Les années 50
2 participants
Page 1 sur 1
Les années 50
Hugues a écrit:Il commence à devenir un maître en 1950: Hank Williams. Il sort un 45 tours avec une régularité métronomique, tous les deux mois. Il accouche d'une chanson par mois, quoi. Parfois les paroles sont de lui, parfois non, là n'est pas vraiment l'essentiel: l'essentiel est ce qu'il en fait, en termes d'interprétation, et de maîtrise cardiaque des ingrédients de cette forme musicale appelée country music, ou plus spécifiquement chez Hank, le "honky tonk". Hank Williams est là, et on reviendra toujours à sa musique comme à une source vive, pour nous rappeler à la fondamentalité de l'émotion canalisée en chanson, avec tant d'intensité que cette chanson en devient plus vivante que la vie, exactement comme chez Jacques Brel.
L'assimilation des ingrédients rythmiques et sonores est aussi, chez Hank, celle d'un maître. Il a tout compris au pouvoir de la chanson, exactement comme un écrivain qui aurait tout compris au pouvoir de la prosodie, comme en parlait si bien Baudelaire dans une ébauche de préface aux Fleurs.
Hugues- Langue pendue
- Nombre de messages : 10809
Age : 55
Localisation : Manosque
Date d'inscription : 05/04/2005
Re: Les années 50
Trois LPs des années 50 de la chanteuse de jazz Lee Wiley ont été réédités en un seul CD par la série Collectors' Choice chez Sony. Night in Manhattan (pochette originale ci-dessus) en est le premier. Ce sont des standards late-night typiques du Manhattan de l'époque. Musique voluptueuse, agréable, chaude, confortable, parfait par exemple par ce temps de chien qui vente et flotte actuellement aux fenêtres.
Là, il ne s'agit plus vraiment de choisir des chansons, la formule étant toujours sensiblement la même, une humeur bluesy, une ballade lente. Là il s'agit plutôt de tourner autour de l'étoffe d'un chant. Et Lee Wiley est sans aucun doute une de mes chanteuses de jazz préférées, du moins celle des années 50. La voix: une gorgée de riche et féminine élégance qui descend dans vos entrailles. Un spleen léger qui s'habille. Pour affronter la misère de la pluie, on sort l'imper et le parapluie: la civilisation est déjà du savoir-vivre. Un savoir-vivre qui se pare d'allure.
Peut-être que Lee Wiley me fait l'effet que Sinatra fait aux dames.
Hugues- Langue pendue
- Nombre de messages : 10809
Age : 55
Localisation : Manosque
Date d'inscription : 05/04/2005
Re: Les années 50
Jackie Brenston et Ike Turner enregistrent ce morceau à Memphis le 5 mars 1951, dans le studio du jeune producteur Sam Phillips. Celui-ci vend la chanson à Chess Records, qui l'édite en single en avril, sous le nom de « Jackie Brenston & his Delta Cats », avec Come Back Where You Belong sur la face B. Deux autres titres, enregistrés le même jour, sont crédités à « Ike Turner & The Kings of Rhythm ».
Les spécialistes disent qu'il s'agit premier titre de rock n roll
Mais je viens de lire que le morceau était fortement inspiré par un autre, paru en 1947 :
On peut aller loin comme ça!!
Les spécialistes disent qu'il s'agit premier titre de rock n roll
Mais je viens de lire que le morceau était fortement inspiré par un autre, paru en 1947 :
On peut aller loin comme ça!!
johnny99- Langue pendue
- Nombre de messages : 2158
Date d'inscription : 25/05/2005
Re: Les années 50
Ouaip, je crains qu'on ne parvienne jamais vraiment à déterminer d'où vient le rock'n'roll - je veux dire: pas d'un morceau en particulier, mais plutôt d'une mouvance musicale en évolution avec la technique et son potentiel sonore. Le boogie vient de loin. Tout rythme up tempo peut venir de loin (le bluegrass, le swing).
Si on situe l'essence du rock'n'roll à une tendance au vacarme venu d'une guitare électrique, John Lee Hooker fut un pionnier. Ce qu'il fait avec sa guitare (ses 45t se présentaient d'ailleurs sous le nom de "John Lee Hooker & his Guitar") dès 1948 n'a rien d'harmonieux, Hooker a une approche rythmique, et le rythme chez lui est quelque chose de brut. Il en résulte quelque chose de secouant, qui choque les tympans, quelque chose d'anti-confortable en quelque sorte.
Bref, le rock'n'roll est une musique sauvage.
Je ne vais pas tarder à y venir, puisque qu'un coffret intitulé Rockin' Bones (et sous-titré 1950's punk and rockabilly) m'attend (entre autres!).
