Opinions sur quelques sorties de 2010
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
LP 22 mars
La première écoute est une claque. Cet album relativement court (37 mn) de dix chansons nous séduit, nous charme, nous surprend à chaque chanson par sa justesse, sa beauté, son originalité, cette sorte de singularité assurée. Le chant de Laura Marling joue avec les ombres, s'esquive, s'égare, s'imprègne de tonalités troublantes. "Devil's Spoke", chante t-elle en ouverture. De là à trouver le Diable divertissant, il n'y a qu'un pas.
Mais Laura tâtonne avec cette voix, tapie quelque part, en suivant le fil de sentiments subtils et complexes, tout en faisant preuve d'un naturel confondant. Elle a suffisamment d'énergie pour surmonter les hautes vagues dévoilées par la tempête ("Rambling Man"), tout en se faisant complice d'un violoncelle ("Blackberry Stone") ou de cordes étoilées ("Alpha Shallows").
"Goodbye England", qui était sorti en simple en décembre dernier, évoque l'univers de Nick Drake, avec ce curieux accent réminiscent de Dar Williams, chanteuse de Nouvelle Angleterre. Titre magistral, où Laura n'a pas hésité à recourir à un orchestre somptueux, d'une admirable clarté expressive, qui n'est pas sans rappeler le savoir-faire de François Rauber non plus.
On parlait de justesse - elle se trouve aussi dans ces arrangements distillés sans excès, un piano par-ci, un banjo par-là ("Hope in the Air"), et une science des dynamiques incapable de laisser tout auditeur indifférent, pour peu qu'il prête l'oreille. La production est ample et respire, et dans les moments de sobriété, Laura, en apprentie sorcière, peut se contenter de baisser les paupières en pinçant les cordes de sa guitare.
Il s'en cache, des choses, sous ces paupières.
L'Angleterre a ses brumes.
La première écoute est une claque. Cet album relativement court (37 mn) de dix chansons nous séduit, nous charme, nous surprend à chaque chanson par sa justesse, sa beauté, son originalité, cette sorte de singularité assurée. Le chant de Laura Marling joue avec les ombres, s'esquive, s'égare, s'imprègne de tonalités troublantes. "Devil's Spoke", chante t-elle en ouverture. De là à trouver le Diable divertissant, il n'y a qu'un pas.
Mais Laura tâtonne avec cette voix, tapie quelque part, en suivant le fil de sentiments subtils et complexes, tout en faisant preuve d'un naturel confondant. Elle a suffisamment d'énergie pour surmonter les hautes vagues dévoilées par la tempête ("Rambling Man"), tout en se faisant complice d'un violoncelle ("Blackberry Stone") ou de cordes étoilées ("Alpha Shallows").
"Goodbye England", qui était sorti en simple en décembre dernier, évoque l'univers de Nick Drake, avec ce curieux accent réminiscent de Dar Williams, chanteuse de Nouvelle Angleterre. Titre magistral, où Laura n'a pas hésité à recourir à un orchestre somptueux, d'une admirable clarté expressive, qui n'est pas sans rappeler le savoir-faire de François Rauber non plus.
On parlait de justesse - elle se trouve aussi dans ces arrangements distillés sans excès, un piano par-ci, un banjo par-là ("Hope in the Air"), et une science des dynamiques incapable de laisser tout auditeur indifférent, pour peu qu'il prête l'oreille. La production est ample et respire, et dans les moments de sobriété, Laura, en apprentie sorcière, peut se contenter de baisser les paupières en pinçant les cordes de sa guitare.
Il s'en cache, des choses, sous ces paupières.
L'Angleterre a ses brumes.
Dernière édition par Hugues le Ven 7 Mai - 20:09, édité 1 fois
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
LP 23 mars
Attention de ne pas surestimer ce charmant album, qui n'est pas non plus dénué d'une certaine mièvrerie - dit-il, après trois écoutes d'affilée du truc. "Me and You", par exemple, respire quand même une sorte de tranquillité lénifiante. Il est vrai que parfois le soleil (dont je parlais plus haut - où d'autre? - à propos du single) fait fermer les yeux dans un bain de paisible lumière. De plus, la voix de Zooey a les travers de ses qualités: le charme de l'amateurisme, qui ouvre des portes vers le libre essai, a aussi le défaut de faire sentir sa perfectibilité. Jamais cruellement, toutefois, car tout participe d'un état d'esprit propre au projet. Je ne suis pas sûr que l'actrice Zooey Deschanel ait décidé de faire carrière dans la chanson. Elle a pour l'instant surtout l'air de s'amuser, de faire des chansons qu'elle a envie de faire, ostensiblement inspirée par ses influences. Et ses influences ne sont pas pour me déplaire, ainsi cette reprise de "Gonna Get Along Without You Know", un classique surtout inspiré par la version de Skeeter Davis. Et ce disque assimile à la fois pop et certaines tonalités country (le versant pop d'icelle). Et c'est dingue comme elle rappelle Priscilla Paris sur "Lingering Still".
En gros, ce disque nous évoque le bonheur léger d'écouter l'autoradio des années 60/70 d'une décapotable au soleil. Ce n'est pas aussi frétillant que le girl group sound, c'est un peu plus middle tempo, d'une insouciance moins frénétique. Le girl group sound - l'ai-je déjà dit? - me rappelle davantage des rires de cristal sous la pluie.
Reste que ce disque est charmant, et que ce charme moelleux pourrait être plus insidieux qu'il n'y paraît après trois écoutes.
Attention de ne pas surestimer ce charmant album, qui n'est pas non plus dénué d'une certaine mièvrerie - dit-il, après trois écoutes d'affilée du truc. "Me and You", par exemple, respire quand même une sorte de tranquillité lénifiante. Il est vrai que parfois le soleil (dont je parlais plus haut - où d'autre? - à propos du single) fait fermer les yeux dans un bain de paisible lumière. De plus, la voix de Zooey a les travers de ses qualités: le charme de l'amateurisme, qui ouvre des portes vers le libre essai, a aussi le défaut de faire sentir sa perfectibilité. Jamais cruellement, toutefois, car tout participe d'un état d'esprit propre au projet. Je ne suis pas sûr que l'actrice Zooey Deschanel ait décidé de faire carrière dans la chanson. Elle a pour l'instant surtout l'air de s'amuser, de faire des chansons qu'elle a envie de faire, ostensiblement inspirée par ses influences. Et ses influences ne sont pas pour me déplaire, ainsi cette reprise de "Gonna Get Along Without You Know", un classique surtout inspiré par la version de Skeeter Davis. Et ce disque assimile à la fois pop et certaines tonalités country (le versant pop d'icelle). Et c'est dingue comme elle rappelle Priscilla Paris sur "Lingering Still".
