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Laurent78
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Message  Hugues Mar 27 Nov - 0:05

Ouais, ça m'a pris d'un seul coup ce soir, par jeu... Je me suis lancé ce petit défi: quels sont les 100 disques que je garderais aujourd'hui? (la question à la con!)

Pour pas manquer de trop de choses que j'aime, je choisis cent artistes/groupes différents.

Voici donc ce qui m'est précieux:

TOP 100

1. Frederic Chopin - ?
2. Louis Armstrong – The Best of the Hot 5 & Hot 7 Recordings
3. The Carter Family – Wildwood Flower
4. Blind Willie McTell – The Definitive
5. Mississippi John Hurt – Avalon Blues: the Complete 1928 Okeh Recordings
6. The Boswell Sisters – Shout, Sister, Shout !
7. Billie Holiday - Gold
8. Hank Williams – The Original Singles Collection... Plus
9. Charlie Parker – Yardbird Suite (the ultimate collection)
10. Lightnin’ Hopkins – Blues Masters: the very best of
11. Elmore James – The Sky Is Crying: the History of
12. Kitty Wells – God’s Honky Tonk Angel
13. Peggy Lee – Black Coffee
14. Skeeter Davis – The Essential
15. Sarah Vaughan – with Clifford Brown
16. George Jones – The Best of
17. Otis Rush – The Classic Cobra Recordings
18. The Shirelles – 25 All-Time Greatest Hits
19. Ben E. King – The Very Best of
20. Patsy Cline – 12 Greatest Hits
21. Shirley Collins – False True Lovers
22. Jacques Brel – Les Bourgeois
23. Lou Christie & the Tammys – Egyptian Shumba (singles and rare recordings)
24. Dionne Warwick – Her All-Time Greatest Hits
25. The Ronettes – The Best of
26. Georges Brassens – Les Copains d’abord
27. The Shangri-Las – Myrmidons of Melodrama
28. Barbara – n° 2
29. The Beatles – Rubber Soul
30. Bob Dylan – Highway 61 Revisited
31. The Kinks – Face to Face
32. Otis Redding – Dictionary of Soul
33. Aretha Franklin – I Never Loved a Man the Way I Love You
34. Tim Hardin - 2
35. Françoise Hardy – Ma jeunesse fout l’camp
36. Love – Forever Changes
37. Bobbie Gentry – The Delta Sweete
38. Van Morrison – Astral Weeks
39. Jackie DeShannon – Put a Little Love in Your Heart
40. Nick Drake – Five Leaves Left
41. Fairport Convention - Unhalfbricking
42. Townes Van Zandt – Our Mother the Mountain
43. The Velvet Underground - st
44. Scott Walker - 4
45. John Lennon – Plastic Ono Band
46. Joni Mitchell – Ladies of the Canyon
47. Loudon Wainwright III - st
48. The Flamin’ Groovies – Teenage Head
49. Randy Newman – Sail away
50. Iggy & the Stooges – Raw Power
51. Judee Sill – Heart Food
52. The Modern Lovers - st
53. Steve Young – Renegade Picker
54. Blondie – Plastic Letters
55. Mink DeVille - Cabretta
56. Television – Marquee Moon
57. Terry Allen – Lubbock (on everything)
58. The B-52’s - st
59. The Cramps – Psychedelic Jungle
60. The Gun Club – Fire of Love
61. Stevie Ray Vaughan – Texas Flood
62. Christine Lavin – Beau Woes & other problems of modern life
63. Talulah Gosh - Backwash
64. Throwing Muses - st
65. The Jesus & Mary Chain - Darklands
66. The Pastels – A Truckload of Trouble
67. Pixies - Doolittle
68. Robin Holcomb - st
69. Kelly Willis – Bang Bang
70. John Campbell – Howlin’ Mercy
71. Cub – Come Out, Come Out
72. Iris DeMent – My Life
73. Dar Williams – The Honesty Room
74. Fred Eaglesmith – Drive-in Movie
75. Amy Rigby – Diary of a Mod Housewife
76. Joy Lynn White – The Lucky Few
77. John Cunningham – Homeless House
78. Billy Joe Shaver - Victory
79. Lucinda Williams – Car Wheels on a Gravel Road
80. Freakwater – End Time
81. Mary Gauthier – Drag Queens in Limousines
82. Ron Sexsmith - Whereabouts
83. Wilco - Summerteeth
84. Laura Cantrell – Not the Tremblin’ Kind
85. Neko Case – Furnace Room Lullaby
86. Jenifer Jackson - Birds
87. Amy Allison – Sad Girl
88. Patty Griffin – 1000 Kisses
89. Nina Nastasia – The Blackened Air
90. Joe Pisapia - Daydreams
91. Anny Celsi – Little Black Dress & Other Stories
92. Devon Sproule – Upstate Songs
93. Julie Doiron – Goodnight Nobody
94. Ana Egge – Out Past the Lights
95. Annie Gallup – Pearl Street
96. Sam Phillips – A Boot & a Shoe
97. Jill Sobule – Underdog Victorious
98. Rachel Ries – For You Only
99. Jolie Holland – Springtime Can Kill You
100. Niobe – White Hats

Notes: y'aurait beaucoup à dire sur mes choix (vous pensez bien que certains furent cruels, entre certains artistes que j'ai dû laisser sur le côté - au hasard: Léo Ferré, Alejandro Escovedo - et les albums choisis au détriment d'autres du même artiste/groupe...), mais je tiens juste à dire ceci pour commencer: je n'ai pas été capable de mentionner une oeuvre particulière de Chopin (j'en aime beaucoup, et je n'ai pas eu l'occasion de les réécouter...), ni un interprète en particulier. Disons, un disque avec les quelques Etudes (l'intitulée Tristesse et l'intitulée Révolutionnaire) par Vladimir Horowitz, ça devrait pas être dégueu. Tout ce que je sais, c'est que j'admire Chopin, c'est un mélodiste qui m'a toujours profondément touché. Et puis c'est le seul musicien "classique" de ma liste (tant qu'à en choisir un, je choisis un poète du piano - mon instrument préféré...).

