Chanson française

J'ouvre un sujet sur la chanson française. L'occasion de rappeler une rencontre qu'on peut écouter en MP3 ici.

Où l'on apprend, entre autres, que les trois aimaient les Beatles, et que selon Brel, "Hey Jude" est du Fauré sur un rythme de Charleston...

Hugues a écrit:J'ouvre un sujet sur la chanson française. L'occasion de rappeler une rencontre qu'on peut écouter en MP3 ici.

Où l'on apprend, entre autres, que les trois aimaient les Beatles, et que selon Brel, "Hey Jude" est du Fauré sur un rythme de Charleston...

je suis surpris que cet enregistrement vienne d'une radio canadienne alors que quelque chose de similaire avait été enregistré par Europe1 pendant l'émission "Campus" de Michel Lancelot en 1968 si ma mémoire est bonne
??? les plus anciens de ce forum doivent bien s'en souvenir ??

michel53 a écrit:je suis surpris que cet enregistrement vienne d'une radio canadienne alors que quelque chose de similaire avait été enregistré par Europe1 pendant l'émission "Campus" de Michel Lancelot en 1968 si ma mémoire est bonne
??? les plus anciens de ce forum doivent bien s'en souvenir ??

Il n'y a eu qu'une seule rencontre enregistrée, le 6 janvier 1969. J'ignore pourquoi on n'a que l'enregistrement d'une réception canadienne, c'est sans doute expliqué sur le site.

Hugues a écrit:

michel53 a écrit:je suis surpris que cet enregistrement vienne d'une radio canadienne alors que quelque chose de similaire avait été enregistré par Europe1 pendant l'émission "Campus" de Michel Lancelot en 1968 si ma mémoire est bonne
??? les plus anciens de ce forum doivent bien s'en souvenir ??

Il n'y a eu qu'une seule rencontre enregistrée, le 6 janvier 1969. J'ignore pourquoi on n'a que l'enregistrement d'une réception canadienne, c'est sans doute expliqué sur le site.

.... donc il s'agit bien du même enregistrement diffusé à l'époque par M Lancelot.. enregistré par F.R. Cristiani et J.P. Leloir

On peux en lire l'intégralité sur cette adresse : http://snoopairz.free.fr/

J'ai fait des articles sur ces trois chanteurs, mais il paraît qu'ils sont trop longs pour passer dans xcroads. C'est dommage... Je suis sûr que ça intéresserait certains lecteurs (qui en ont peut-être marre de se farcir Springsteen été comme hiver).

michel53 a écrit:On peux en lire l'intégralité sur cette adresse : http://snoopairz.free.fr/

mais c'est beaucoup mieux de l'écouter, en fait, la transcription écrite est imparfaite, ne donne pas vraiment le ton, l'humeur, rate des petits mots, etc...

Il y a 70 ans, le 1er rocker francais !! Le fou chantant !!



Chanson co-ecrite avec Francis Blanche (oui,celui des tontons flingueurs"touche pas au grisbi,salope!!!" à ne pas confondre avec Black Francis !!)

Dans cette derniere ,il est quand même question d'un suicide mais pourtant,on ne retient que la bonne humeur,la joie de vivre !

Il me semble que si ses chansons etaient tres populaires,lui ne l'etait pas tant que ça.Comme si sa folie etait un peu dérangeante.
Un maitre pour Jacques Higelin(son heritier le plus digne pour Charles Aznavour) et aussi Jonathan Richman.
Une oeuvre qu'on n'a pas fini d'explorer.

BOOM BOOM a écrit:
Il me semble que si ses chansons etaient tres populaires,lui ne l'etait pas tant que ça.Comme si sa folie etait un peu dérangeante.
Un maitre pour Jacques Higelin(son heritier le plus digne pour Charles Aznavour) et aussi Jonathan Richman.
Une oeuvre qu'on n'a pas fini d'explorer.