En gros, ce disque nous évoque le bonheur léger d'écouter l'autoradio des années 60/70 d'une décapotable au soleil. Ce n'est pas aussi frétillant que le girl group sound, c'est un peu plus middle tempo, d'une insouciance moins frénétique. Le girl group sound - l'ai-je déjà dit? - me rappelle davantage des rires de cristal sous la pluie.
Reste que ce disque est charmant, et que ce charme moelleux pourrait être plus insidieux qu'il n'y paraît après trois écoutes.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
LP 27 mars
A réécouter.
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Dernière édition par Hugues le Sam 15 Mai - 14:06, édité 1 fois
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
LP 29 mars
Non seulement cet album se laisse merveilleusement écouter d'un bout à l'autre, mais c'est un vrai réservoir d'indices pour découvrir l'effervescente flore française des talents d'aujourd'hui: Edgar Ficat et La Fiancée (qui co-signent "Non non non"), l'excellent AbEL K1 (qui n'est même pas signé! Incroyable) à qui l'on doit "Calamity Jane" et "Manhattan" sur ce disque, BABX (qui signe 4 chansons - ""Tombée de haut", l'envoûtant "Diva", "Mens-moi", "Lettera", et a produit le plus gros de l'album), Mustang dont le leader (Jean Felzine) signe deux chansons ("J'étais une fille" et "Ou pas" en bonus). Un certain Séverin qui est carrément un réservoir à lui seul, puisque son dernier album réunit quatorze artistes françaises différentes pour chanter ses chansons (dont Constance Verluca et La Fiancée)! Il offre à Camélia deux chansons, "La vie en solitaire" et "Le mois d'août".
Une certaine L, amie de BABX et soutenue par Brigitte Fontaine entre autres, elle prépare un premier album (elle signe ici "Je pars"). Enfin, déjà connu, l'excellent Mathieu Boogaerts offre "Moi c'est" (dont le délicieux motif de guitare est typique de son style) et "Some Say" en bonus. Camélia, elle, signe une seule chanson, en anglais: "Little Monsters", qui ne fait pas pâle figure par rapport au reste.
Que dire de l'interprète? Elle s'illustre dans tous les genres. Lorsqu'elle force la voix, elle la casse jusqu'à la brisure du coeur, comme sur "Calamity Jane" par exemple, et il y a là un potentiel à explorer encore. Parfois, c'est juste un peu trop fort, sur d'autres morceaux, il faut qu'elle apprenne à maîtriser davantage cet organe, mais elle privilégie la vie et l'énergie, pas question de s'endormir: c'est bien! Lorsqu'elle fait dans l'intimisme, elle excelle, comme sur "Diva" qui fout des frissons, tant son timbre résonne dans le silence avec un fragile éclat de porcelaine.
Ce qui rend cet album si agréable, c'est cette variété de styles musicaux liés dans une seule approche, légère, fraîche et ouverte. Est-ce Camélia qui a choisi ses collaborateurs? Je l'ignore. J'ai entendu dire que son zélateur de la Nouvelle Star, André Manoukian, n'y était peut-être pas étranger.
En tout cas, les sceptiques bas du front, comme ce commentateur franchouillard d'amazon.fr nommé rockin-jl, feraient mieux de décrasser leurs oreilles, au lieu de moisir dans leurs références. Sans compter que son jeu de mot chimpanzé, là, me rappellle celui d'un maquettiste tatoué de Crossroads, qui avait affublé mon titre d'article sur Lynn Miles d'un "La dRame brune du Canada", et qu'avec le recul je me dis que ce n'était peut-être pas fortuit (l'inverse m'apparaissait improbable à vrai dire, tant le jeu de mot est nul), et que j'avais bien fait de quitter ce mag de provocateurs du pauvre.
Non seulement cet album se laisse merveilleusement écouter d'un bout à l'autre, mais c'est un vrai réservoir d'indices pour découvrir l'effervescente flore française des talents d'aujourd'hui: Edgar Ficat et La Fiancée (qui co-signent "Non non non"), l'excellent AbEL K1 (qui n'est même pas signé! Incroyable) à qui l'on doit "Calamity Jane" et "Manhattan" sur ce disque, BABX (qui signe 4 chansons - ""Tombée de haut", l'envoûtant "Diva", "Mens-moi", "Lettera", et a produit le plus gros de l'album), Mustang dont le leader (Jean Felzine) signe deux chansons ("J'étais une fille" et "Ou pas" en bonus). Un certain Séverin qui est carrément un réservoir à lui seul, puisque son dernier album réunit quatorze artistes françaises différentes pour chanter ses chansons (dont Constance Verluca et La Fiancée)! Il offre à Camélia deux chansons, "La vie en solitaire" et "Le mois d'août".
Une certaine L, amie de BABX et soutenue par Brigitte Fontaine entre autres, elle prépare un premier album (elle signe ici "Je pars"). Enfin, déjà connu, l'excellent Mathieu Boogaerts offre "Moi c'est" (dont le délicieux motif de guitare est typique de son style) et "Some Say" en bonus. Camélia, elle, signe une seule chanson, en anglais: "Little Monsters", qui ne fait pas pâle figure par rapport au reste.
Que dire de l'interprète? Elle s'illustre dans tous les genres. Lorsqu'elle force la voix, elle la casse jusqu'à la brisure du coeur, comme sur "Calamity Jane" par exemple, et il y a là un potentiel à explorer encore. Parfois, c'est juste un peu trop fort, sur d'autres morceaux, il faut qu'elle apprenne à maîtriser davantage cet organe, mais elle privilégie la vie et l'énergie, pas question de s'endormir: c'est bien! Lorsqu'elle fait dans l'intimisme, elle excelle, comme sur "Diva" qui fout des frissons, tant son timbre résonne dans le silence avec un fragile éclat de porcelaine.
Ce qui rend cet album si agréable, c'est cette variété de styles musicaux liés dans une seule approche, légère, fraîche et ouverte. Est-ce Camélia qui a choisi ses collaborateurs? Je l'ignore. J'ai entendu dire que son zélateur de la Nouvelle Star, André Manoukian, n'y était peut-être pas étranger.
En tout cas, les sceptiques bas du front, comme ce commentateur franchouillard d'amazon.fr nommé rockin-jl, feraient mieux de décrasser leurs oreilles, au lieu de moisir dans leurs références. Sans compter que son jeu de mot chimpanzé, là, me rappellle celui d'un maquettiste tatoué de Crossroads, qui avait affublé mon titre d'article sur Lynn Miles d'un "La dRame brune du Canada", et qu'avec le recul je me dis que ce n'était peut-être pas fortuit (l'inverse m'apparaissait improbable à vrai dire, tant le jeu de mot est nul), et que j'avais bien fait de quitter ce mag de provocateurs du pauvre.