Ah, autre chose: l'ordre est chronologique, pas préférentiel. Je suis assez marteau pour choisir 100 disques, mais faut quand même pas déconner! geek


Dernière édition par le Sam 5 Jan - 17:31, édité 2 fois
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Message  Laurent78 Mar 27 Nov - 0:34

Que serait Crossroads sans son faiseur de liste.

Non c'est vrai, parler d'un chanteur, c'est tellement mal vu on dirait. Faut qu'il soit incorporé dans quelque chose, sinon aucun intérêt ... Mr. Green
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Message  Sphere Mar 27 Nov - 3:08

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Message  johnny99 Mar 27 Nov - 11:32

En tout cas, bravo pour l'effort!
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Message  Hugues Mar 27 Nov - 20:44


Je constate qu'il y a aussi peu de choix communs entre vous et moi qu'entre la plupart d'entre vous, hormis quelques classiques.

Comme quoi la musique est très riche, et nos choix toujours partisans (souvent inconsciemment), selon nos premières amours musicales, et les explorations qui en ont découlé de fil en aiguille.
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Message  Hugues Sam 29 Déc - 12:48



2. Louis Armstrong – The Best of the Hot 5 & Hot 7 Recordings
6. The Boswell Sisters – Shout, Sister, Shout !
7. Billie Holiday - Gold
9. Charlie Parker – Yardbird Suite (the ultimate collection)
13. Peggy Lee – Black Coffee
15. Sarah Vaughan – with Clifford Brown

Pour commenter mon Top 100, je vais procéder par genre de musique. Ainsi dans l'univers du jazz, j'ai fait les six choix ci-dessus.

Armstrong, c'est une compile des années 20, recommandée par les spécialistes. C'est peu dire que je n'ai pas été déçu. Si ça n'avait été lui, ç'aurait été Duke Ellington, qui a aussi fait des choses d'une poésie infinie dans les années 20. Mais Armstrong, c'est encore plus irrésistible, car enraciné dans le New Orleans. Ecouter ces Hot 5 et Hot 7, le nom de ses formations (quintette puis septette), c'est remonter à la charpente de la magie musicale. Les soli de trompette, les parties de piano, et les fantaisies vocales de Louis, tout cela est inimitable, et immortel. Aussi fondamental que l'arrivée de Charlie Chaplin et des Beatles dans le vingtième siècle.

Les Boswell Sisters, c'est le meilleur trio vocal de tous les temps (allons-y carrément!). La perfection de leur harmonies, la façon dont les voix sonnent ensemble, et leur synchronicité (synchronisme?) dans des rythmes toujours virevoltants, sans parler du son et de l'esprit de ces enregistrements des années 30, tout cela est source inépuisable d'enchantement.

Billie Holiday? Evidemment le premier artiste du monde du jazz à m'avoir touché, et bouleversé. Elle est au-delà du jazz, Billie. C'est "de l'âme pour l'âme", comme écrivait Rimbaud. Billie c'est une voix qui craque, qui miaule, qui pleure, mais qui trouve aussi une petite lucarne d'insouciance, les yeux vers le ciel. Un maigre rayon sur le malheur. C'est aussi un rythme ralenti, bancal, où le blues s'infiltre, par je ne sais quelle blessure. Je n'ai écouté aucun album original de Billie, alors j'ai choisi la compile achetée cette année (ou celle d'avant). Jusque-là, je n'avais qu'une autre compile achetée il y a dix ans, un CD-Livre (conçu par Jazz Magazine, je crois).

Charlie Parker: s'il n'en fallait qu'un, au rayon du jazz instrumental... Je suis l'heureux possesseur d'une double anthologie Rhino, achetée d'occasion (car épuisée et hors de prix aujourd'hui), un magnifique objet, qui ressemble à un recueil de poésie, sauf que dedans c'est des perles de sueur, de nuits blanches, d'errance, de blues, de soli agiles et cohérents qui ne perdent jamais le fil de l'harmonie, tout en explorant la tessiture de l'instrument. Parker, c'est (j'espère ne pas dire de conneries - n'étant pas un spécialiste tout ce que je dis sur le jazz est sujet à caution) l'extrême du bop avant l'arrivée du free jazz. Je ne suis pas fana de free jazz, bien que j'aime Ornette Coleman et Machin Aler. J'aime bien Miles Davis (avant le free), mais rien ne m'a bouleversé chez lui, ni chez Coltrane d'ailleurs.

Peggy Lee, c'est pas franchement du jazz, même si elle a commencé dans le swing classique avec Benny Goodman dans les années 40 (des enregistrements plutôt médiocres, à mon avis). C'est un cas à part, Peggy Lee, puisqu'elle a touché à tous les genres ou presque, avec un bonheur inégal. Tout étant affaire de circonstances, de hasard, de rencontres, d'époque, d'âge et de conjonction d'astres, il se trouve que la belle blonde avait l'organe idéalement voilé et velouté dans les années 50 pour faire du swing sensuel de rêve, comme une Billie Holiday d'ouate. Quand l'une, noire à une époque où il ne faisait pas bon l'être (encore que la douleur soit un indéniable moteur créatif, mais c'est un autre débat), avait le slow-swing blafard de la déchéance comme une aube pantelante, l'autre ralentissait ce swing vers un luxe, un calme et une volupté que Baudelaire entrevoyait dans ses Paradis Artificiels.

