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Robert Altman

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Message  parispal Mer 22 Nov - 11:20

http://www.liberation.fr/culture/cinema/_files/file_218525_27768.jpg

Je pense que Fanny a comme moi apprécié la présence de Lyle Lovett dans ...

Libé de ce matin. Edouard Waintrop

C'est avec M.A.S.H. que Robert Altman, qui est mort lundi à Los Angeles, à l'âge de 81 ans, est soudain devenu célèbre en 1969-70. Le bonhomme avait déjà 44 ans et cinq longs métrages derrière lui. Autant dire qu'il était fait, même si le cinéaste était encore en devenir. Altman est né en 1925 à Kansas City, dans le Missouri, dans la capitale d'un Middle West teinté de Sud, lieu de naissance d'un certain jazz orchestral dont Count Basie fut le phénomène. De tout ceci, le cinéaste saura se souvenir quand il tournera un film justement appelé Kansas City , soixante et onze ans plus tard.

En attendant, le jeune Bob, fils de bonne famille, a suivi une éducation chez les pères jésuites, puis des études supérieures d'ingénieur à l'université du Missouri. Il a aussi fait un bout de la guerre du Pacifique, comme pilote d'un bombardier B54. Après la victoire, il ne sera jamais ingénieur. Il écrit des pièces radiophoniques et des embryons de scripts qu'il essaie de fourguer aux major companies à Hollywood. Deux d'entre eux sont acceptés et réalisés, l'un par l'illustre Richard Fleisher ( Bodyguard, en 1948), l'autre par le moins connu Edwin Martin ( Christmas Eve, en 1947).
Palme d'or. Bob Altman retourne un temps chez lui à Kansas City pour y diriger des petits films industriels. En 1955, il passe enfin à son premier long métrage de fiction, ce sera The Delinquents , qui ne sera distribué que deux ans plus tard. Il réalise ensuite, avec son vieux complice George W. George, The James Dean Story , le premier documentaire sur la star qui vient de disparaître. La période qui suit sera celle de la télévision. Alfred Hitchcock l'engage pour mettre en scène quelques épisodes de sa série Alfred Hitchcock Presents . En 1969, il signe That Cold Day in the Park , que Jean-Loup Bourget, spécialiste du réalisateur (1), considère comme «sa première oeuvre personnelle» . Le succès (et quel succès !) ne viendra qu'avec le film suivant, M.A.S.H., une farce militaire qui, même si elle se passe en Corée dans les années 50, évoque la guerre du Vietnam dans laquelle l'armée américaine s'embourbe. En fait, Altman n'aurait hérité du scénario après le refus de quatorze autres réalisateurs. Bien lui en a pris. Outre des millions d'entrées dans le monde, le film recevra la palme d'or à Cannes en 1970.

Déstructurer. La suite de sa carrière est assez passionnante. Notamment parce que l'on ne sait jamais à l'avance si le prochain Altman sera une réussite ou une daube. John MacCabe , qu'il réalise en 1972, est un western déstructuré avec une volonté de ne pas suivre la loi du genre, de critiquer et même de démolir le code classique. Altman y démontre aussi une grande capacité à assembler une mosaïque, un récit et une galerie de portraits. Et enfin à diriger des acteurs à forte personnalité : Warren Beatty, Julie Christie et tous les seconds rôles y sont formidables.
Le Privé , alias The Long Goodbye , est une adaptation intéressante du livre de Chandler (2). Altman s'est visiblement régalé à filmer la démarche lente, l'humour particulier et la mélancolie décontractée d'Elliott Gould, acteur alors en vogue. Il l'a confronté à une silhouette de légende comme celle de Sterling Hayden (ex Johnny Guitar ). Une fois de plus, il a essayé de repenser les codes d'un genre très défini.

Dans Thieves Like Us (Nous sommes tous des voleurs) , il arrive à retrouver l'esprit des années 30, celles de la Grande Crise, et à nous émouvoir avec une histoire d'amour, ce qui sera rare chez lui. Même si le film n'arrive pas à la hauteur de son modèle, les Amants de la nuit , le chef-d'oeuvre de Nicholas Ray, il vaut toujours le coup d'être vu ou revu.

Tous ces titres ne sont en fait que les préfaces du grand film, celui qu'il met en scène en 1975, Nashville : 24 personnages principaux, anonymes ou célèbres, chanteurs ou spectateurs, se croisent pendant cinq jours, le temps que dure un festival de musique country. L'habileté d'Altman à casser son récit, à multiplier les protagonistes, à les disperser et à les rassembler, à nous faire sentir ce qui se passe entre eux, sa capacité à rendre aussi le temps qui passe, font ici merveille. Un critique a écrit qu'Altman ne savait pas raconter simplement une histoire mais qu'il s'y entendait comme personne pour recréer une atmosphère. Il a à moitié tort. L'ambiance est magistralement rendue, et l'histoire, aussi complexe soit-elle, est tissée de main de maître.