C'était aussi le Maître pour Brassens qui connaissait toutes ses chansons par coeur, mieux que Trenet lui-même... L'un comme l'autre, mais évidemment Trenet en premier, ont intégré les influences américaines - le jazz surtout - à la chanson française...

On peut aller encore plus loin!

Bonne idée, cette interview du trio mythique, j'avais jamais pensé à y jeter une oreille. J'ai appris que Ferré se comparait à une prostituée, comme Freddie Mercury 15 ans plus tard, et que nos trois génies chansonniers étaient pour le téléchargement avant l'heure : "le disque c'est la mort de la musique", "avant le disque, les gens se transmettaient les chansons". Quant au regard que les trois portent sur la musique anglo-saxonne, il ne m'étonne pas, les artistes sont plus ouverts d'esprit que ceux qui les écoutent. Pour le public de Brel/Brassens/Ferré, le rock, c'est souvent du bruit (encore aujourd'hui). Saviez-vous que l'ami Léo avait failli bosser avec Hendrix (rdv annulé au dernier moment par l'enfant voodoo malade) et qu'il aurait adoré se payer les services de Pink Floyd et de King Crimson (il prit Zoo, faute de mieux) ? Ca fait tomber pas mal d'idées reçues...

Il y a aussi un moment intéressant (quatrième MP3), lorsque Brassens dit: "il n'y a pas de mauvais souvenirs, avec le temps, tout passe très vite..."

On est en janvier 69, et Ferré ne va pas tarder à écrire "Avec le temps". Se serait-il souvenu de cette remarque de Brassens?

C'est peut-être hasardeux de dire ça! Après tout, "avec le temps" est une expression anodine. L'idée est cependant exactement la même.

Et en réécoutant cette interview des années plus tard, l'expression nous retient, parce que la chanson de Ferré est devenue célèbre.

iconoclast a écrit:
Quant au regard que les trois portent sur la musique anglo-saxonne, il ne m'étonne pas, les artistes sont plus ouverts d'esprit que ceux qui les écoutent. Pour le public de Brel/Brassens/Ferré, le rock, c'est souvent du bruit (encore aujourd'hui).

Ne généralisons pas! Je fais partie de ceux qui écoutent Brassens, Brel et Ferré... Et pour les 2 premiers, j'ai commencé avant d'avoir 10 ans...

Je n'ai pas généralisé, j'ai dit "souvent". Moi aussi j'écoute les trois et du rock en même temps... Ce qui frappe dans cette interview, c'est la reconnaissance mutuelle, sincère et pourtant implicite, que se vouent les trois artistes. En ce qui me concerne, j'ai constaté un truc étrange : je me suis toujours senti beaucoup plus proche de Brel et de Ferré, que ce soit au niveau musical ou au point de vue de la personnalité qu'ils laissent transparaître alors qu'en fin de compte, c'est Brassens que j'écoute le plus...

non ne fais pas çà...tu es fou...qu'elle m'a dit mary...bah quelle importance...j'ai acheté il y a 1 an le dernier disque de corbier("tout pour etre heureux"),eh ben j'ai bien aimé.beaucoup plus interessant que ceux qu'on voit (trop) souvent à la télè.

EXTRAIT: (...) ""secouant sa baguette
au troisième elle a dit mon grand
tu seras malhonnete
en plus d'etre sot et méchant
comme tu seras aussi
traitre à tes idées tes amis
tu seras magnifique
en président d' la république(...)
la fée.

____________________________________________

"junior jonson running throug the woods of caroline" -cadillac ranch- bruce springsteen.

iconoclast a écrit:Je n'ai pas généralisé, j'ai dit "souvent". Moi aussi j'écoute les trois et du rock en même temps... Ce qui frappe dans cette interview, c'est la reconnaissance mutuelle, sincère et pourtant implicite, que se vouent les trois artistes. En ce qui me concerne, j'ai constaté un truc étrange : je me suis toujours senti beaucoup plus proche de Brel et de Ferré, que ce soit au niveau musical ou au point de vue de la personnalité qu'ils laissent transparaître alors qu'en fin de compte, c'est Brassens que j'écoute le plus...

