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1961

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Message  Hugues Sam 27 Oct - 15:54

Mes "enregistrements" (et non "chansons") préférés:




  1. PATSY CLINE - I Fall to Pieces
  2. SOLOMON BURKE – Just Out of Reach (of my Two Open Arms)
  3. JEAN RITCHIE – Hangman
  4. THE PARIS SISTERS - I Love How You Love Me
  5. ROY ORBISON – Running Scared
  6. BEN E. KING – Stand By Me
  7. THE SHIRELLES – Baby It’s You
  8. ELMORE JAMES – Shake Your Moneymaker
  9. THE MARVELETTES – Please Mr Postman


Dernière édition par le Sam 16 Fév - 20:02, édité 3 fois
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Message  dkelvin Sam 27 Oct - 23:43

En 1961 je crois me souvenir que ma chanson préférée était "Santiano" d'Hughes... Aufray. Hissez haut, Santiaaaano mat
Tiens c'est son grand come back à Aufray ( goss avant son go down au frais ?)

:nunu: TU SORS ON T'A DIT

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Message  Hugues Jeu 16 Avr - 16:42

1961 E803400eu19

Sur une chanson de cet album publié en avril, intitulée "Les Oubliettes" (fourmillant de rimes en "ette"), on trouve les paroles suivantes:

Dans chaque guinguette
J'ai cherché Juliette
Je n'ai je regrette
Que trouvé Margot

De ces amourettes
Que l'on pique-pockette
Sous sa chemisette
J'en ai plein le dos.

L'année suivante, en décembre 62, Brassens publie son 9ème 25cm, contenant la chanson "Les Amours d'antan".

1961 Dsc33t2512

Extrait:

Moi mes amours d'antan c'était de la grisette
Margot la blanche caille et Fanchon la cousette
Pas la moindre noblesse, excusez-moi du peu
C'étaient me direz-vous des grâces roturières
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière
Mon prince on a les dames du temps jadis qu'on peut

Les rimes en "ette", la mention de Margot, tout cela laisse à penser que Brassens répondait à Gainsbourg. Quand il dit "mon prince on a les dames du temps jadis qu'on peut", ce prince, c'est un peu Gainsbourg. Car Gainsbourg, avec "j'en ai plein le dos", semble bien se plaindre de ne pas trouver "le grand amour". Mais avec cette merveilleuse chanson qu'est "Les Amours d'antan", Brassens semble lui répondre que "ces amourettes" ont leur noblesse (tout est dans la façon de les vivre, avec la sensibilité du poète "des choses mineures", dans la lignée de Paul Verlaine et Paul Fort - que Brassens chanta - et récita - si bien). C'est du moins ce que j'ai toujours ressenti en filigrane. On retrouvera ce thème de "l'amourette" dans "Sale petit bonhomme" de Brassens (1969):

Faut voir à pas confondre amour et bagatelle
A pas trop mélanger la rose et l'Immortelle
Qu'il nous a dit en se sauvant
A pas traîter comme une affaire capitale
Une petite fantaisie sentimentale
Plus de crédit dorénavant

Cette fois Brassens semble plus amer, mais il conclut:

Ma mie ne prenez pas ma complainte au tragique
Les raisons qui ce soir m'ont rendu nostalgique
Sont les moins nobles des raisons
Et j'aurais sans nul doute enterré cette histoire
Si pour renouveler un peu mon répertoire
Je n'avais besoin de chansons

Bref, Brassens dit qu'il ne fait que des chansonnettes...

Et moi de continuer d'estimer qu'en filigrane, les chansonnettes de Brassens sont celles d'un poète. "Un poète mineur, mais un poète quand même", disait Brassens lui-même.

Mais une question se pose alors: qu'est-ce qu'un poète majeur?

Est-ce que la vie est majeure? Est-ce qu'on vit sur le mode majeur? Est-ce que la notion d'oeuvre majeure n'est pas qu'une vue de l'esprit? Est-ce que cette notion n'est pas tout simplement de la gonflette, ou un manque de savoir-vivre? Quelle profondeur trouve t-on dans l'ambition ou la prétention d'un piédestal de pierre?


Dernière édition par Hugues le Jeu 16 Avr - 20:55, édité 1 fois
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Message  Hugues Jeu 16 Avr - 17:16

On retrouve aussi ce thème de l'amourette - passagèrement - chez Léo Ferré dans "Ma vieille pèlerine", sur son album de 1962

1961 1962

A l'âge où l'on fait des béguins
Sans qu'ça vous coûte le moindre sou
Moi j'caressais le p'tit lapin
Que j'trouvais à mes rendez-vous

T'étais tout gris comme l'illusion
Quand l'illusion a changé d'nom
Et qu'elle s'allume comme une tristesse
Sous la vérité qui nous blesse

Et là il faut admettre qu'on atteint une autre dimension... Les quatre derniers vers, il faut les relire plusieurs fois pour seulement commencer à les comprendre. Inutile de dire que ce n'est pas n'importe quoi.
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Message  Hugues Lun 20 Avr - 16:44

1961 10364

Grande figure du blues de Memphis, Furry Lewis n'avait pas sorti de disque depuis plus de trente ans lorsque le mouvement revival le redécouvrit au début des années 60, et l'incita à réenregistrer son répertoire.