«Beaucoup de drogues.» Par la suite, Robert Altman n'atteindra plus ces sommets. La fin des années 70 le voit tourner comme un dératé des films inégaux qui ne rencontrent, la plupart du temps, aucun succès auprès du public ni auprès de la critique. Les amabilités qu'il déverse sur les responsables des studios («Ce type était un véritable enculé [...] c'est un gros plus pour notre industrie qu'il ne soit plus là», déclarait-t-il à Peter Biskin à propos du producteur Don Simpson, mort subitement en 1996) lui taillent une réputation d'emmerdeur picolant sec.

La tête dans le sac, il retrouve une crédibilité sur le marché grâce à Popeye, en 1980, avec Robin Williams ( «Il y eut beaucoup de drogues, beaucoup de cocaïne sur ce tournage. Tout le monde avait le nez dans la poudre», racontera Altman, provoquant Disney qui lui avait commandé le film).

Les années 80 seront assez pénibles. Il ne regagnera la première division qu'avec The Player (1992), une réjouissante charge contre ce Hollywood qu'il n'a cessé de défier dans ses scénarios et ses mises en scènes. Short Cuts (1993), où il retrouve le cinéma choral (avec des tas d'acteurs épatants, de Jack Lemmon à Frances McDormand, de Tom Waits à Julianne Moore) saisit bien l'atmosphère irréelle de Los Angeles. Sa construction encore une fois savante permet de rendre un peu de ce désespoir quotidien qui irrigue les nouvelles de Raymond Carver, dont le film est une adaptation.

Dans Kansas City (1996), on le sent très concerné par l'histoire qu'il raconte et surtout par l'atmosphère qu'il recrée, retour sur les lieux de son enfance.

Huit mois avant sa mort, Robert Altman avait affirmé vouloir tourner pendant encore quarante ans, assurant devant le parterre de la cérémonie des Oscars qui venait de le récompenser pour l'ensemble de sa carrière que ce trophée était «peut-être arrivé trop tôt» .

(1) Altman , de Jean Loup Bourget (éditions Ramsay poche).
(2) D'abord traduit en français sous le titre Sur un air de navaja dans la Série Noire avant de retrouver son vrai titre, The Long Goodbye, il y a quelques années, à l'occasion d'une nouvelle édition.
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Message  fucking axel Mer 22 Nov - 17:46

parispal a écrit:http://www.liberation.fr/culture/cinema/_files/file_218525_27768.jpg

Je pense que Fanny a comme moi apprécié la présence de Lyle Lovett dans ...

Libé de ce matin. Edouard Waintrop

C'est avec M.A.S.H. que Robert Altman, qui est mort lundi à Los Angeles, à l'âge de 81 ans, est soudain devenu célèbre en 1969-70. Le bonhomme avait déjà 44 ans et cinq longs métrages derrière lui. Autant dire qu'il était fait, même si le cinéaste était encore en devenir. Altman est né en 1925 à Kansas City, dans le Missouri, dans la capitale d'un Middle West teinté de Sud, lieu de naissance d'un certain jazz orchestral dont Count Basie fut le phénomène. De tout ceci, le cinéaste saura se souvenir quand il tournera un film justement appelé Kansas City , soixante et onze ans plus tard.

En attendant, le jeune Bob, fils de bonne famille, a suivi une éducation chez les pères jésuites, puis des études supérieures d'ingénieur à l'université du Missouri. Il a aussi fait un bout de la guerre du Pacifique, comme pilote d'un bombardier B54. Après la victoire, il ne sera jamais ingénieur. Il écrit des pièces radiophoniques et des embryons de scripts qu'il essaie de fourguer aux major companies à Hollywood. Deux d'entre eux sont acceptés et réalisés, l'un par l'illustre Richard Fleisher ( Bodyguard, en 1948), l'autre par le moins connu Edwin Martin ( Christmas Eve, en 1947).
Palme d'or. Bob Altman retourne un temps chez lui à Kansas City pour y diriger des petits films industriels. En 1955, il passe enfin à son premier long métrage de fiction, ce sera The Delinquents , qui ne sera distribué que deux ans plus tard. Il réalise ensuite, avec son vieux complice George W. George, The James Dean Story , le premier documentaire sur la star qui vient de disparaître. La période qui suit sera celle de la télévision. Alfred Hitchcock l'engage pour mettre en scène quelques épisodes de sa série Alfred Hitchcock Presents . En 1969, il signe That Cold Day in the Park , que Jean-Loup Bourget, spécialiste du réalisateur (1), considère comme «sa première oeuvre personnelle» . Le succès (et quel succès !) ne viendra qu'avec le film suivant, M.A.S.H., une farce militaire qui, même si elle se passe en Corée dans les années 50, évoque la guerre du Vietnam dans laquelle l'armée américaine s'embourbe. En fait, Altman n'aurait hérité du scénario après le refus de quatorze autres réalisateurs. Bien lui en a pris. Outre des millions d'entrées dans le monde, le film recevra la palme d'or à Cannes en 1970.