Moi c'est de Brassens que je me sens le plus proche au point de vue personnalité, et c'est aussi celui que j'écoute le plus facilement aujourd'hui... Mais musicalement, c'est aussi le plus indémodable des 3.
Il est d'ailleurs intéressant de se souvenir de la manière dont il s'auto-appréciaient. Brassens était très humble, d'une modestie qui n'était pas feinte. Ferré était l'exact contraire, chef d'orchestre contrarié, il avait une haute opinion de lui-même et ne se rendait pas compte que c'était dans la simplicité qu'il était le meilleur. Brel se jugeait "ringard" et s'étonnait de son succès quand quelqu'un de moderne comme Nougaro n'était pas encore reconnu.

très bien vu, Quiet Man

walpurgis a écrit:très bien vu, Quiet Man

Et surtout bien entendu, Walpurgis...

Ce qui est frappant voire choquant, c'est la misogynie des trois hommes dès qu'on aborde le sujet des femmes, même chez Brassens, qui est un peu plus modéré (mais c'est une question de caractère, et d'élégance). On sent quand même, là, que ces êtres pourtant libres, appartiennent à une génération aux idées arrêtées sur les rôles masculins et féminins.

Mais bien sûr, ce sont des êtres qui expriment d'abord une sensibilité particulière. Ferré notamment, est quelqu'un de "blessé", et s'il n'avait vécu dans la blessure, il n'aurait pas écrit ses plus belles chansons, n'en doutons pas une seconde.
Brel lui-même dit volontiers dans d'autres interviews que tout ce qu'il dit sur les femmes est "sujet à caution", qu'il est "passé à côté". Derrière sa misogynie s'exprime aussi une autre idée plus actuelle: la perte de la notion de "paternité". Les nouveaux réactionnaires d'aujourd'hui, qui pensent que les nouvelles générations "maternées" sont devenues molles, doivent se retrouver dans ces propos de Brel, qui dit que l'homme doit garder sa place d'homme. Mais comme il n'est pas à une contradiction près, Brel dit aussi qu'il est lui-même trop féminin pour aimer (ou s'entendre avec) les femmes.

Brassens montre simplement de la méfiance. Il est philosophe, s'abstient de juger, d'offenser, d'émettre des généralités inutiles.

Dans le dialogue général de cette rencontre, c'est à mon avis Brel qui dit les choses les plus intéressantes sur les divers thèmes abordés. Et parfois avec beaucoup d'humour. Au sujet des femmes, si je me souviens bien, il dit "je suis encore trop jeune pour m'exprimer sur la question".

Ironie du sort: c'est lui qui disparaîtra le premier.

j'ai eu la chance inouïe de voir Brel sur scène en 1964, il y a donc 44 ans. Au Casino de Royan. C'était un tout petit bonhomme qui possédait une énergie incroyable, il bondissait sur scène, chantait "Quand j'étais cheval" (un inédit, à l'époque) puis s'immobilisait et murmurait "Le plat pays", très nostalgique, avec un accompagnement très efficace à l'accordéon. Il était très caustique, il fallait le voir chanter "Les bourgeois", ironique et cruel. Ce mec était génial. Il m'a fait découvrir la poésie.

J'ai vu Ferré aussi, à Tours, en 73, je crois. J'y étais allé pour voir Charlebois, qui faisait sa première partie. Ferré n'avait rien de sympathique, il se prenait pour un génie, et comme la plupart des gens qui s'y croient il n'avait aucun génie, juste un petit talent. C'était la grenouille qui veut imiter le Beauf.