Dernière édition par Hugues le Sam 15 Mai - 14:04, édité 2 fois
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
LP 29 mars
Ecoute agréable. J'écoute rarement (pour ainsi dire jamais) ce genre de musique. Des titres tels que "Gone Baby, Don't Be Long", "Love" et le long "Out of My Mind, Just in Time" (10:21) m'ont particulièrement plu. On est dans l'art du groove, qui est un autre monde à lui seul (voire le plus populaire dans le monde, me suis-je laissé penser - ça m'arrive quelquefois de me laisser penser). Comme j'aime faire des remarques intéressantes, je dirais qu'Erikah me rappelle Dinah Washington au début du dernier morceau précité, ce qui fait classe à dire, quand même (putain, le mec il connaît Dinah Washington, respect, man!).
ça laisse en tout cas penser que ce genre de chanteuse n'est pas plus négligeable qu'une chanteuse classique de jazz, ou pas moins admirable, tout dépend de quel point de vue on se place. En tout cas, les snobinards et hiérachistes mous du cerveau peuvent aller voir ailleurs si on y est!
PS: magnifique pochette, non?
Ecoute agréable. J'écoute rarement (pour ainsi dire jamais) ce genre de musique. Des titres tels que "Gone Baby, Don't Be Long", "Love" et le long "Out of My Mind, Just in Time" (10:21) m'ont particulièrement plu. On est dans l'art du groove, qui est un autre monde à lui seul (voire le plus populaire dans le monde, me suis-je laissé penser - ça m'arrive quelquefois de me laisser penser). Comme j'aime faire des remarques intéressantes, je dirais qu'Erikah me rappelle Dinah Washington au début du dernier morceau précité, ce qui fait classe à dire, quand même (putain, le mec il connaît Dinah Washington, respect, man!).
ça laisse en tout cas penser que ce genre de chanteuse n'est pas plus négligeable qu'une chanteuse classique de jazz, ou pas moins admirable, tout dépend de quel point de vue on se place. En tout cas, les snobinards et hiérachistes mous du cerveau peuvent aller voir ailleurs si on y est!
PS: magnifique pochette, non?
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
LP 29 mars
Quelque chose cloche avec ce second album de Lonely Drifter Karen, pourtant la meilleure formation du moment si j'en juge par mes préférences personnelles (hahaha). Leur précédent album reste mon préféré de 2008, voire des deux dernières années. On n'en fait plus, des trucs enchanteurs comme ça, inclassables, enfantins, radicalement émerveillés, avec cette sorte de claustrophobie hallucinogène et Sgt. Pepperienne.
D'abord, l'esthétique de la pochette laisse perplexe. Et finalement, laisse une idée du baclage qu'on trouve aussi à l'intérieur de l'album, qui contient pourtant encore une bonne moitié d'excellentes chansons (les meilleures chansons du monde depuis 1967), au niveau du mixage je crois, ou la prise de son, bref, de l'enregistrement. Ce n'est pas franchement une cata, mais y'a quelque chose qui manque de résonance, de la beauté de la rosée (vous suivez? non? tant pis, trop tard, je suis parti).
Comment ce fait-ce? Qu'est-ce qui peut bien expliquer cela? Peut-être un manque d'expérience? de moyens? de lucidité? d'exigence? de motivation (j'en doute)? Je pense que l'autrichienne Tanja Frinta, l'espagnol Marc Melia Sobrevias et l'italien Giorgio Fausto Menossi sont un trio humble et modeste (ce qui participe aussi de leur charme), qui a une vraie vision et un univers musical réellement original, mais qui manque de clairvoyance ou de direction quant à la forme concrète à donner aux chansons, en tout cas à leur mise en boîte (c'est peut-être - sans doute - meilleur sur scène). Le fait est que certaines compos laissent déjà mitigé, à commencer par celle placée en ouverture ("Dis-In-Motion"), mais aussi "Ready to Fall" ou "Something's Scorching", qui sont simplement rébarbatives d'un point de vue mélodique. Et à côté de ça, vous avez cette manie bienvenue du groupe de ponctuer la plupart de leurs compositions d'idées originales, instrumentales ou rythmiques, de toujours éviter de tourner en rond (ce qui les rapproche de certains groupes psyché-pop des années 60, comme The Move, par exemple, ou le Pink Floyd de Barrett, ou le Kevin Ayers des débuts). Le fait est qu'il y a aussi de très beaux moments dans ce disque, notamment "Wonderous Ways", et que cela renforce la cruauté du sentiment d'imperfection laissé par ce deuxième enregistrement studio.
Néanmoins, l'essentiel doit être dit: Tanja Frinta et Marc Melia Sobrevias, duo d'auteurs compositeurs, ont un merveilleux potentiel qui laisse encore jaillir ici de magiques éclaircies.
Quelque chose cloche avec ce second album de Lonely Drifter Karen, pourtant la meilleure formation du moment si j'en juge par mes préférences personnelles (hahaha). Leur précédent album reste mon préféré de 2008, voire des deux dernières années. On n'en fait plus, des trucs enchanteurs comme ça, inclassables, enfantins, radicalement émerveillés, avec cette sorte de claustrophobie hallucinogène et Sgt. Pepperienne.
D'abord, l'esthétique de la pochette laisse perplexe. Et finalement, laisse une idée du baclage qu'on trouve aussi à l'intérieur de l'album, qui contient pourtant encore une bonne moitié d'excellentes chansons (les meilleures chansons du monde depuis 1967), au niveau du mixage je crois, ou la prise de son, bref, de l'enregistrement. Ce n'est pas franchement une cata, mais y'a quelque chose qui manque de résonance, de la beauté de la rosée (vous suivez? non? tant pis, trop tard, je suis parti).
Comment ce fait-ce? Qu'est-ce qui peut bien expliquer cela? Peut-être un manque d'expérience? de moyens? de lucidité? d'exigence? de motivation (j'en doute)? Je pense que l'autrichienne Tanja Frinta, l'espagnol Marc Melia Sobrevias et l'italien Giorgio Fausto Menossi sont un trio humble et modeste (ce qui participe aussi de leur charme), qui a une vraie vision et un univers musical réellement original, mais qui manque de clairvoyance ou de direction quant à la forme concrète à donner aux chansons, en tout cas à leur mise en boîte (c'est peut-être - sans doute - meilleur sur scène). Le fait est que certaines compos laissent déjà mitigé, à commencer par celle placée en ouverture ("Dis-In-Motion"), mais aussi "Ready to Fall" ou "Something's Scorching", qui sont simplement rébarbatives d'un point de vue mélodique. Et à côté de ça, vous avez cette manie bienvenue du groupe de ponctuer la plupart de leurs compositions d'idées originales, instrumentales ou rythmiques, de toujours éviter de tourner en rond (ce qui les rapproche de certains groupes psyché-pop des années 60, comme The Move, par exemple, ou le Pink Floyd de Barrett, ou le Kevin Ayers des débuts). Le fait est qu'il y a aussi de très beaux moments dans ce disque, notamment "Wonderous Ways", et que cela renforce la cruauté du sentiment d'imperfection laissé par ce deuxième enregistrement studio.
