La féminité

Il est un humour indéniablement féminin.

Amy Rigby ouvrait pour Ellis Paul à la Pomme d'Eve. Elle chanta une huitaine de chansons. Le public était majoritairement composé du public d'Ellis Paul qui suivait fidèlement sa tournée, la plupart des couples anglophones, dont les fans étaient surtout des hommes accompagnés par leur femme. Je devais être le seul "fan" d'Amy Rigby dans l'assistance. Après avoir brièvement présenté Amy à l'audience, je me suis assis au premier rang, près d'un jeune couple acquis à la cause d'Ellis, du moins le jeune homme. Près de moi était assise sa compagne, une fort jolie brune. Amy était une découverte pour tout le monde. Amy commença à chanter ses chansons... et durant une des premières chansons, je vis cette jolie brune rire à gorge déployée. Une des rares à rire ouvertement, dans cette petite cave intime du moyen-âge. Les autres ne riaient pas ou peu, ni moi d'ailleurs (je sais qu'Amy pratique l'ironie dans ses chansons, mais je ne ris jamais à gorge déployée en l'écoutant). Mais la brune à côté, là, qui ne connaissait pas Amy, n'avait pas l'air de regretter d'être venue.

Dans cette connection instantanée entre Amy et cette spectatrice de hasard accompagnant son ami venu voir Ellis Paul, j'ai compris qu'il existait un humour féminin. J'étais personnellement ravi, ravi de constater que j'aimais une artiste pour, entre autres, des subtilités qui m'échappaient.

Je crois que rien n'est plus appréciable que l'imprévu. Un imprévu toutefois subodoré, tant ce qui m'intéresse demeure ce qu'il me reste à saisir.

Lorsqu'on découvre une terre inconnue par les airs, on n'en aperçoit que de grossiers sillons. Puis on s'approche, et les sillons se précisent. Parfois même, on tombe des nues.