Quant à Brassens, c'est un des plus grands poètes du siècle dernier, et un humaniste accompli.

walpurgis a écrit:J'ai vu Ferré aussi, à Tours, en 73, je crois. J'y étais allé pour voir Charlebois, qui faisait sa première partie. Ferré n'avait rien de sympathique, il se prenait pour un génie, et comme la plupart des gens qui s'y croient il n'avait aucun génie, juste un petit talent. C'était la grenouille qui veut imiter le Beauf.

En admettant que tu aies assisté à un mauvais concert vers 73, il existe quand même des disques qui réfutent ton observation.

Rien à dire sur Brel et Brassens partageant les propos de Walpurgis ! Mais sur Ferré, pas d'accord..c'est encore lui que j'écoute le plus souvent (mais ce n'est pas un argument, je sais). Cependant ses textes et sa musique ne méritent pas , me semble-t-il, autant de sévérité ! Et pour avoir pu parler avec lui quelques instants alors que j'étais encore minot, je peux affirmer qu'il fut, ce jour là, très sympathique, de bon conseil et ouvert à un dialogue qui m'est toujours précieux ! Même si ma mémoire est défaillante !

Je le reconnais, je suis de parti pris, concernant Ferré. Pourtant j'ai regardé ses textes de près il y a quelques mois, je suis tombé sur des choses qui m'ont plu, mais j'ai encore du mal à l'apprécier. Je vous prie de m'excuser. C'était peut-être quelqu'un de bien, et je suis passé à côté.

Mais parlons net : je crois que ce qui me gêne le plus, c'est ce pari qu'il fait avec la postérité, quand il prétend qu'il sera encore lu en l'an 3000 (je n'ai pas le texte sous les yeux) alors qu'il me semble évident que dans moins de trente ans il sera complètement oublié, à part deux ou trois textes qui surnageront dans des anthologies.

"Avec le temps", c'est poignant, ça serre le coeur, c'est d'un lyrisme accompli, bien que certaines images viennent de La Chanson du Mal Aimé. Or j'ai toujours eu horreur des plagiaires. Ces gens-là me hérissent. Vous voyez, il y a toujours quelque chose qui me retient quand je parle de Ferré. Même quand j'essaie de dire du bien de ses vers, je suis sévère

walpurgis a écrit:alors qu'il me semble évident que dans moins de trente ans il sera complètement oublié, à part deux ou trois textes qui surnageront dans des anthologies.

C'est le contraire qui me paraît évident, mon cher Walpurgis.

En l'an 3000, je sais pas, mais dans plus de trente ans, aucun doute là-dessus.

Sinon, oui, Ferré est prétentieux dans certaines chansons, mais il faut comprendre cet orgueil. Ferré est quelqu'un de blessé, de sensible, de révolté, de complexe. Ses chansons ne cessent de le souligner. Et c'est cette sensibilité particulière qui lui a fait enregistrer des chansons d'une beauté surnaturelle.

Parmi mes préférées:

La Vie d'artiste
Le Temps du plastique
Est-ce ainsi que les hommes vivent? (sur un poème d'Aragon)
Vingt ans
Pépée
C'est extra
La Mémoire et la mer
La Lettre
Cette blessure
L'Amour fou
La Solitude
Ton style
Tu ne dis jamais rien
Avec le temps
Ne chantez pas la mort (sur un poème de Jean-René Caussimon)
L'Oppression
Richard
Il n'y a plus rien
L'Espoir
Les Oiseaux du malheur
Les Etrangers

walpurgis a écrit:il me semble évident que dans moins de trente ans il sera complètement oublié

Walpurgiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisssss...

Tu as mal compris le sens de ses paroles ! Quand Férré dit qu'il parle pour dans 10 siècles (ce fameux an 10000 qu'il évoque dans plusieurs chansons dont "le chien"), il ne prend pas le pari de sa postérité future mais juste celui que dans 10000 ans, la société sera devenue amour et anarchie et que la corruption de nos démocraties sera morte et enterrée. On peut juste lui reprocher de se prendre pour un visionnaire, mais, n'est-ce pas le rôle du poète d'être "voyant" pour reprendre Rimbaud ?