Néanmoins, l'essentiel doit être dit: Tanja Frinta et Marc Melia Sobrevias, duo d'auteurs compositeurs, ont un merveilleux potentiel qui laisse encore jaillir ici de magiques éclaircies.
Dernière édition par Hugues le Mer 23 Juin - 21:35, édité 1 fois
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Hugues a écrit: (26 janvier)
Là aussi je suis en terrain familier... On pense tout de suite à Mazzy Star mais aussi à un tas d'autres trucs que j'arrive pas à situer (mon cerveau devient mou ou quoi?). Sûr que la voix de ce mec (c'est un duo mec/fille) me rappelle quelqu'un mais qui, bordel?
C'est peu dire que c'est mon genre de zique, encore que sur la longueur on puisse se lasser, car ça déroule toujours pareil, en écumeuses vagues d'argent, aux reflets oniriques gondolants... De la drogue douce.
Deux morceaux de cet album étaient parus en single précédemment, notamment une merveille intitulée "Used to Be" (en 2008, déjà) qu'on peut se passer en boucle. L'autre c'était "Norway" (en 2009).
En tête de mes préférences avec Heartland D'Owen Pallett jusqu'ici. Disons que Beach House navigue plus du côté de mes faiblesses (une dérive de rêve, une morsure de langueur), tandis que l'autre est objectivement et musicalement plus intéressant. Enfin, je crois.
Car qui nous dit que ma musique préférée à moi, finalement, n'est pas la meilleure du monde?
Je précise que le "Used to Be" qu'on entend sur l'album n'est pas la même version, il y a quelques variantes, et pour tout dire la version sur l'album fut encore améliorée, et meilleure à mon sens. Par contre, on dirait bien que "Norway" reste la même version.
En tout cas, voir cette vidéo est révélateur à mon sens:
Si cette Victoria Legrand n'est pas inspirée, je n'y connais rien... On reconnaît les grands groupes à la science qu'ils tirent d'un registre musical limité. Là, on est au paradis de la Pop.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Hugues a écrit: (11 janvier)
Il a fait un sujet sur eux en les découvrant en début d'année. Il les trouvait frais, sympa, et cetera. Là il s'écoute leur CD (le second), et il s'emmerde à un point que chacun est susceptible d'imaginer à la mesure de ses dispositions du moment.
En tout cas, ne pas écouter ça au casque. Il n'y a rien dedans, on dirait du strict divertissement, c'est à écouter de loin. C'est pas de la zique qui fait rêver. C'est du remplissage.
Bon, à part le dernier morceau peut-être, "I Think Ur a Contra", qui a une dose d'oxygène digne du "Sitting by the Riverside" des Kinks.
Il s'est dit qu'il était peut-être passé à côté. Il l'a réécouté ce matin, avec un mix légèrement différent au casque (oui, il peut faire ça), et il l'a apprécié d'un bout à l'autre. Tout lui a semblé plus doux (comme un album des Kinks), toutes les subtilités au synthé, à la batterie, et le chant nuancé d'Ezra.
Du coup, il se passe aussi le premier album, et il le trouve encore plus savoureux.
Conclusion: ne jamais avoir d'opinion définitive, se remettre en question, douter, réécouter.
Merci.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Hugues a écrit: LP 8 mars
Voilà bien l'album le plus horrible, insupportable et pénible qu'il m'ait été donnéd'écouterde subir parmi tous ceux que j'ai commentés (ou jockerisés) ici jusqu'à présent. Je le recommande donc ardemment à tous ceux qui ne tombent jamais d'accord avec moi.
Hop! Changement d'avis là-dessus également dès la deuxième écoute. Davantage sensible à l'urgence et l'écorchure constantes de ce disque ce soir. Comme quoi tout dépend de nos dispositions humorales. Si vous aimez les Pogues et les Clash, it's right up your alley. Ce soir, ce qui me paraissait l'autre jour strictement assommant et pénible me paraît revigorant, divertissant, voire vital.
Give it a chance. Ce disque n'est pas que rock ou enragé, je le répète: il est bourré d'émotion jusqu'à la moëlle.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Hugues a écrit: LP 27 mars
Le nouvel album de Françoise Hardy est honnête, sans être renversant. Rien d'aussi entraînant que "Noir sur blanc". Cela reste un album de variété sans grand éclat, mais comment pourrait-il en être autrement, avec un compositeur aussi médiocre qu'Alain Lubrano (qui signe quatre chansons, la moins mauvaise étant "Le temps de l'innocence") pour qui Françoise a hélas toujours eu un faible?
C'est avec des collaborations plus inédites que Mme Hardy sort une trop discrète épingle du jeu: d'abord le lascif morceau-titre, (déjà enregistré auparavant par sa créatrice, Fouxi), où le chant de FH a rarement été aussi sensuel. Les autres belles choses sont "Esquives", sur une musique de Ben Christophers, "Un coeur éclaté" sur une musique de Pascale Daniel et l'intimiste "Les mots s'envolent", chanson signée Arthur H, pour clore l'album.
Sinon, que dire? On parle de l'élégance de Françoise Hardy, et on a raison. Seulement, cette élégance doit se rehausser artistiquement de prises de risques, de vitalité, de fraîcheur, doit se dégager de toute forme de prudence, de frilosité, et devrait fuir les studios d'enregistrement à toutes jambes, je parle de ces studios qui aseptisent la varièt' française depuis des lustres, et pas seulement la varièt' française d'ailleurs.
Je ne suis pas tellement d'accord avec moi ce soir. Je réécoute cet album et le trouve très beau, très agréable, très élégant. "Mieux le connaître", "Les pas", "Le temps de l'innocence"... Tout est bon, d'une qualité constante. On a parfois le tort de trouver ennuyeux tout ce qui est calme ou reposé. Or, c'est un peu à soi de savoir se ressourcer. A soi de sentir que dans les chansons de Françoise, la tonalité de son chant tempéré, se trouvent des blessures, des regrets, de doux tourments. Il y a de l'émotion là-dedans. Elle est juste le contraire de ce qu'on trouve chez Titus Andronicus: non écorchée, mais profonde.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
18 mai
Parmi les 80 CDs 2010 que j'ai écoutés, celui-ci est ce que je qualifierais d'un pur chef d'oeuvre, avec les facultés d'objectivité qui me sont données. Ce n'est pas forcément mon genre de musique, mais en l'écoutant je suis stupéfait par son intelligence et sa richesse musicales constantes. C'est magistral à tout niveau, cette Janelle Monae est aussi excellente chanteuse que danseuse, et mène sa vision musicale à la baguette, ou au coup de talon, qu'elle a précis et léger comme celui d'un funambule. Cinq étoiles. On n'a pas fait mieux depuis James Brown, Marvin Gaye ou Prince. Si elle continue sur sa lancée et vise toujours plus haut, cette Janelle Monae va nous bouleverser (puisqu'elle est déjà renversante), et est assurément la star de demain.
