Numéro 54 - Mai 2007 ( disponible le Mardi 15 )
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Numéro 54 - Mai 2007 ( disponible le Mardi 15 )
Brazil Connection
Magazines sous contrôle (a Larry Cohen special tribute)
Il y a de cela trois ou quatre jours, j’avançais péniblement dans un dédale de couloirs du métro, pour rejoindre je ne sais plus quelle correspondance, au milieu d’une foule forcément pressée, tête baissée, qui regardait ses pieds et semblait fonctionner au radar. À un moment arrive de loin le bourdonnement d’un vieil air d’accordéon (ambiance cabaret, années 30 du siècle passé)… L’air se rapproche ou plutôt c’est moi qui m’en approche, jusqu’au moment où je distingue, entre deux nuées de secrétaires et autres employés sous l’emprise de l’iPod, l’accordéoniste, un vieil homme usé de la tête aux pieds (vieilles godasses antédiluviennes). Par terre, une veste rouge probablement volée à Spirou en 1937 et, dessus, entre quatre plis, quelques pièces. À l’instant précis où j’arrive à la hauteur du musicien, celui-ci me fixe, me sourit à moitié (dans la mesure où il ne lui reste qu’une ratiche sur deux !) et change subrepticement de chanson pour démarrer le thème de… Brazil !
Même inventée, cette historiette serait jolie ; or, elle est rigoureusement vraie ! Franchement, je ne sais pas si vous croyez au hasard, aux coïncidences, au destin ou, que sais-je, simplement que certaines choses ou personnes viennent à vous et non l’inverse, mais c’est assez curieux à vivre. Comme derrière j’enquillais sur une bonne quinzaine de stations, à la ‘vitesse’ légendaire du métro parisien, j’ai eu le temps de remonter le temps, même jusqu’à mon premier fanzine, pour me rendre compte que, finalement, mon quart de siècle d’écriture (ouais, quand même, mais j’ai commencé jeune !) n’était constellé que d’expériences de ce type.
Je vais vous donner un seul exemple, typique, tous étant plus ou moins identiques, même si les tenants et les aboutissants demeurent différents à chaque fois. C’était il y a trois ans. Albert Dupontel m’avait demandé de réaliser un documentaire pour les dix ans de Bernie. J’avais donc une liste d’artistes (Robin Williams, Terry Gilliam, Jean-Pierre Jeunet…) à rencontrer, interviewer, etc. Ce jour-là, on faisait un aller-retour rapide à Londres pour filmer Terry Jones chez lui (la mythique maison où répétaient les Monty Python !), départ vers midi, retour fin d’aprem’. Du serré-serré donc. Arrivés Gare du Nord, impossible de récupérer un billet à temps : le réseau informatique est en panne et on ne peut donc transformer nos e-tickets en tickets tout court et, pour couronner le tout, il n’y a qu’un guichet d’ouvert… sur huit ! Mon cameraman frôle la crise de nerfs et me la joue mine déconfite : le prochain train est dans deux heures, on n’aura jamais le temps de bosser correctement, etc. Je lui réponds que, depuis toujours, quand il m’arrive quelque chose d’apparemment négatif, c’est toujours finalement, un coup de pouce du destin déguisé. Il soupire, lève les yeux au ciel, me prend visiblement encore plus pour un illuminé que ce qu’il pensait de prime abord et se réfugie dans un steak frites peu ragoûtant. Nous prenons donc le train suivant, descendons l’escalator vers le quai et, sur ce quai… je me retrouve nez à nez avec Johnny Depp !… Depp dont justement j’avais perdu la trace et qu’il me fallait voir pour un projet ciné. Incroyable, mais vrai !…
Et bon an, mal an, des anecdotes comme celle-ci, j’en accumule un plein caddie. Tiens, en y réfléchissant, je me demande si cet accordéoniste brazilien, ça ne pourrait pas être le Dieu des Chouquettes, descendu ici-bas pour me délivrer un message. Ça pourrait se tenir. Même que l’absence d’une bonne partie de ses dents s’expliquerait par la surconsommation de sucre (sur les chouquettes donc), ayant entraîné caries puis arrachages. Tout ceci est vraiment d’une logique irréfutable…
Ce qui m’amène forcément à la question cruciale : mince, faut-il que j’arrête les chouquettes ?