Sarah Vaughan enfin, EST la plus grande chanteuse de jazz. Techniquement supérieure à Ella Fitzgerald, avec moins de brio mais beaucoup plus de profondeur. Sarah peut vous arracher des larmes par le seul timbre de sa voix, sans passer par la dimension de la fatalité de la vie (contrairement à Billie Holiday). Sarah Vaughan, c'est la chanteuse pure, qui accède aux voies les plus secrètes de nos émotions par l'Art seul. Elle serait un peu au jazz ce que Mallarmé fut à la poésie (excusez-moi, j'adore dire des conneries). Donc, niveau jazz vocal, ce disque with Clifford Brown (une sublime collaboration entre la chanteuse et le trompettiste), c'est un sommet, un pilier, une référence.
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Message  Hugues Sam 29 Déc - 14:13



3. The Carter Family – Wildwood Flower
8. Hank Williams – The Original Singles Collection... Plus
12. Kitty Wells – God’s Honky Tonk Angel
14. Skeeter Davis – The Essential
16. George Jones – The Best of
20. Patsy Cline – 12 Greatest Hits
53. Steve Young – Renegade Picker
57. Terry Allen – Lubbock (on everything)
69. Kelly Willis – Bang Bang
72. Iris DeMent – My Life
76. Joy Lynn White – The Lucky Few
78. Billy Joe Shaver - Victory
79. Lucinda Williams – Car Wheels on a Gravel Road
80. Freakwater – End Time
81. Mary Gauthier – Drag Queens in Limousines
84. Laura Cantrell – Not the Tremblin’ Kind
85. Neko Case – Furnace Room Lullaby
87. Amy Allison – Sad Girl

Rayon country, voici 18 choix.

D'abord, la country dite classique (les six premiers).

La Carter Family: pour moi c'est un mystère, car je ne les écoute finalement qu'assez peu, mais ils me fascinent. Je parle évidemment de la première génération, celle des années 20 et 30: A.P. Carter (le mec qu'a passé son temps à piquer les chansons traditionnelles dans tout le pays - les States), Sarah Carter (son épouse, chanteuse) et la cousine de celle-ci, Maybelle Carter, l'élément le plus important du trio, responsable de ce picking de guitare si caractéristique, contribuant à faire des mélodies de mémorables petites scies vissées dans la mémoire du patrimoine universel de tous les temps (quelqu'un a une louche?). Maybelle qu'est aussi la maman de June, Helen et Anita, à savoir la deuxième génération. De ces filles, June est la plus célèbre et célébrée, et pas seulement parce qu'elle fut la femme de Johnny Cash (le Zorro de la country crossover). Je préfère Anita, parce que celle-ci en 63 a enregistré du folk tellement idyllique, qu'il semble surgir de je ne sais quelles calendes grecques.

Hank Williams, c'est le Shakespeare de la country (comme Chuck Berry est le Shakespeare du rock'n'roll) - et je sais de quoi je parle, car je n'ai jamais lu Shakespeare (à part Dix petits nègres, mais je n'ai aucun mérite, c'est un classique, tout le monde connaît). Sa voix écorchée, imbibée d'alcool, sa concision, son sens de la formule, ses chansons de trois minutes, cette guitare hawaïenne typique du honky-tonk (qui, comme les ignares l'ignorent, est très proche du swing jazz), tout ça fait que ce mec fut un des plus poignants du monde, à égalité avec Jacques Brel.
Une fois j'ai fait écouter Brel à un amerloque, il m'a sorti un poncif (qu'il a dû lire quelque part): "c'est le Dylan français". Ben non, rien à voir. Brel est bien plus proche d'un Hank Williams que d'un Bob Dylan. Notre Dylan à nous ce serait plutôt Léo Ferré (du côté de la colère). ("Hugues, t'as fini de faire des comparaisons à la con?" - "Non" - "Va chier" - "Au temps pour moi").

Kitty Wells: tellement texan que c'en est parfois mexicain, ou presque. On dit d'ailleurs "tex mex" (je le dis pour ceux qui le savent déjà, parce que c'est joli, comme mot, tex mex). Les guitares ont l'accent espagnol. Pourtant, c'est du honky tonk (genre alcoolisé, d'où le hoquet du nom). Kitty (chatounette, en français) a une voix haut perchée (comme tout chat qui se respecte), qui a été beaucoup imitée, à tort ou à travers, c'est selon. Y'a un petit trémolo parfois, qui épouse à merveille la steel guitar. Réécoutez-donc "Steel Guitar Waltz" (c'est un ordre). On l'appelle la Première Reine de la Country Music (j'ignore quelles sont les suivantes), alors qu'elle était franchement moins belle que Shania Twain (par contre, la musique de cette dernière est franchement plus moche). Je ne sais pas pourquoi je parle à l'imparfait d'ailleurs (puisqu'il ne s'applique qu'aux traits du visage), car elle est toujours en vie (à l'heure d'aujourd'hui), et si ça tombe, elle est devenue plus jolie à l'aune de ses 92 ans.

Skeeter Davis. Autre troublant mystère. J'ai oublié son vrai nom, mais qu'importe. "Davis", si ma mémoire ne m'abuse docteur, était le nom de son ex-partenaire, avec laquelle elle enregistrait au début des années 50, sous le nom des Davis Sisters (original, non?). Elles étaient un peu des Everly Brothers féminins ("Hugues, ta gueule"). Puis, c'est le drame: un accident de voiture, qui coûte la vie de son amie. Skeeter se retrouve seule, traumatisée, déprimée, mais remonte doucement la pente, et se relance. Elle collabore avec le producteur Chet Adkins, détesté par les Outlaws - Waylon Jennings notamment - pour sa production trop propre, pas assez grasse ni barbue. En fait, Skeeter Davis fait plutôt une sorte de pop dans les années 60, dans les mêmes eaux que Patsy Cline et Brenda Lee. Parfois même, y'a un parallèle intéressant avec les confiseries yé-yé. Mais aucune fleurette française, pas même la nymphe Hardy, n'égale la voix de Skeeter Davis, innocente et pure comme l'âge qu'on n'a jamais eu. C'est pas que la voix est plus claire, genre cygne d'opéra, non, c'est qu'il y a dans cette voix une sorte de plainte qui n'avoue pas son nom, le chant d'un coeur qui se berce lui-même, et qui pâlit comme l'aurore rien qu'en émettant des vocables aux lointains échos de cloche.

