ça prouve notamment que la bête est encore vivante, avec ses qualités… et ses défauts.

Pourquoi parfois descendez-vous un film lors de sortie salles pour l’encenser ensuite quand il sort en DVD, ou l’inverse ?
Pour les mêmes raisons qu’évoquées au point précédent. Il n’y a pas un point de vue unique, dans « Brazil », mais autant que de personnes impliquées. L’on se retrouve donc régulièrement dans des situations assez paradoxales, mais le propre de l’être humain n’est-il pas aussi sa faculté, à se montrer totalement illogique, voire, dans le meilleur des cas, indomptable. In fine, la seule chose qui compte à mes yeux de « brazilien en chef », c’est la passion qui anime chacun de nous et, par ricochet, ces pages. À méditer en écoutant « I’m not like everybody else » des Kinks (la version de Chris Spedding, c’est encore mieux)…

Christophe Goffette