Déstructurer. La suite de sa carrière est assez passionnante. Notamment parce que l'on ne sait jamais à l'avance si le prochain Altman sera une réussite ou une daube. John MacCabe , qu'il réalise en 1972, est un western déstructuré avec une volonté de ne pas suivre la loi du genre, de critiquer et même de démolir le code classique. Altman y démontre aussi une grande capacité à assembler une mosaïque, un récit et une galerie de portraits. Et enfin à diriger des acteurs à forte personnalité : Warren Beatty, Julie Christie et tous les seconds rôles y sont formidables.
Le Privé , alias The Long Goodbye , est une adaptation intéressante du livre de Chandler (2). Altman s'est visiblement régalé à filmer la démarche lente, l'humour particulier et la mélancolie décontractée d'Elliott Gould, acteur alors en vogue. Il l'a confronté à une silhouette de légende comme celle de Sterling Hayden (ex Johnny Guitar ). Une fois de plus, il a essayé de repenser les codes d'un genre très défini.

Dans Thieves Like Us (Nous sommes tous des voleurs) , il arrive à retrouver l'esprit des années 30, celles de la Grande Crise, et à nous émouvoir avec une histoire d'amour, ce qui sera rare chez lui. Même si le film n'arrive pas à la hauteur de son modèle, les Amants de la nuit , le chef-d'oeuvre de Nicholas Ray, il vaut toujours le coup d'être vu ou revu.

Tous ces titres ne sont en fait que les préfaces du grand film, celui qu'il met en scène en 1975, Nashville : 24 personnages principaux, anonymes ou célèbres, chanteurs ou spectateurs, se croisent pendant cinq jours, le temps que dure un festival de musique country. L'habileté d'Altman à casser son récit, à multiplier les protagonistes, à les disperser et à les rassembler, à nous faire sentir ce qui se passe entre eux, sa capacité à rendre aussi le temps qui passe, font ici merveille. Un critique a écrit qu'Altman ne savait pas raconter simplement une histoire mais qu'il s'y entendait comme personne pour recréer une atmosphère. Il a à moitié tort. L'ambiance est magistralement rendue, et l'histoire, aussi complexe soit-elle, est tissée de main de maître.

«Beaucoup de drogues.» Par la suite, Robert Altman n'atteindra plus ces sommets. La fin des années 70 le voit tourner comme un dératé des films inégaux qui ne rencontrent, la plupart du temps, aucun succès auprès du public ni auprès de la critique. Les amabilités qu'il déverse sur les responsables des studios («Ce type était un véritable enculé [...] c'est un gros plus pour notre industrie qu'il ne soit plus là», déclarait-t-il à Peter Biskin à propos du producteur Don Simpson, mort subitement en 1996) lui taillent une réputation d'emmerdeur picolant sec.

La tête dans le sac, il retrouve une crédibilité sur le marché grâce à Popeye, en 1980, avec Robin Williams ( «Il y eut beaucoup de drogues, beaucoup de cocaïne sur ce tournage. Tout le monde avait le nez dans la poudre», racontera Altman, provoquant Disney qui lui avait commandé le film).

Les années 80 seront assez pénibles. Il ne regagnera la première division qu'avec The Player (1992), une réjouissante charge contre ce Hollywood qu'il n'a cessé de défier dans ses scénarios et ses mises en scènes. Short Cuts (1993), où il retrouve le cinéma choral (avec des tas d'acteurs épatants, de Jack Lemmon à Frances McDormand, de Tom Waits à Julianne Moore) saisit bien l'atmosphère irréelle de Los Angeles. Sa construction encore une fois savante permet de rendre un peu de ce désespoir quotidien qui irrigue les nouvelles de Raymond Carver, dont le film est une adaptation.

Dans Kansas City (1996), on le sent très concerné par l'histoire qu'il raconte et surtout par l'atmosphère qu'il recrée, retour sur les lieux de son enfance.

Huit mois avant sa mort, Robert Altman avait affirmé vouloir tourner pendant encore quarante ans, assurant devant le parterre de la cérémonie des Oscars qui venait de le récompenser pour l'ensemble de sa carrière que ce trophée était «peut-être arrivé trop tôt» .

(1) Altman , de Jean Loup Bourget (éditions Ramsay poche).
(2) D'abord traduit en français sous le titre Sur un air de navaja dans la Série Noire avant de retrouver son vrai titre, The Long Goodbye, il y a quelques années, à l'occasion d'une nouvelle édition.

L'un des réalisateurs que j'affectionne depuis toujours, ça m'a touché hier de l'apprendre..il avait 88 ans, il a bien vécu mais on a tendance à souhaîter que ça dure toujours, le plus tard possible!
sa disparition me procure la même émotion lors de la mort de cookie dans l'un de ces derniers films: cookie's fortune. Il aimait la zic, il faisait souvent tourner ses acteurs sur de la musique et à ce propos, la musique lui inspirait les images inoubliables projetées sur la grande toile chérie! ivre de zic et d'images! ça plane pr Robert!
Son dernier film s'appelle The Last Show..c'est la fin d'une époque, une belle alchimie nostalgique entre plusieurs médias! une page se tourne..mais comme hurlait les poumons de Freddy mercury "The Show Must Go On"
fucking axel
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