Parmi les 80 CDs 2010 que j'ai écoutés, celui-ci est ce que je qualifierais d'un pur chef d'oeuvre, avec les facultés d'objectivité qui me sont données. Ce n'est pas forcément mon genre de musique, mais en l'écoutant je suis stupéfait par son intelligence et sa richesse musicales constantes. C'est magistral à tout niveau, cette Janelle Monae est aussi excellente chanteuse que danseuse, et mène sa vision musicale à la baguette, ou au coup de talon, qu'elle a précis et léger comme celui d'un funambule. Cinq étoiles. On n'a pas fait mieux depuis James Brown, Marvin Gaye ou Prince. Si elle continue sur sa lancée et vise toujours plus haut, cette Janelle Monae va nous bouleverser (puisqu'elle est déjà renversante), et est assurément la star de demain.
Dernière édition par Hugues le Mer 17 Nov - 10:55, édité 1 fois
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
22 février
Marina & the Diamonds est à mon sens un groupe de singles. Les quelques trucs égrenés l'année dernière étaient délicieux, lumineux. Mais écoutés avec d'autres d'affilée sur un LP, c'est juste assommant, et dépourvu d'âme. On n'y respire pas, on ne finit par n'entendre que du bruit, un bruit qui rappelle beaucoup le produit de consommation dominant qui infeste les supermarchés. Remarquez bien que si c'est par singles de temps en temps, ça passe très bien, voire délicieusement et lumineusement.
Marina & the Diamonds est à mon sens un groupe de singles. Les quelques trucs égrenés l'année dernière étaient délicieux, lumineux. Mais écoutés avec d'autres d'affilée sur un LP, c'est juste assommant, et dépourvu d'âme. On n'y respire pas, on ne finit par n'entendre que du bruit, un bruit qui rappelle beaucoup le produit de consommation dominant qui infeste les supermarchés. Remarquez bien que si c'est par singles de temps en temps, ça passe très bien, voire délicieusement et lumineusement.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
22 mars
Curieux, le parcours de Goldfrapp. Je n'avais pas écouté ce groupe depuis le sublime "Lovely Head" qui avait marqué l'année 2000, et semblait annoncer la couleur moderne de la décennie, dans la lignée de Björk et Portishead. Et bien non: apparemment, Goldfrapp a beaucoup donné dans l'exercice de style rétro kitsch depuis. Sur cet album, que je n'ai pour l'instant écouté qu'une fois, je n'ai rien entendu de très original, ça m'a même paru carrément plat. Il n'y a guère que le single ouvrant le disque, "Rocket", tout en fraîcheur et simplicité, qui se laisse plaisamment écouter. "Lovely Head" n'était-il donc qu'un miracle? Un accident? Qu'importe: tout peut n'être dit que dans une chanson, et celle-ci peut très bien faire de l'ombre à quatre LPs suivants (qu'il conviendrait cependant d'écouter, lorsqu'on en aura le temps, dans une seconde vie peut-être?).
Curieux, le parcours de Goldfrapp. Je n'avais pas écouté ce groupe depuis le sublime "Lovely Head" qui avait marqué l'année 2000, et semblait annoncer la couleur moderne de la décennie, dans la lignée de Björk et Portishead. Et bien non: apparemment, Goldfrapp a beaucoup donné dans l'exercice de style rétro kitsch depuis. Sur cet album, que je n'ai pour l'instant écouté qu'une fois, je n'ai rien entendu de très original, ça m'a même paru carrément plat. Il n'y a guère que le single ouvrant le disque, "Rocket", tout en fraîcheur et simplicité, qui se laisse plaisamment écouter. "Lovely Head" n'était-il donc qu'un miracle? Un accident? Qu'importe: tout peut n'être dit que dans une chanson, et celle-ci peut très bien faire de l'ombre à quatre LPs suivants (qu'il conviendrait cependant d'écouter, lorsqu'on en aura le temps, dans une seconde vie peut-être?).
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
30 mars
Dum Dum Girls ~ I Will Be
Waf. Il ne suffit pas d'être plus rêche (avoir un son garage avec beaucoup d'échos) pour être moins plat. A côté, les Plastiscines du LP1 (pas un modèle de nuances), c'est les Beach Boys. Donc voilà, j'ai acheté pas mal de disques de girl groups cette année, de ceux qui réunissent les ingrédients du girl group sound des sixties, du post-punk seventies et de la twee pop eighties, et celui-là est un des plus insignifiants. Bon, je ne l'ai écouté qu'une fois et si je change d'avis je le ferai savoir (ici, bien entendu, puisque je n'ai pas de blog perso, haha). Mais sachez, histoire d'avoir un zeste de suspense, que dans le domaine j'ai trouvé mon bonheur en 2010, avec au moins deux groupes qui occuperont aisément mon Top 10. Vive le bonheur.
Dum Dum Girls ~ I Will Be
Waf. Il ne suffit pas d'être plus rêche (avoir un son garage avec beaucoup d'échos) pour être moins plat. A côté, les Plastiscines du LP1 (pas un modèle de nuances), c'est les Beach Boys. Donc voilà, j'ai acheté pas mal de disques de girl groups cette année, de ceux qui réunissent les ingrédients du girl group sound des sixties, du post-punk seventies et de la twee pop eighties, et celui-là est un des plus insignifiants. Bon, je ne l'ai écouté qu'une fois et si je change d'avis je le ferai savoir (ici, bien entendu, puisque je n'ai pas de blog perso, haha). Mais sachez, histoire d'avoir un zeste de suspense, que dans le domaine j'ai trouvé mon bonheur en 2010, avec au moins deux groupes qui occuperont aisément mon Top 10. Vive le bonheur.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
6 avril 6 avril
Voilà deux bons albums de bonne vieille facture, auxquels il manque cependant un petit quelque chose qui les empêche d'être un peu plus excitants que de bons albums de bonne vieille facture. On en dira autant de Grace Potter (qui vend moins qu'Harry), peut-être en reparlera t-on. Je n'ai rien contre les vieilleries (je viens d'acheter un Dillard & Clark et un Incredible String Band), mais là il faut dire que c'est un problème, même si les nostalgiques sont ravis. Ou alors il faut pousser l'analyse: Sharon Jones (chanteuse soul à l'ancienne) et Peter Wolf (chanteur rock à l'ancienne) n'ont pas su retrouver ce qui fait que certains classiques d'Hier restent inusables aujourd'hui. Ils n'auraient pas déparé les années 60 et 70 respectivement, mais on s'en serait peut-être autant lassé aux réécoutes qu'aujourd'hui, si tant est que tout le monde s'en lasse comme moi, sans aigreur particulière, juste vaguement, dans un mélange de plaisir et d'ennui. Donc, il y a de bons moments, certes. Mais on en garde quoi? Moi, rien, en tout cas, ou si peu. Eux? Beaucoup, n'en doutons pas. Laissons-les vivre. Finalement, en y réfléchissant, Sharon Jones s'adresse aux fanatiques de soul, et Peter Wolf aux fanatiques du rock stonien. Chacun a le droit de s'exiler dans un moment musical, et de vouloir encore prendre son pied. Après tout, moi je m'exilerais volontiers sous le parapluie d'une chanteuse des années 60.
