Réflexions

Ces derniers temps, je me fais régulièrement deux observations apparemment contradictoires, sur la détermination de mes préférences musicales:

1) Je ne cerne mes préférences que durant l'écoute (d'une chanson ou d'un album, qu'importe), ou immédiatement après, en sortant du "bain auditif", pour ainsi dire. Je veux dire que j'ai l'impression de les cerner avec plus de certitude, du moins, en tout cas avec plus de clairvoyance, et surtout la fraîche compréhension, et appréhension (au sens de "saisir") sensorielle des causes.

2) Mes préférences peuvent être subconscientes et se révéler par delà l'analyse, par la grâce de la mémoire seule. Je peux ne pas du tout aimer une chanson en l'écoutant, et en garder cependant un souvenir séduisant. Ce souvenir séduisant trahirait une préférence qui m'échappe, dont je n'ai su prendre pleinement conscience au présent, durant l'écoute, simplement parce que la faculté d'analyse est inapte, ou la clairvoyance défaillante, que sais-je. Par contre, ma mémoire a enregistré le truc, et me permet d'en reconsidérer l'appréciation perceptive, dix, vingt ou trente ans plus tard! Toute perception ne serait ainsi qu'une interprétation.

Hugues, ça donne quoi en version sous-titrée?

Je me suis exprimé en français, Quiet Man.

Quiet Man a écrit:Hugues, ça donne quoi en version sous-titrée?

je crois que ça donne quelque chose comme "parfois j'aime bien pendant, d'autres fois j'aime bien après, ça dépend"

C'est vrai qu'il y a des musiques qui me plaisent d'emblée (et dont je peux à la longue me lasser d'ailleurs), et d'autres bien plus tard (et ce n'est pas valable que pour la musique), mais, dans l'ensemble, je fais confiance aux érections de mon système pileux, ça m'évite de me demander pourquoi j'aime telle ou telle chose (j'aurai peut-être peur, dans ce cas, que mes raisons ne soient pas toujours valables)...

Merci pour cette honnête contribution à ce sujet de réflexion, iconoclast. Ton pseudo m'est bien sympathique, d'ailleurs.

dkelvin a écrit:je crois que ça donne quelque chose comme "parfois j'aime bien pendant, d'autres fois j'aime bien après, ça dépend"

Ah, c'est curieux, en fait quand on sait lire, on voit bien que mon texte d'origine soulève bien plus d'idées que ça. Au moins on est fixé sur tes propres facultés d'analyse.

Ta 2ème réflexion ne ressemblerait-elle pas à ce que l'on nomme "l'inconscient collectif"?

Je me suis mis à avoir en tête l'autre jour une horreur entendue, enfant, au mi-temps des années 70, croyant même qu'il s'agissait de Polnareff, le titre? rue St Ferreol (une rue de Marseille) par un certain Guy Matteoni! (j'ai retrouvé son nom sur le web par la suite)

Personne, autour de moi, ne s'en souvenait, je leur en ai prouvé l'existence!

Je vous défie de me trouver la chanson en écoute complète et gratuite sur le net (ça n'en vaut d'ailleurs absolument pas la peine!)

johnny99 a écrit:Ta 2ème réflexion ne ressemblerait-elle pas à ce que l'on nomme "l'inconscient collectif"?

Je me suis mis à avoir en tête l'autre jour une horreur entendue, enfant, au mi-temps des années 70, croyant même qu'il s'agissait de Polnareff, le titre? rue St Ferreol (une rue de Marseille) par un certain Guy Matteoni! (j'ai retrouvé son nom sur le web par la suite)

Personne, autour de moi, ne s'en souvenait, je leur en ai prouvé l'existence!

Je vous défie de me trouver la chanson en écoute complète et gratuite sur le net (ça n'en vaut d'ailleurs absolument pas la peine!)

Non, je ne crois pas que ma deuxième réflexion ait un rapport avec ce qu'on appelle l'inconscient collectif, mais plutôt avec le propos de ton message par contre, du moins en partie: la ressource incroyable de notre mémoire! Laquelle nous permet éventuellement de nous remettre en question, car elle enregistre l'immuable quand nos facultés d'appréciation, elles, évoluent constamment.

J'ai eu cette expérience avec Astral Weeks de Van Morrison, par exemple. Je l'ai réapprécié de mémoire dix ans plus tard, alors que j'avais revendu le disque, et que je n'étais pas parvenu à l'apprécier lorsque je l'écoutais concrètement. En rachetant le CD, je savais déjà que j'allais l'apprécier à sa juste mesure, si tant est qu'on puisse affirmer qu'on ne se trompe pas en aimant (autre sujet de réflexion, évitons de nous éparpiller!).

Et j'ai racheté Chrominance Decoder d'April March que je n'avais pas su vraiment apprécier en 1999, un brin rebuté par le côté artificiel, trop calculé, ou "formule". Mais j'en ai gardé un souvenir séduisant, et le décor musical d'un morceau comme "Mignonette" est demeuré captivant à mes oreilles, pas très loin de celui d'un Sean O'Hagan (High Llamas).