Numéro 38 - Décembre 2005 ( disponible Jeudi 15 )

V2

Bonjour les petits amis.
Je suis Goof.v2. Le premier était devenu vraiment obsolète (en gros, des idées de vieux con dans un corps de –plus tout à fait, mais un peu quand même- jeune con), alors on l’a balancé à la benne. Je sais qu’il aurait aimé être recyclé, mais ça coûte trop cher. La beauté du geste, ça va cinq minutes, pas vrai ? On se souvient tous de la Crossroads Night. Franchement, n’importe quoi… Car, attention, je ne suis pas le vieux Goof réinitialisé, j’ai été complètement repensé, reconstruit, remodelé, je suis paré à affronter le monde moderne, alors que lui n’était qu’un idéaliste attardé, utopiste décérébré, militant naïf par ailleurs. Un bête crétin, si vous voulez mon avis.
Il est donc sérieusement temps que Crossroads fasse corps avec son temps et oublie un peu ses prétendues hautes idées et ses idéaux. Quelle prétention d’abord de croire qu’une feuille de choux puisse changer quoi que ce soit à la saine révolution en marche ! Quel intérêt à aller à contre-courant alors que suivre gentiment l’histoire en marche est bien plus tranquillisant (pour tout le monde, vous me suivez ?) ?…
Bon, d’abord, ces paginations record, là, c’est n’importe quoi, hein ? Qui a envie de lire 180 ou même 148 pages, c’est à la limite de l’indécence. Et puis ça coûte cher… Nous allons revenir à de plus sages résolutions : une centaine de pages, allez 116, on sera pile poil dans la norme. Ça nous évitera, par ailleurs, les sempiternels remboursements de frais médicaux quand nos (vieux) lecteurs s’amusent à déplacer leur collection d’anciens numéros (pour répondre à un stupide concours, par exemple, vous n’avez vraiment que ça à foutre ? On les met où, vos réponses par sacs entiers ? Qui va les vérifier une par une ? Vous y avez pensé ou vous êtes vous-mêmes aussi inconscients que ce naze de Goof ?) et se retrouvent le dos coincé. Sport national oblige (la délation), qui se retrouve avec les factures de kiné qui s’empilent sur son bureau ? C’est bibi !… Enfin, bibi.v2…
On va également arrêter de tartiner des pages et des pages, vous les lisez, vous, ces interminables papiers de 6, 8 pages, ou plus ? Non. Qui les lit, d’abord ? Un magazine à lire, quelle drôle de conception de la presse, il était vraiment atteint ce Goof. Enfin, bref… Et puis ces rubriques sur des disques ou des films que personne n’a jamais entendus ou vus, qui peut-être n’existent que dans les fantasmes des anciens rédacteurs de cette revue… Car oui, on change aussi d’équipe. L’ancien Goof leur a laissé trop de liberté, ces mecs se croient vraiment chez eux, ici, qu’ils aillent tous au diable !… Depuis quand la passion et le plaisir de faire découvrir, de partager, suffisent-ils à la publication d’un article ou d’une interview ?…
Aujourd’hui, c’est donnant-donnant, pas donnant… juste donnant ! Vous saisissez la nuance ? Je m’explique… Pourquoi ne verrions-nous que le plaisir égoïste d’une poignée de rédacteurs et en vague ligne de mire celui de quelques milliers de lecteurs ? Après tout, la presse musicale a toujours (bien) vécu en refourguant tout et n’importe quoi, personne n’a jamais trouvé à y redire, que je sache. Nous aussi, nous allons désormais trouver un parfait équilibre (financier, surtout… Vous y avez pensé à ma retraite ? Moi oui…) entre sujets attractifs (contre de la pub, par exemple, ou de beaux voyages de presse, de préférence au soleil) et absence totale de prise de risques (dans nos couvertures notamment. Nous n’oublierons pas les sujets découvertes, hein, un bon sujet découverte étant un sujet découverte bien vendu, article 8 tiret 6 du petit guide parfait de l’éditeur repu, guide offert par n’importe quelle banque Suisse qui se respecte). Fort logiquement, vous aurez droit aussi au Crossroads sampler, un échantillon représentatif des objectifs de nos amies les maisons de disques. Pour cet été, on hésite entre le maillot de bain jetable (évidemment à l’effigie de votre revue préférée) ou l’intégrale des aventures de Christophe Lemaire au pays de Noos. Si vous avez une préférence, écrivez-nous, mais on fera de toute façon ce qu’on veut. Et ne comptez pas sur moi pour répondre à votre courrier, mais je l’enverrai à l’ancien Goof. De sa retraite anticipée, il n’aura sans doute que ça à foutre de vous répondre. Pas moi.

Da Brand New Goof