George Jones, plus que quiconque d'autre, est le fils spirituel de Hank Williams. Son coeur est aussi dévasté, son chant aussi déglingué. Sauf que chez Jones c'est maîtrisé, alors que Hank fut pris dans les tourbillons de son destin de merde de chiottes tragique. Jones est un peu plus réputé pour sa voix de velours posée sur des ballades un peu grandiloquentes des années 70. Mais c'est dans les années 60, avec cette voix nasale qui titube dans les ruelles de l'ivresse, qu'il fut unique.

Patsy Cline, pour moi, c'est d'abord douze chansons. Pas sûr que ce qu'elle ait enregistré par ailleurs en velle le chandail, que ce soit rockab' ou autre. Mais les quelques ballades qu'on trouve sur la compile légendaire (parue en 67, quatre ans après sa mort - après deux tentatives, elle a réussi un accident de voiture vers 63), 12 Greatest Hits, ont quelque chose d'éternel, et je ne saurais dire quel en est le secret. On jurerait qu'elle a cristallisé l'humeur d'une époque, un idéal de Damoclès. Comme si on pouvait choper la musique de la solitude et la fixer sur bande comme des réverbères de nuit.


Dernière édition par le Sam 29 Déc - 15:58, édité 2 fois
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Message  Quiet Man Sam 29 Déc - 15:08

Hugues a écrit: La Carter Family: pour moi c'est un mystère, car je ne les écoute finalement qu'assez peu, mais ils me fascinent. Je parle évidemment de la première génération, celle des années 20 et 30: A.P. Carter (le mec qu'a passé son temps à piquer les chansons traditionnelles dans tout le pays - les States), Sarah Carter (son épouse, chanteuse) et la cousine de celle-ci, Maybelle Carter, l'élément le plus important du trio, responsable de ce picking de guitare si caractéristique, contribuant à faire des mélodies de mémorables petites scies vissées dans la mémoire du patrimoine universel de tous les temps (quelqu'un a une louche?). Maybelle qu'est aussi la maman de June, Helen et Anita, à savoir la deuxième génération. De ces filles, June est la plus célèbre et célébrée, et pas seulement parce qu'elle fut la femme de Johnny Cash (le Zorro de la country crossover). Je préfère Anita, parce que celle-ci en 63 a enregistré du folk tellement idyllique, qu'il semble surgir de je ne sais quelles calendes grecques.

Beaucoup de choses que j'aime dans le rayon country. J'ai déjà parlé de Mary Gauthier, ici et ailleurs. Steve Young fait partie de ceux que j'aime depuis les années 70 (encore un que j'ai découvert grâce à Ian Matthews). Et son fils (Jubal Lee Young) a fait un excellent album...
J'ai en ce moment dans mon chargeur 5CD When The Roses Bloom de Laura Cantrell et le 1er CD du coffret de la Carter Family 1927-1934.
À ce propos, c'était plutôt au départ Sara l'élément moteur du trio, mais on se rend compte aujourd'hui que Mother Maybelle a laissé (et laisse encore) une influence bien plus grande sur les générations suivantes.
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Message  Hugues Sam 29 Déc - 16:03

Merci Quiet Man pour ta participation, tes observations et tes rectifications, toutes bienvenues! bom
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Message  Quiet Man Sam 29 Déc - 16:27

Hugues a écrit:Merci Quiet Man pour ta participation, tes observations et tes rectifications, toutes bienvenues! bom

Merci à toi pour la passion que tu mets dans ce que tu écris...

Patsy Cline, c'est plutôt un accident d'avion qu'elle a réussi, non? Et un de ses confrères s'est tué en allant à ses obsèques, si je ne m'abuse? Cela dit, je suis d'accord avec toi, c'est sa première période la plus intéressante... Très vite, elle n'a plus eu la liberté artistique qu'elle aurait voulu (la country music ne se vendait pas à l'époque).

Et chez Hank Williams, il y a du Brel, c'est sûr (ou le contraire). C'est le romantisme, dans le vrai sens du terme. Mais, musicalement, Hank Williams était plutôt en avance sur son temps (très rock 'n' roll dans l'esprit) alrs que Brel était un peu ringard. Il le disait d'ailleurs lui-même en se comparant à Nougaro qui n'avait à l'époque que très peu de succès son côté plus moderne.
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Message  Hugues Sam 29 Déc - 17:11

Quiet Man a écrit:Patsy Cline, c'est plutôt un accident d'avion qu'elle a réussi, non? Et un de ses confrères s'est tué en allant à ses obsèques, si je ne m'abuse?

Ah oui, exact, elle a d'abord fait un accident de voiture (dont elle a réchappé) puis un accident d'avion. Je ne savais plus dans quel ordre. geek

Cela dit, je suis d'accord avec toi, c'est sa première période la plus intéressante... Très vite, elle n'a plus eu la liberté artistique qu'elle aurait voulu (la country music ne se vendait pas à l'époque).