Voilà deux bons albums de bonne vieille facture, auxquels il manque cependant un petit quelque chose qui les empêche d'être un peu plus excitants que de bons albums de bonne vieille facture. On en dira autant de Grace Potter (qui vend moins qu'Harry), peut-être en reparlera t-on. Je n'ai rien contre les vieilleries (je viens d'acheter un Dillard & Clark et un Incredible String Band), mais là il faut dire que c'est un problème, même si les nostalgiques sont ravis. Ou alors il faut pousser l'analyse: Sharon Jones (chanteuse soul à l'ancienne) et Peter Wolf (chanteur rock à l'ancienne) n'ont pas su retrouver ce qui fait que certains classiques d'Hier restent inusables aujourd'hui. Ils n'auraient pas déparé les années 60 et 70 respectivement, mais on s'en serait peut-être autant lassé aux réécoutes qu'aujourd'hui, si tant est que tout le monde s'en lasse comme moi, sans aigreur particulière, juste vaguement, dans un mélange de plaisir et d'ennui. Donc, il y a de bons moments, certes. Mais on en garde quoi? Moi, rien, en tout cas, ou si peu. Eux? Beaucoup, n'en doutons pas. Laissons-les vivre. Finalement, en y réfléchissant, Sharon Jones s'adresse aux fanatiques de soul, et Peter Wolf aux fanatiques du rock stonien. Chacun a le droit de s'exiler dans un moment musical, et de vouloir encore prendre son pied. Après tout, moi je m'exilerais volontiers sous le parapluie d'une chanteuse des années 60.
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
12 avril
Comme un Ed Harcourt, Rufus Wainwright a la foi. Du moins foi en lui, et il sait ce qu'il vénère musicalement, et il sait aussi ce qui le singularise dans le monde de la pop. Il fait donc, plus que jamais, du Rufus Wainwright, avec sa voix nasale et marbrée, aussi pompeuse qu'une statue prématurément dressée. Cet album est le plus radical de Rufus, il est seul à son piano et s'isole dans le style qui l'a fait connaître dès 1998 (il faut que je surveille ma prose à cette seconde, au risque de finir dans les pannes de discussion de Pipotron). Autant j'avais adoré cette fascination arborée pour une notion de grandeur dans le tout premier album (tout emprunt d'une poésie nostalgique qu'on retrouve autant chez Loudon Wainwright que les soeurs McGarrigle), autant j'avais aussi jusqu'ici suivi et apprécié chaque livraison du Canadien qui faisait talentueusement négocier cette notion avec l'air du temps (excepté Want One), autant ici, dans sa radicalité, Rufus Wainwright isole finalement le chromosome de ce qui le rend insupportable. Espérons qu'il nous en débarrasse définitivement, et que ce chromosome ne sorte plus de ce disque qui pourrait, à la rigueur, devenir culte dans une rétrospective discographique du siècle prochain, puisque cet artiste est habité d'une ferveur séculaire.
Moi ce que j'aime chez les statues, ce sont les colliers de feuilles mortes.
Comme un Ed Harcourt, Rufus Wainwright a la foi. Du moins foi en lui, et il sait ce qu'il vénère musicalement, et il sait aussi ce qui le singularise dans le monde de la pop. Il fait donc, plus que jamais, du Rufus Wainwright, avec sa voix nasale et marbrée, aussi pompeuse qu'une statue prématurément dressée. Cet album est le plus radical de Rufus, il est seul à son piano et s'isole dans le style qui l'a fait connaître dès 1998 (il faut que je surveille ma prose à cette seconde, au risque de finir dans les pannes de discussion de Pipotron). Autant j'avais adoré cette fascination arborée pour une notion de grandeur dans le tout premier album (tout emprunt d'une poésie nostalgique qu'on retrouve autant chez Loudon Wainwright que les soeurs McGarrigle), autant j'avais aussi jusqu'ici suivi et apprécié chaque livraison du Canadien qui faisait talentueusement négocier cette notion avec l'air du temps (excepté Want One), autant ici, dans sa radicalité, Rufus Wainwright isole finalement le chromosome de ce qui le rend insupportable. Espérons qu'il nous en débarrasse définitivement, et que ce chromosome ne sorte plus de ce disque qui pourrait, à la rigueur, devenir culte dans une rétrospective discographique du siècle prochain, puisque cet artiste est habité d'une ferveur séculaire.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
4 mai
Richard Julian est un type authentiquement bizarre, tout en ayant sa dose d'ordinaire (vade retro, Pipotron!). Quelque part (à New York, pour être précis, mais aussi Nashville et le Delaware), Julian est le singer songwriter-type. Il ne pouvait rien faire d'autre. Plus singer songwriter, tu meurs. Ne parlez pas de malheur. En écoutant son disque, on est d'abord illuminé, comme on l'a toujours été (bonjour, je m'appelle on) par le talent de cet être humain. Une voix, une guitare, des mots, et hop il vous fait un truc. Il vit avec. Il vit, quoi. Et ça donne des trucs. En l'occurrence, de cette poésie chère aux amateurs du genre - car elle existe, n'en déplaise aux mécréants et aux mous du bulbe. On ne va pas nier que la monotonie est rude dans ce disque, et le défilement de ces chansons. Mais qui a dit que la poésie se dispensait de la monotonie des jours qui passent? Donc, lui, Richard Julian, un type que j'ai eu le plaisir de rencontrer et que j'aime beaucoup, un mec bien, un vrai musicien qui plus est, est de ces baladins condamnés à être baladins, même s'il s'est essayé à des choses novatrices et instrumentalement luxuriantes ou presque par le passé. Il faut peut-être souligner que le manque de moyens peut évidemment justifier cet état de faits: si t'as pas de sous, tu fais du folk. On s'accroche alors à ce bon vieux Freewheelin' Bob Dylan ou son image d'Epinal, à la bohème révolue (révolue? non, elle survivote encore) des Dave Van Ronk. On peut alors tenter d'en tirer l'essentiel: le verbe, la note et les mots justes. C'est tout l'art du truc.
