Jil Caplan - nouvel album

Oui je réagissais à une énième sournoiserie de ta part à propos de la qualification "country gothique" proposée par un forumeur que tu n'as pas arreté de dénigrer le long de ce topic-soit d'après toi "le bobard d'un chroniqueur encore à coté de la plaque"...

Les deux termes accolés peuvent en effet surprendre...Qu'y a t'il de commun entre le "gothique" qui véhicule un pan de culture érudite et européenne et une musique de paysans encaissée dans un terroir et dont le seul horizon culturel est la connaissance de la Bible...Entre des mélodies compliquées et noyées sous des volts tortueux aux décibels denses jouées par des jeunes gens modernes et concernés et...une musique de ploucs dont la seule ambition est de vendre le plus de disques pour se construire une piscine en forme de guitares (enfin ça la country vu par le jacobinisme parisien)...Dans les manifestations gothiques les plus belles, une forme de reverie mélancolique, un glissement dans le non-etre...Contre les harmonies primitives et grossières de ploucs en sequedins...

J'ai essayé de m'en expliquer le précédent post...Pour prolonger et cela demanderait un long développement, je pense qu'une certaine country véhicule aussi une poussée d'affectivité romantique qui se retrouve dans l'esthetique "gothique"...
Que le gothique, c'est aussi un élément ténébreux que la culture musicale sudiste a aussi interprété à sa manière...La Country a véhiculé toutes les tares d'une race en convoquant toutes les peurs du fond des ages-enfin une certaine forme de folkore qui se retrouve dans ses confluences à la source du "gothique" (la peur de Dieu, du Diable, de l'inconnu)...

Une manifestation spectaculaire sur le plan musical stricto sensu se trouve réalisée dans le deuxième album de Gun Club "Miami"...A la fois Jeffrey Lee Pierce convoque un certain folklore country (des citations de Jimmie Rodgers parsèment ce disque) qu'il mele à une modernité étouffante, palpable et lourde, à l'aspect "métallique" qui est contemporain des productions "gothiques" de cette époque.
David Eugene Edwards, le type des 16th Horsepower superpose aussi sur un canevas country et une thématique éminemment américaine (la préoccupation du Salut) une tension rythmique et une sonorité rugueuse qui ménagent assez d'espace dans ses disques pour le passage des ombres, dans une tonalité éminemment "gothique", qui ne cède en rien au ténébreux de tel Siouxsie And The Banshees...

Enfin tout ceci est bien passionnant, il mériterait d'etre discuté ad vitam...Mon intervention était pretexte parce qu'en tant que lecteur extérieur, je trouvais fatigant que tu mettes autant de zèle à dénigrer Hugues...Tu n'as pas besoin de cela, ce que tu dis sur la Musique est en général excellent...

Je crois savoir que Hugues a arrété sa collaboration avec le magazine...Pour ma part je le regrette...Je me rappele entre autre de son excellent dossier consacré à Wilco, la meilleure chose que j'ai jamais pu lire sur ce groupe...Encore ce qu'il disait sur la Carter Family ici meme en dit long sur ce que ce critique peut avoir de de point de vue passionné et passionnant...
Maintenant tu te retrouves avec un mag qui consacre 10 pages sur l'album de reprises parfaitement anecdotique de Patti Smith et qui expédie en 3 lignes en une critique hallucinante le dernier disque des Kings Of Leon, certes pas complètement réussie mais dont les propositions musicales ouvre le plus d'horizon...
Enfin bon comme ça au passage mais c'est un autre sujet.