J'ai plutôt sous-entendu le contraire, en fait albino

Moi c'est la période classique que j'aime, de 60 à 63 (que le 12 Greatest Hits couvre). Elle a enregistré du rockabilly dans les années 50, j'ignore ce que ça vaut, mais j'ai lu que c'était quelconque.
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Message  Hugues Sam 29 Déc - 19:47



53. Steve Young – Renegade Picker
57. Terry Allen – Lubbock (on everything)
69. Kelly Willis – Bang Bang
72. Iris DeMent – My Life
76. Joy Lynn White – The Lucky Few
78. Billy Joe Shaver - Victory
79. Lucinda Williams – Car Wheels on a Gravel Road
80. Freakwater – End Time
81. Mary Gauthier – Drag Queens in Limousines
84. Laura Cantrell – Not the Tremblin’ Kind
85. Neko Case – Furnace Room Lullaby
87. Amy Allison – Sad Girl

Country chapitre II, ladite "alternative" ("bullshit!")

Steve Young? Là, on arrive en terres rouges, ocres, rocailleuses, rouille, avec de vastes espaces qu'il fait bon humer en pays apaches, foulard au vent. Ce mec a du feeling. Et c'est une énigme, aussi. Il suffit de savoir, par exemple, qu'il a longtemps été persuadé d'être la réincarnation d'un soldat sudiste mort pendant la guerre de sécession pour avoir une idée nulle du personnage. Bien. Il a une voix de braise et de fer, et un souffle d'ouragan. Lorsqu'il chante une ballade, elle est renversante. Il y va à plein poumons, jusqu'à ce que la fumée s'élève du sable. Sa musique est belle comme une fable, comme un mirage. Il est mystique. Il est rebelle. Il est nomade. C'est un explorateur. C'est l'Indiana Jones du country-rock ("Olà, Braziliens! M'oyez-vous?"). Il collectionne des statuettes d'Orient. Waylon Jennings s'était juré de le tuer, car il ne peut y avoir qu'un seul King de la country outlaw - pourtant y'a d'la concurrence! Connaissez-vous Tompall Glaser?

Terry Allen - encore un dont l'humanité m'est précieuse. Terry Allen est l'auteur d'un chef d'oeuvre: Lubbock (On Everything) (1979). Quelque part entre Randy Newman et le Dr John, en plus Texan. On fait difficilement plus authentique, et ce Terry Allen a quelque chose d'intellectuel également (peu courant dans le milieu country). Et bien sûr, comme dans toute vraie country, on y trouve du blues. Lubbock, c'est un peu le trou du cul du monde. Quand on a demandé à Joe Ely pourquoi les musiciens de Lubbock étaient si bons, il a répondu que c'est parce qu'on avait rien d'autre à y foutre. Lubbock (l'album) est un crucial carrefour, une intense mise au point, l'oeuvre d'une vie - ou d'un soir, de ces soirs où l'on refait la vie.

Kelly Willis - je ne saurais vous dire à quel point tout un monde peut être suggéré au seul timbre d'une voix. C'est comme un parfum, un décor, un plat traditionnel pimenté, que sais-je encore.
Comment une voix nasale peut-elle être aussi sexy? (il faudra aussi poser la question à une certaine Amy Allison, fan de Mary Weiss). Entendons-nous bien: étant de souche européenne, je n'ai jamais été très attiré par les voix nasales. Parler du nez, c'est pas le top. Remarquez que je n'aime pas non plus les voix aristocratiques de gorge (caractéristique anglaise). Alors, qu'est-ce que je lui trouve, à Kelly Willis? Et bien, je prétends qu'elle a du style, que sa voix est un trésor, qu'elle rehausse ses chansons d'une saveur locale inestimable. Dans son chant épicé s'insinuent aussi des soupirs, notamment sur les ballades. Et le joli visage de cette chanteuse en toile de fond achève probablement de m'enchanter. Pouvez-vous résister à ça?



Iris DeMent. Bon, là, c'est encore autre chose. Et c'est toujours par la voix que ça passe. Celle-ci n'est pas nasale du tout, mais par contre, très country traditionnelle, lignée Carter Family - qui lorsqu'ils chantaient en choeur faisaient une sorte de Gospel blanc. Cette country-là, par opposition à celle de l'individualiste Jimmie Rodgers, est habitée d'une ferveur tribale. Ce n'est pas pour rien si le dernier disque d'Iris en date est une collection de chansons d'église, bien que cette dernière se soit toujours dite non religieuse. En fait, le Gospel chez Iris est associé à son enfance, comme une région, un berceau. Iris n'est pas un auteur, c'est un fruit. Elle n'invente rien, elle fait passer. C'est une petite fille qui chante. Son âme claironne avec une beauté admirable de simplicité. La poésie n'a pas d'âge.

Joy Lynn White, quant à elle, est très proche de Kelly Willis, sauf que sa voix évoque celle de Maria McKee. Sa voix a l'éclat qu'il faut pour faire rayonner le country-rock impeccablement. Le country-rock, lorsqu'il a l'impact limpide, donne le même bonheur qu'un beau jour de soleil. Ceux qui se gaussent de cette image sous-estiment le Soleil.

Billy Joe Shaver a la voix qui tremble, amochée comme sa main droite (il a deux doigts sectionnés). Il est plutôt culte que célèbre, malgré l'album que lui a consacré Waylon Jennings en 73 (Honky Tonk Heroes). Shaver est d'ailleurs davantage réputé comme auteur. C'est une des curieuses choses qu'il m'a été donné de constater dans ma vie d'auditeur jusque-là: des gens (sans oreille, assurément) considèrent qu'il n'est pas bon chanteur (on a dit la même chose de Townes Van Zandt ou Lucinda Williams, alors que personne n'a jamais mieux chanté leurs chansons qu'eux-mêmes). Or, la voix de Shaver est parfumée à souhait, authentique, inimitable, irremplaçable, quel imbécile pour ne pas s'en rendre compte? (ça y est, je commence à m'énerver). Je trouve Shaver plus savoureux en acoustique, comme sur Victory, où il est seul avec son guitariste de fils (mort d'overdose la veille du jour de l'an 2000), lequel excelle au dobro.

