2003

Si vous aimez la guitare, voilà un incontournable in my humble opinion...

excellent, Hugues, merci pour ces images et ces sons.

Il y a des disques comme ça qui, même si trop monotones sur la longueur, subsistent par leur charme et la poésie d'un sifflotement nu, de canari esseulé dans la lumière blafarde d'une cuisine, sur "All the Morning Birds". Rien que cette chanson rend ce disque précieux et rare, et annonce le charme des disques suivants. Jolie Holland est parvenue à saisir, à la façon des enregistrements des années 20, les frissons de l'air qu'on respire, la pureté vibrante d'une rasade d'hiver, l'odeur d'une lucarne, la couleur d'une fenêtre, la blancheur d'un plafond, la solitude d'une plinthe, le bonheur d'ennui mêlé d'un après-midi d'automne ou de printemps, les feuilles jaunies d'un parc, le soliloque du promeneur, le bredouillement du pouls, la vérité de la vie, la rumeur d'une rue, l'angle d'un alcôve, le repli d'une impasse, le recoin d'une âme, le parfum d'un détour.

Est-ce que parfois, toutes vos sensations, confusément mêlées, et qualifiées d'ineffables bien qu'intensément gaies, ne semblent pas se concentrer dans un chant d'oiseau, insouciance du ciel allégeant votre subconscient?

Mais celui de "All the Morning Birds" est orphelin (jolie façon de dire "seul"), et ne rayonne que de façon pâle, comme dans le tableau d'un peintre rêvant sa bohême.

La frontière entre la vraie vie et le filet des sensations? L'impression qu'on a rêvé sa vie? Le flot des souvenirs rattrapant une réalité imaginaire. Eternel présent.