Des singer songwriter's singer songwriters, qu'ils disent. Drôle de destinée. Drôle de vie.
Richard Julian est un type authentiquement bizarre, tout en ayant sa dose d'ordinaire (vade retro, Pipotron!). Quelque part (à New York, pour être précis, mais aussi Nashville et le Delaware), Julian est le singer songwriter-type. Il ne pouvait rien faire d'autre. Plus singer songwriter, tu meurs. Ne parlez pas de malheur. En écoutant son disque, on est d'abord illuminé, comme on l'a toujours été (bonjour, je m'appelle on) par le talent de cet être humain. Une voix, une guitare, des mots, et hop il vous fait un truc. Il vit avec. Il vit, quoi. Et ça donne des trucs. En l'occurrence, de cette poésie chère aux amateurs du genre - car elle existe, n'en déplaise aux mécréants et aux mous du bulbe. On ne va pas nier que la monotonie est rude dans ce disque, et le défilement de ces chansons. Mais qui a dit que la poésie se dispensait de la monotonie des jours qui passent? Donc, lui, Richard Julian, un type que j'ai eu le plaisir de rencontrer et que j'aime beaucoup, un mec bien, un vrai musicien qui plus est, est de ces baladins condamnés à être baladins, même s'il s'est essayé à des choses novatrices et instrumentalement luxuriantes ou presque par le passé. Il faut peut-être souligner que le manque de moyens peut évidemment justifier cet état de faits: si t'as pas de sous, tu fais du folk. On s'accroche alors à ce bon vieux Freewheelin' Bob Dylan ou son image d'Epinal, à la bohème révolue (révolue? non, elle survivote encore) des Dave Van Ronk. On peut alors tenter d'en tirer l'essentiel: le verbe, la note et les mots justes. C'est tout l'art du truc.
Des singer songwriter's singer songwriters, qu'ils disent. Drôle de destinée. Drôle de vie.
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
27 mai 1er juin 22 juin
Trois singer songwriters qui ont sorti de bons albums cette année (contrairement à ce que j'ai pu dire sur le Kim Richey à première écoute), et dont la fréquentation est profondément agréable. Introspective chez Kim et Tift, avec la dose de talent et de sincérité requise pour ce genre d'oeuvre, sans parler du caractère du chant. Chez Sarah, un peu plus d'effort de variété, et une inspiration pop au retour bienvenu (qui n'avait pas été entendue de sa part depuis le beau You Were Here en 2000). Au diable ceux qui ne demandent à la musique que d'être révolutionnaire: ils passeront toujours à côté de tas de choses en voulant accélérer l'Histoire. La chanson, c'est aussi le quotidien, un partage de sentiments, une petite lecture, des paysages, des aquarelles. A creuser.
Trois singer songwriters qui ont sorti de bons albums cette année (contrairement à ce que j'ai pu dire sur le Kim Richey à première écoute), et dont la fréquentation est profondément agréable. Introspective chez Kim et Tift, avec la dose de talent et de sincérité requise pour ce genre d'oeuvre, sans parler du caractère du chant. Chez Sarah, un peu plus d'effort de variété, et une inspiration pop au retour bienvenu (qui n'avait pas été entendue de sa part depuis le beau You Were Here en 2000). Au diable ceux qui ne demandent à la musique que d'être révolutionnaire: ils passeront toujours à côté de tas de choses en voulant accélérer l'Histoire. La chanson, c'est aussi le quotidien, un partage de sentiments, une petite lecture, des paysages, des aquarelles. A creuser.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Cette année, Amy and Eric se sont contentés de nous livrer une collection de reprises de leur cru, de celles qu'ils jouent volontiers en tournée. J'en connais à peine le quart, et pourtant ce sont des classiques. Je découvre, par exemple, le superbe "Walls" signé Tom Petty, et je ne sais même pas sur quel album l'original se trouve.
Donc, au menu, le duo nous propose: "Endless Wire" de Pete Townsend (album?), "Fernando" (excellent, c'est de qui?), "I Get Out of Breath", "Silver Shirt", "Living Next Door to Alice", "Scotland Then & Now"... tous inconnus de moi... Reste qu'ils ouvrent avec "Put a Little Love in Your Heart" de Jackie De Shannon (rien n'aurait pu me faire plus plaisir!), et que se suivent (plages 5 à 7) "Ballad of Easy Rider", "You Tore Me Down" (un Groovies de l'excellent Shake Some Action) et "In My Room".
L'écoute? Excellente, malgré une production barbelée. Car de bonnes chansons restent de bonnes chansons, c'est un peu ici comme si on redécouvrait un vieux Field Recording de l'âge pop punk. Merci, chers Amy and Eric, pour le partage. Let's pick up!
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
"Walls" signé Tom Petty, et je ne sais même pas sur quel album l'original se trouve.
En fait c'est sur la BO du film she's the one (je l'avais vu en son temps, mais aucun souvenir!)
"Endless Wire" de Pete Townsend : ce ne serait pas le titre du dernier album des Who?
"Fernando" (excellent, c'est de qui?) : Abba??
En fait c'est sur la BO du film she's the one (je l'avais vu en son temps, mais aucun souvenir!)
"Endless Wire" de Pete Townsend : ce ne serait pas le titre du dernier album des Who?
"Fernando" (excellent, c'est de qui?) : Abba??
johnny99- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Ah ben ouais, tiens, ABBA: comme quoi ils faisaient de bonnes chansons.
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Tender Forever est le projet musical de Mélanie Valera, une française d'Aquitaine qui fait carrière aux Etats-Unis (je crois), et qui s'exprime en anglais. J'avais déjà eu vent d'Ouest d'elle il y a plusieurs années via un autre disque dont j'ai oublié le titre. Je l'avais trouvé intéressant, mais sans plus. Ce nouvel album s'appelle No Snare, il ne contient que neuf titres et ne dure que 27 minutes. Mais il est magistral, d'une parfaite unité, et est tout simplement un des meilleurs de l'année, aisément dans mon Top 20, probablement dans mon Top 10. Mélanie Valera, anti-cynique par excellence, me parle, d'une part (d'ailleurs son nom artistique est limpide, et convient parfaitement au label K Records, qui abrite quelques groupes twee). D'autre part, son art est parvenu à majesté (évitons la péjorative maturité): le son, les mélodies, l'élévation, la grâce. Le buzz et la hype l'ignorent? Tant mieux: les hyperboles sont pour les buses.
Ohé, oreilles! Oyez, hissez pavillon!
Et bon réveillon.