Lucinda Williams - bon, là, pas la peine d'en rajouter, je crois que tout le monde connaît. J'ai choisi Car Wheels, classique reconnu à l'unanimité (ou presque - hein, Yann?), mais m'insurge contre ceux qui pensent que l'album est à cent coudées au-dessus du reste de son oeuvre (ne serait-ce que l'éponyme Lucinda Williams est un pur chef d'oeuvre, bande de mécréants!).

Freakwater - une des meilleures formations country de l'histoire, hélas sous-estimée (sauf par le All Music Guide). Catherine Irwin et Janet Bean se complètent à merveille, et ont même livré des albums solo captivants.

Mary Gauthier - comme pour Lucinda, j'en ai trop dit sur elle pour ne pas me répéter. Son dernier album est aussi bon que les autres (le tout premier, Dixie Kitchen, étant d'assez loin son moins solide, au niveau du songwriting, mais on y trouve quelques perles comme "Goddam HIV" et "Ever Easy"). Indiscutablement un des singer songwriters majeurs d'aujourd'hui.

Laura Cantrell - n'a fait que trois albums pour l'instant. Je préfère les deux premiers au troisième, plus produit. Le premier notamment, est une collection de 12 chansons tout bonnement imparable. On peut difficilement oublier cette voix claire et haut perchée, simple et au bord de l'acidité, mais si mélodieuse et juste, et le charme désuet de ces excellentes chansons.

Neko Case - carrément autre chose - une grosse voix qui n'hésite pas à gueuler, tout en sachant se dissiper dans l'espace, pour en laisser quelques échos de sirène. Furnace Room Lullaby, pour aussi imparfait qu'il puisse paraître en termes de production (sorte d'indie country-punk), est complètement soufflant en termes de style. Voilà une chanteuse qui a une vision, du sens artistique, du panache, du caractère. Elle a pris en quelque sorte la relève d'une Maria McKee (bien que celle-ci demeure également active). Ecoutez-donc "Set Out Running" qui ouvre l'album: tout est dit, tout est là.

Amy Allison: je dirais qu'avec une autre Amy (Rigby), elle a le meilleur goût du monde, autant pour la country que pour la pop, le rock et les textes, mêlant humour et tendresse, ironie et candeur. Fille de Mose Allison, elle a de qui tenir. La première chose qui frappe, est bien sûr sa voix extrêmement nasale - dans mon entourage, certains n'arrivent décidément pas à s'y faire, ce qui me peine, car enfin, cette voix n'est pas un barrage à l'accès de son univers, bien au contraire, plus on l'écoute, plus on s'y attache, indéfectiblement, amoureusement.

Le monde néglige la musique et les chansons d'Amy Allison. Le monde est nul. La vie est belle. Mon coeur chante.


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Message  Hugues Dim 30 Déc - 12:06

Hugues a écrit:
4. Blind Willie McTell – The Definitive
5. Mississippi John Hurt – Avalon Blues: the Complete 1928 Okeh Recordings
10. Lightnin’ Hopkins – Blues Masters: the very best of
11. Elmore James – The Sky Is Crying: the History of
17. Otis Rush – The Classic Cobra Recordings
61. Stevie Ray Vaughan – Texas Flood
70. John Campbell – Howlin’ Mercy

Le blues: mes sept choix

Blind Willie McTell: il m'a tout de suite plu, celui-là - parmi les pionniers des années 20. Il se distingue de ses confrères par une sorte de voix mi-nain, mi homme-enfant. J'ai tout de suite vu en lui une sorte d'ancêtre de Bob Dylan et de... Josh Rouse. Dans ses blues, où il s'accompagne d'une douze cordes je crois (son jeu a d'ailleurs un son particulier), on sent une sorte d'agilité de doigts comme d'esprit. On sent poindre l'ironie, la causticité, l'habileté, la ruse, mais aussi l'humanité. Plus que tout autre bluesman peut-être, on l'entend dire "mama". Je le soupçonne d'avoir aimé se faire choyer des femmes. Bien qu'aveugle, son handicap se voyait à peine tant ses gestes étaient précis, et son intuition développée.
Blind Willie McTell fait une sorte de blues-folk (ou de folk-blues). Une sorte de folk urbain, même. Mais pas de commentaire social, rien que du quotidien. La conception de la chanson ou de la poésie chez les bluesmen de cette époque me rappelle celle de Villon ou d'autres poètes médiévaux français (Ronsard, etc): on commente le quotidien, l'intérêt n'est que formel. On s'exerce. McTell aujourd'hui, ferait du Souchon, quelque chose comme ça. Ou du rap domestique, sans démagogie rebelle. Le rap rebelle aujourd'hui est nul. D'ailleurs, si t'es rebelle, tu donnes pas dans le rap, et tu n'imites pas les américains. La révolte commence par la remise en question de soi en tant qu'individu. J'avais compris ça à quinze ans au lycée, moi. Mais je digresse.
J'aime la façon dont McTell, personnage doué mais inconstant, fait vibrer sa voix en contrepoint de son utilisation (toutefois rare) du bottleneck. De manière plus générale, j'ai simplement accroché à son univers, plus qu'à celui de tout autre bluesman. J'ai trouvé captivant de trouver des enregistrements des années 20 si... contemporains. Comme quoi, le temps qui passe n'est rien, rien de rien. Un siècle, un jour, aucune différence, pour l'instant présent, et la communication des êtres.