Lewis n'était pas aveugle, mais estropié (ayant perdu une jambe à l'âge de dix-sept ans). Back On My Feet Again est un titre qui ne manque donc pas d'humour. Peut-être portait-il désormais une prothèse (il a apparemment ses deux pieds sur la pochette).

Le fait que Lewis fut estropié détermina sa carrière dans la musique. Son accès à d'autres sortes d'emplois était très limité. Pour jouer du blues, on peut rester assis, se concentrer sur le pouvoir de l'expression. Peut-être est-ce aussi pourquoi on trouve tant de grand bluesmen aveugles: ils pouvaient diffcilement faire autre chose. Chez nous en Europe, ce furent les accordeurs de pianos.

Toujours est-il qu'en écoutant ses enregistrements des années 20, j'ignorais qu'il ne chantait qu'avec une seule jambe. Est-ce que cela peut s'entendre? Je me le demande sincèrement. Car je disais que je ne savais pas expliquer ce qui me touchait chez lui (je l'ai écrit ici-même), que j'aimais sa façon de chanter. Sa façon de chanter est estropiée. On dirait qu'il chante avec des lèvres blessées, désabusées. Avez-vous déjà observé les tableaux de Chaïm Soutine, ou Maurice Utrillo?

On chante - ou pleure - avec sa chair, avec son corps.

Les enregistrements de Furry Lewis en 61 sont très agréables à écouter. Peut-être un poil moins magiques que dans les années 20, mais toujours forts, avec la même voix, la même slide. Un deuxième LP paraîtra la même année, Done Changed My Mind.

1961 10374

Bémol expressément ajouté: ne faisons pas non plus l'erreur de réduire Furry Lewis à un chanteur estropié (permettez que je me nounoie). Furry Lewis est aussi un excellent guitariste. Pas technique, non: tout en émotion. Un bluesman, quoi.
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Message  Hugues Jeu 23 Avr - 21:25

1961 S430680

Face A:

Ta parole
Nous deux
Les femmes
Cannes-la-braguette
La gueuse
Les temps difficiles

Face B:

Les parisiens
Chanson pour elle
Est-ce ainsi que les hommes vivent?
Vingt ans
Thank you, Satan
Y’en a marre

Ce disque, que mes parents possédaient en vinyle (sans la pochette d'album, égarée sans doute), est un des vrais chefs d'oeuvre de Ferré. En cette année 61, Ferré est entre le style ancien - sur lequel il surfe depuis plus de dix ans ("ta parole", "les femmes", "les parisiens"), avec talent déjà, et un grain de poésie (celle des rues) et celui, plus personnel, qu'il développera dans les années 70. La synthèse est magistrale, le verbe est bouleversant. Ferré peut rendre hommage à une noblesse qui se perd ("Chanson pour elle") avec une ferveur qui impose le respect, comme il peut rendre hommage aux putains dans un halo de fumée, d'une émotion profonde, avec ce piano chagrin déambulant jusqu'au fond de la nuit ("La gueuse"). Il peut, en brocardant les travers de son temps, faire hurler de rire ("Cannes-la-Braguette"), ou faire sourire au gré d'une ironie amère ("Les temps difficiles"). Enfin, et c'est pourquoi il eut ses inconditionnels (ceux de l'ombre le plus souvent, car comme disait Baudelaire, "nous ne sommes, ni vous ni moi, assez bêtes pour mériter le suffrage universel"), il sait faire de ses concerts quelque chose d'inoubliable, en laissant surgir de sa présence, par ailleurs statique, une énergie prenante. Ce récital à l'Alhambra (bien supérieur à celui de Bobino huit ans plus tard si vous voulez mon avis, en dépit d'une qualité de répertoire moins imposante) ne fera pas exception à la règle: Ferré interprète Aragon ("Est-ce ainsi que les hommes vivent?") de façon renversante, avec ce piano d'après-guerre d'un lyrisme à couper le souffle, aux allures d'un Chopin fiévreux et emporté. Et quel orateur, ce Ferré! On n'en fait plus, des comme ça. A lui seul il nous rappelle à une poésie révolue, le poids des mots, à n'en jamais plus lire Aragon de la même façon, comme lorsqu'un ciel change soudainement de couleur. Le public n'a même pas fini d'applaudir - longuement - cette prouesse, que surgit l'intro de "Vingt ans" sur un sax engorgé de chagrin. Ferré chante son poème d'un trait, et termine en larmes. S'ensuit le Baudelairien "Thank you, Satan", et l'invective "Y'en a marre", plus subversive qu'un concert de Johnny Hallyday, en ce sens où si personne ne casse les chaises, on sort du "spectacle" en ayant envie de prendre la Bastille, ou quelque chose de ce genre. Ainsi l'air de la rue a un parfum de liberté plus mûr.
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Message  Hugues Mar 19 Mai - 18:59

Hugues a écrit:Ferré interprète Aragon ("Est-ce ainsi que les hommes vivent?") de façon renversante, avec ce piano d'après-guerre d'un lyrisme à couper le souffle, aux allures d'un Chopin fiévreux et emporté. Et quel orateur, ce Ferré! On n'en fait plus, des comme ça. A lui seul il nous rappelle à une poésie révolue, le poids des mots, à n'en jamais plus lire Aragon de la même façon, comme lorsqu'un ciel change soudainement de couleur.