Hugues- Langue pendue
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Je n'ai rien lu sur la sortie de ce deuxième album de Lucky Soul cette année. Trop rétro, peut-être? Pas davantage que Sharon Jones. Moi je découvre, et c'est une musique extrêmement bien faite, qui a peut-être pour défaut de manquer de mélodies immédiatement accrocheuses (contrairement à The School ou The Like), mais retrouve par contre un remarquable sens de l'artisanat sixties, de la chanson pop rondement confectionnée jusqu'aux moindres veines, étoffée de soul. Lucky Soul est un sextet britannique. La poupée blonde qui chante s'appelle Ali Howard, sa voix a des inflexions très réminiscentes de Lesley Gore. Le mec qui compose les chansons au sein du groupe s'appelle Andrew Laidlaw, et officie aux guitares rythmiques. Le label madrilène Elefant Records a joliment réédité ce Coming of Age en digipack avec un bonus track, un mois après sa première sortie anglaise chez Ruffa Lane.
Vu que je ne cesse de me repasser ce disque sans être capable de choisir une chanson plus qu'une autre, j'en déduis que c'est une merveille. Ultra recommandé aux fans de Dusty Springfield, des Supremes, de Lesley Gore... et plus généralement de pop-soul des années 60.
Vu que je ne cesse de me repasser ce disque sans être capable de choisir une chanson plus qu'une autre, j'en déduis que c'est une merveille. Ultra recommandé aux fans de Dusty Springfield, des Supremes, de Lesley Gore... et plus généralement de pop-soul des années 60.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Shelby Lynne et Allison Moorer doivent se concerter pour leur plan de carrière. Après avoir toutes les deux sorti un album de reprises en 2008, elles sortirent en 2010 un album de singer-songwriter, chacune dans son style. Si Allison obtient le tableau d'honneur pour le pas franchi, en nous surprenant par l'ampleur et la qualité de son Crows, qu'elle domine de son chant majestueux, Shelby nous convainc définitivement dans un registre qu'on lui connaît déjà, celui du songwriter qui griffonne sur sa guitare des petites chansons authentiques et inspirées, dans la plus pure tradition du troubadour américain, nourri aux racines musicales de son pays. En l'occurrence, elle égale Lucinda Williams, quand elle ne la dépasse pas (vu que cette dernière est tombée dans les travers de l'ego: excès, auto-indulgence, etc), bien qu'elle n'en ait pas le frémissant organe vocal. Mais Shelby Lynne, malgré son registre vocal limité, sait être subtile et sonner juste, et c'est parfois ce qui est le plus important, à défaut d'être transcendant. Il faut donner à Shelby Lynne la place qu'elle mérite parmi les meilleurs singer songwriters américains du moment, hommes et femmes confondus. Le fait qu'elle ait un joli minois ne doit distraire aucune oreille attentive. Cette femme sait écrire, composer et chanter. De nombreux aficionados de longue date ne s'y sont jamais trompés. Seulement voilà: cette femme n'est pas un mec, et sera toujours négligée par les auditeurs qui ne jurent que par la musique roots de mecs. Tant pis pour eux. Quand la terre sera débarrassée d'innombrables machos de mes deux, on aura tout loisir de remettre certaines valeurs à leur place.
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Re: Opinions sur quelques sorties de 2010
Pas impossible que Josh Ritter ait sorti le meilleur album de singer songwriter classique cette année, au rayon folk. Je n'ai pas encore écouté tous ses albums (mais j'en ai acheté plusieurs ces derniers mois), mais je connaissais au moins Golden Age of Radio, qui contenait quelques bonnes chansons (dont l'irrésistible "Me & Jiggs"), mais pouvait ennuyer sur la plupart des plages par manque d'accroche mélodique. Entendons-nous bien: je ne suis pas forcément un partisan acharné d'accroches mélodiques directes, mais dans ce cas il faut me proposer une alternative qui me stimule l'oreille, ce qui est le cas pour un Richard Julian, musicien rare et foncièrement original qui propose toujours des recherches harmoniques et sonores complexes en évitant l'ennui (du moins pour moi, qui suis sensible à son style et sa personnalité). Josh Ritter n'est pas quelqu'un de singulier: c'est quelqu'un d'éminemment sympathique et chaleureux, qui convoque de nombreuses influences qui ont façonné son style. C'est quelqu'un qui relaie un héritage avec sensibilité et justesse, quelqu'un qui respecte la tradition, tout en sachant préserver une certaine fraîcheur par son approche, qui nous parvient comme la plus limpide des respirations. Cela n'a probablement jamais été aussi évident que sur cet album, So Runs the World Away. Plutôt que d'évoquer le sempiternel Bob Dylan (qu'on retrouve davantage chez Richard Julian en l'occurrence, mais pas celui du Freewheelin', plutôt celui de Blonde On Blonde et d'après, plus complexe et mature), avec Ritter ce sont pêle-mêle Leonard Cohen, Donovan, Paul Simon, Bruce Springsteen ou même Nick Cave ("The Remnant") qui viennent à l'esprit. Sur le papier, rien de bien excitant ou original peut-être, et pourtant cette synthèse d'influences (ou d'affinités) est supérieure à tout ce que nous ont proposé les modèles ces dernières années, ne serait-ce que pour la diversité qui en résulte (des qualités qu'on peut aussi retrouver chez Ron Sexsmith ou Jeff Tweedy).
Ce ne sont pas les très bonnes chansons qui manquent sur cet opus, à la fois musicalement et parolièrement, et même sur le plan de l'interprétation. La voix de Josh Ritter n'a jamais manqué de chaleur, c'est quelqu'un qu'on pourrait écouter chez soi toute une soirée près de la cheminée. Mais j'ai le sentiment qu'ici il se surpasse. Cette voix rauque peut s'adoucir comme le miel, et obtenir les reflets bleu nuit d'une rivière profonde, où le regard se perd, où les souvenirs affluent. Pour ma part, impossible de ne pas élire "See how man was made" (voir le sujet "Les plus belles chansons de 2010") comme LA chanson de ce disque, même si elle n'illustre pas son panorama, bien que l'atmosphère de la chanson se retrouve en guise d'intro sous le titre "Curtains". Josh Ritter peut en être très fier (il l'est, de son propre aveu), car il transcende ici le songwriting par l'inspiration du chant, et atteint cette chose sublime à laquelle aspirent de nombreux artistes. Le travail de tant d'années, tant de tournées, sur le chemin des notes chantées, qui demandent le sacrifice de la vocation, de la foi, de la petite étoile intime, la lanterne du coeur. Le blues est sur la route: l'homme n'est pas fait pour vivre seul, c'est ce que Ritter confesse dans cette détresse latente, ce hurlement murmuré de loup, qu'est "See how man was made".
Hugues- Langue pendue
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