Mississippi John Hurt - on s'éloigne du blues, même si on ne peut classer la musique de cet homme ailleurs que dans le blues. C'est plutôt du folk, mais il y a une marque de fabrique, de jeu, un style, une griffe, qui relève du blues (car une des caractéristiques du blues, c'est l'apport d'une griffe personnelle dans un schéma musical traditionnel et basique). Les racines me fascinent, car il y a de ça aussi: John Hurt est vraiment un pionnier, ce qu'il joue, il l'invente, ce qu'il fait, il le crée. Peut-être a t-il été influencé. Peut-être a t-il été inspiré. Mais personne ne le sait. A l'époque où l'enregistrement n'existait pas encore, les plus doués étaient ceux qui assimilaient le plus vite, instantanément, qui avaient de l'oreille. John Hurt aurait dit qu'il aimait particulièrement Jimmie Rodgers, ce qui est surprenant. Jimmie Rodgers en effet était en train de poser les bases de la country music. Si on comprend "country" au sens de "campagne", certes, John Hurt est country, lui aussi. Moi, je dirais plutôt "bucolique". Sa musique est paisible et tranquille, elle semble venir des abords du fleuve qui roule, des arbres grésillant d'insectes et d'oiseaux.
John Hurt aimait sa guitare. Il apprit à en tirer des sons, des mélodies. Et il raconta des histoires. Et ses chansons, qui ont un caractère unique, défilent dans l'air comme des fumées de pipe ou de cheminée. Fluide musicalité, harmonie lumineuse et riche, enchevêtrée dans les branches, les feuillages. Mais ce n'est pas d'un vert profond comme chez Nick Drake, c'est sépia, comme les promenades d'autrefois.

Lightnin' Hopkins - à l'opposé de John Hurt, Hopkins c'est du blues urbain, tout ce qu'il y a de plus urbain. Là, on est dans la rue ou dans les bars, on rumine sa solitude, ses malheurs, on dérive sur l'alcool, on parle de ses expériences, avec amertume, crudité, voire une sorte d'humour très noir (sans jeu de mot). Le décor posé, je dois aussi dire que dans le genre blues pur, Lightnin' Hopkins c'est ce que je préfère, c'est le top. Sa guitare est métallique (électrique?), elle a une résonance étincelante. Chaque série de notes est 90% de feeling, et 10% de technicité (c'est ainsi que je le sens). Je connais un "puriste", un fan de Broonzy et Doc Watson, qui a osé me dire en entendant Hopkins: "qu'est-ce qu'il joue mal!"
Les mecs qui s'arrêtent sur leurs petites connaissances techniques avant d'ouvrir les vannes de leur âme me hérissent!
"Watson et Broonzy n'arrivent pas à la cheville d'Hopkins, Ducon!"
Le blues d'Hopkins est de l'or en barre. Il est au blues ce que le Velvet est au rock, ce que Townes Van Zandt est au folk, ce que le Gun Club est au punk.

Vous avez six euros? Alors achetez ça: Top 100 41F21KZ1ACL._AA240_ Il vous arrivera par la poste dans les dix ou quinze jours. Vous me direz merci, et je vous dirai vive le blues.

Elmore James: à quoi m'attendais-je en écoutant Elmore James? J'avais lu de grandes choses sur son jeu de slide. J'en ai entendu peu sur le disque acheté, mais je n'ai rien perdu au change, j'y ai découvert du blues rock sauvage, chanté d'une voix étranglée, un son crade et intense, le genre de beat et de sound incendiaire dont rêverait tout rebelle pour enregistrer un brûlot. Mais chez James cette rage va bien au-delà de la petite révolte sociale, elle est physique, épidermique, diabolique, et c'est probablement ce qui en fait toute sa force. Finalement, ce bluesman-là est dans la lignée de Charlie Patton. Sauf que James est électrique. On est là dans les années 50, le blues s'électrifie, le rock'n'roll est arrivé. Et je peux vous assurer qu'Elmore n'a rien à envier à Elvis ou Chuck Berry. "Cry For Me Baby" ou "Shake Your Moneymaker" sont des moments absolument captivants, et Elmore est sans aucun doute un de mes cinq bluesmen favoris.

Le blues d'Otis Rush me fascine à peu près de la même façon que celui d'Elmore James, en ce qui concerne le son et la production: ambiance sauvage, libre, enfumée, éclairée par de blanchâtres néons, transpirante de tout ce qui fait le blues. Mais là où Elmore vient plutôt du Delta et lorgne vers le boogie, Rush est irréductiblement soul, dans la lignée de T. Bone Walker et B.B. King. Sauf qu'à la différence de ces derniers, Rush est "dirty", et presque "noisy". Stevie Ray Vaughan ne s'y trompera pas (pour avoir repris "Double Trouble"). Rush ne se contente pas de maîtriser, et ne se soucie pas du tout d'impressionner: il s'égare volontiers, il laisse le feeling le transcender, et pour moi ce mec avait du génie. Ce qu'il fait avec sa guitare, et l'ambiance qu'il crée, pose les bases du bruitisme qu'exploreront les Who de l'autre côté de l'Atlantique. Mais bien sûr, chez Rush il n'y a rien d'arty, ni d'intellectuel: c'est un instinctif. Mais un instinctif qui fait avancer le schmilblik. Tout fan de rock qui se respecte doit écouter The Classic Cobra Recordings 1956-1958, pour ce son de guitare qui tisse des toiles d'échos dans tous les coins du garage, pour créer une sorte de plasma cauchemardesque et liquoreux qui résonne jusqu'au bout de la nuit. Avant d'écouter Eric Clapton, Cream ou même Hendrix, écoutez cet Otis Rush-là, vous y apprendrez bien plus que vous ne l'imaginez.