Christophe Goffette
Magazines sous contrôle (a Larry Cohen special tribute)
Il y a de cela trois ou quatre jours, j’avançais péniblement dans un dédale de couloirs du métro, pour rejoindre je ne sais plus quelle correspondance, au milieu d’une foule forcément pressée, tête baissée, qui regardait ses pieds et semblait fonctionner au radar. À un moment arrive de loin le bourdonnement d’un vieil air d’accordéon (ambiance cabaret, années 30 du siècle passé)… L’air se rapproche ou plutôt c’est moi qui m’en approche, jusqu’au moment où je distingue, entre deux nuées de secrétaires et autres employés sous l’emprise de l’iPod, l’accordéoniste, un vieil homme usé de la tête aux pieds (vieilles godasses antédiluviennes). Par terre, une veste rouge probablement volée à Spirou en 1937 et, dessus, entre quatre plis, quelques pièces. À l’instant précis où j’arrive à la hauteur du musicien, celui-ci me fixe, me sourit à moitié (dans la mesure où il ne lui reste qu’une ratiche sur deux !) et change subrepticement de chanson pour démarrer le thème de… Brazil !
Même inventée, cette historiette serait jolie ; or, elle est rigoureusement vraie ! Franchement, je ne sais pas si vous croyez au hasard, aux coïncidences, au destin ou, que sais-je, simplement que certaines choses ou personnes viennent à vous et non l’inverse, mais c’est assez curieux à vivre. Comme derrière j’enquillais sur une bonne quinzaine de stations, à la ‘vitesse’ légendaire du métro parisien, j’ai eu le temps de remonter le temps, même jusqu’à mon premier fanzine, pour me rendre compte que, finalement, mon quart de siècle d’écriture (ouais, quand même, mais j’ai commencé jeune !) n’était constellé que d’expériences de ce type.
Je vais vous donner un seul exemple, typique, tous étant plus ou moins identiques, même si les tenants et les aboutissants demeurent différents à chaque fois. C’était il y a trois ans. Albert Dupontel m’avait demandé de réaliser un documentaire pour les dix ans de Bernie. J’avais donc une liste d’artistes (Robin Williams, Terry Gilliam, Jean-Pierre Jeunet…) à rencontrer, interviewer, etc. Ce jour-là, on faisait un aller-retour rapide à Londres pour filmer Terry Jones chez lui (la mythique maison où répétaient les Monty Python !), départ vers midi, retour fin d’aprem’. Du serré-serré donc. Arrivés Gare du Nord, impossible de récupérer un billet à temps : le réseau informatique est en panne et on ne peut donc transformer nos e-tickets en tickets tout court et, pour couronner le tout, il n’y a qu’un guichet d’ouvert… sur huit ! Mon cameraman frôle la crise de nerfs et me la joue mine déconfite : le prochain train est dans deux heures, on n’aura jamais le temps de bosser correctement, etc. Je lui réponds que, depuis toujours, quand il m’arrive quelque chose d’apparemment négatif, c’est toujours finalement, un coup de pouce du destin déguisé. Il soupire, lève les yeux au ciel, me prend visiblement encore plus pour un illuminé que ce qu’il pensait de prime abord et se réfugie dans un steak frites peu ragoûtant. Nous prenons donc le train suivant, descendons l’escalator vers le quai et, sur ce quai… je me retrouve nez à nez avec Johnny Depp !… Depp dont justement j’avais perdu la trace et qu’il me fallait voir pour un projet ciné. Incroyable, mais vrai !…
Et bon an, mal an, des anecdotes comme celle-ci, j’en accumule un plein caddie. Tiens, en y réfléchissant, je me demande si cet accordéoniste brazilien, ça ne pourrait pas être le Dieu des Chouquettes, descendu ici-bas pour me délivrer un message. Ça pourrait se tenir. Même que l’absence d’une bonne partie de ses dents s’expliquerait par la surconsommation de sucre (sur les chouquettes donc), ayant entraîné caries puis arrachages. Tout ceci est vraiment d’une logique irréfutable…
Ce qui m’amène forcément à la question cruciale : mince, faut-il que j’arrête les chouquettes ?
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