Mais je vais d'abord dire un mot sur Kitty Wells (entre autres!), sage chanteuse country tirée à quatre épingles et six cordes de steel guitar...
Si on situe l'essence du rock'n'roll à une tendance au vacarme venu d'une guitare électrique, John Lee Hooker fut un pionnier. Ce qu'il fait avec sa guitare (ses 45t se présentaient d'ailleurs sous le nom de "John Lee Hooker & his Guitar") dès 1948 n'a rien d'harmonieux, Hooker a une approche rythmique, et le rythme chez lui est quelque chose de brut. Il en résulte quelque chose de secouant, qui choque les tympans, quelque chose d'anti-confortable en quelque sorte.
Bref, le rock'n'roll est une musique sauvage.
Je ne vais pas tarder à y venir, puisque qu'un coffret intitulé Rockin' Bones (et sous-titré 1950's punk and rockabilly) m'attend (entre autres!).
Mais je vais d'abord dire un mot sur Kitty Wells (entre autres!), sage chanteuse country tirée à quatre épingles et six cordes de steel guitar...
Hugues- Langue pendue
- Nombre de messages : 10809
Age : 55
Localisation : Manosque
Date d'inscription : 05/04/2005
Re: Les années 50
Avant de dire quelques mots sur Kitty Wells (les raisons pour lesquelles elle me touche, me charme, m'enchante, me bouleverse...), un petit clin d'oeil à Jean Rhume (dont l'absence est regrettable en tout lieu):
Jean Rhume, je te dédie mes modestes louanges sur Kitty Wells, c'est à toi qu'elles s'adressent, et au beau monde des goûts et des couleurs!
Une des plus belles idées de ma vie fut d'avoir acheté le coffret Bear Family, regroupant tous les enregistrements de Kitty jusqu'à 1958.
L'autre belle idée fut de l'avoir écouté.
Une autre belle idée serait peut-être de partager l'écoute d'une chanson.
J'ai envie de dire que tout est dans son chant ici:
C'est simplement dans la corde de cette voix tendue et tremblante, qui prolonge l'émotion (ou une sorte de blessure au coeur si vous voulez) de quelques secondes. Ce n'est pas juste une voix qui se contente de tenir la note, ou d'être "stridente". Cette voix est la vibration-même du coeur.
Ceci étant dit, je comprends très bien qu'on puisse ne pas s'y faire, y être allergique, c'est une affaire d'approche, d'épiderme, donc Jean Rhume je te rassure: tout va bien.
Avec Hank Williams, le chant est poignant. Avec Kitty, cette émotion est plus délicate, et s'échappe fluettement, furtivement, aigrement, aigrelettement... par la fenêtre entr'ouverte, comme dans une Ariette oubliée.
Jean Rhume a écrit:ACHO a écrit:Quelques incontournables de la country classique, voici trois compilations que je recommande vivement...
Kitty Wells (années 50)
Il faut vraiment être givré pour penser à acheter un disque pareil...
Jean Rhume, je te dédie mes modestes louanges sur Kitty Wells, c'est à toi qu'elles s'adressent, et au beau monde des goûts et des couleurs!
Une des plus belles idées de ma vie fut d'avoir acheté le coffret Bear Family, regroupant tous les enregistrements de Kitty jusqu'à 1958.
L'autre belle idée fut de l'avoir écouté.
Une autre belle idée serait peut-être de partager l'écoute d'une chanson.
J'ai envie de dire que tout est dans son chant ici:
C'est simplement dans la corde de cette voix tendue et tremblante, qui prolonge l'émotion (ou une sorte de blessure au coeur si vous voulez) de quelques secondes. Ce n'est pas juste une voix qui se contente de tenir la note, ou d'être "stridente". Cette voix est la vibration-même du coeur.
Ceci étant dit, je comprends très bien qu'on puisse ne pas s'y faire, y être allergique, c'est une affaire d'approche, d'épiderme, donc Jean Rhume je te rassure: tout va bien.
Avec Hank Williams, le chant est poignant. Avec Kitty, cette émotion est plus délicate, et s'échappe fluettement, furtivement, aigrement, aigrelettement... par la fenêtre entr'ouverte, comme dans une Ariette oubliée.
Hugues- Langue pendue
- Nombre de messages : 10809
Age : 55
Localisation : Manosque
Date d'inscription : 05/04/2005
Re: Les années 50
On peut dire qu'il y avait du beau linge dans les années 50, dans tous les genres musicaux: jazz, blues, country, music hall, chanson française, rhythm'n'blues, pop... mais ce qui me captive le plus reste le rock'n'roll, dont ce coffret 4 CDs retrouve assez l'état d'esprit:
Hugues- Langue pendue
- Nombre de messages : 10809
Age : 55
Localisation : Manosque
Date d'inscription : 05/04/2005
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|