Stevie Ray Vaughan et John Campbell - ils m'ont impressionné, mais je ne les ai pas encore assez écoutés pour en parler.
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Message  Hugues Lun 31 Déc - 19:49

La pop, chapter I: les girl groups


18. The Shirelles – 25 All-Time Greatest Hits
23. Lou Christie & the Tammys – Egyptian Shumba (singles and rare recordings)
25. The Ronettes – The Best of
27. The Shangri-Las – Myrmidons of Melodrama

J'ai été impressionné par les Shirelles: leur répertoire est beaucoup plus riche et solide que celui des autres girl groups (Ronettes et Shangri-Las mis à part), j'y ai trouvé vraiment une des sources de la pop sixties (et les Beatles ne s'y étaient pas trompés). J'ai d'ailleurs une petite théorie quasiment féministe: la pop des femmes de cette époque est restée bien plus fraîche et moderne que celle des hommes, et les Beatles, un des rares groupes masculins à assumer à l'époque l'influence des girl groups, est également un des rares groupes des sixties à être restés frais et modernes encore aujourd'hui. Une des raisons qui font que les femmes de cette époque sont restées plus modernes - ou moins vieillotes - que les hommes, c'est qu'elles évitaient les clichés d'attitude virile et ringarde liés au rock'n'roll.

Les Tammys (le groupe de Lou Christie, qui co-écrivait les titres avec la géniale Twyla Herbert - encore une femme, comme par hasard) ont enregistré plusieurs fadaises ultra sixties qui, plus que toute autre (avec Jackie DeShannon, peut-être), capturent à la perfection la folie exubérante et légère de cette décennie.

Quand on cite les Ronettes, on a deux choses qui viennent à l'esprit : le sex appeal de Ronnie Spector, et la chanson "Be My Baby", un joyau de 2mn42 qui en a traumatisé plus d'un, notamment Brian Wilson. C'est aussi le son de Phil Spector, bien sûr. Et puis la voix de Veronica Bennett/Ronnie Spector, qui est une voix de transistor. L'univers de Spector, en mono comme chacun sait, est une quête de paradis radical à laquelle j'adhère à 100%. Plus qu'un "mur du son" (expression laide), il s'agit d'une étoffe truffée de diamants. Ce son brille comme un *joujou*, et afin de saisir la noblesse de cette image, lisez ceci: https://crossroads-brazil.forumactif.com/le-pub-f5/lecture-t1745.htm.
The Best of the Ronettes est composé de 18 "Be My Baby" en puissance. On y éprouve une sensation de claustrophobie parfois, mais lorsqu'on accède au Paradis, que nous importe que l'issue de retour soit condamnée? Le voyage n'en est que plus irrémédiable et fascinant. Les intros irrépressiblement jouissives se succèdent, "Do I Love You?", "You, Baby", etc... La voix de Ronnie vibre et chatoie sur des rythmes vifs et compacts, des frappements de mains, des dômes de choeurs amenés par la pluie et des grondements de tonnerre ("Walking in the Rain").

Les Shangri-Las: s'il fallait n'en choisir qu'un... Ce girl group-là fut de loin le plus audacieux, novateur, inventif - avec la précieuse collaboration du producteur Shadow Morton. L'utilisation de bruitages en tout genre a influencé ou préfiguré tout ce qui n'allait pas tarder à se faire de façon presque systématique en 66 et 67 dans le monde de la pop (à commencer par le Floyd de Barrett).
Par contre, avec ces girl groups demeure un mystère - aucune ne joue d'instrument sur scène, alors on est en droit de se poser la question: qui joue sur les disques? C'est bien beau d'avoir un producteur, Morton ou Spector, mais ils ne font pas tout, il y a bien des musiciens de studio: pourquoi on n'en parle jamais?
En fin de compte, les girl groups, que font-elles à part chanter et adopter un jeu de scène? Mary Weiss, chanteuse principale des Shangri-Las, n'écrivait pas ses chansons. Lorsqu'elles ne sont pas signées Morton, elles sont parfois signées Greenwich/Barry: "Leader of the Pack", "Out in the Streets", "Train from Kansas City"...
Ellie Greenwich, un des singer songwriters les plus fins et inspirés du Brill Building (avec Carole King), a raconté que l'entente en studio avec les quatre filles n'avait pas été chose aisée, quoique d'autres témoignages rapportent le contraire en d'autres circonstances (qu'elles étaient d'une gentillesse absolue, etc). Il y aura donc toujours un mystère autour des Shangri-Las, d'autant que la soeur de Mary Weiss était absente une fois sur deux (on ne les voit souvent qu'en trio), et que l'existence du groupe demeura brève (64-66), et que Mary Weiss n'était même pas majeure du temps de leur succès.
Restent les enregistrements: enchantement artisanal, ébauches incessantes d'ambition, l'imagination au pouvoir. Toute la candeur, l'insouciance, l'élan, le va-tout de la jeunesse d'une époque.

Document exceptionnel: les Shangri-Las avec un groupe! (et l'occasion de vérifier que Mary Weiss est une excellente soul singer!)



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Message  Hugues Mar 1 Jan - 0:56


19. Ben E. King – The Very Best of
32. Otis Redding – Dictionary of Soul
33. Aretha Franklin – I Never Loved a Man the Way I Love

Etonnant que je n'aie finalement que trois disques de soul dans mon Top 100... Et encore, Ben E. King, c'est pas 100% soul, c'est aussi pop et doo-wop, quelque part par là. Un classique comme "Stand By Me" est indéniablement soul, mais il y a aussi d'autres choses sur la compile Rhino qui relèvent davantage de la bluette pour teenagers... mais c'est peu dire que je ne suis pas péjoratif quand je parle de "bluette". Je place des titres comme "There Goes My Baby" et "This Magic Moment" parmi les plus belles pièces des années 60, vignettes signées Leiber/Stoller ou Pomus/Shuman (oui, Mort Shuman, l'auteur du "Lac Majeur"), produites avec un sens de la perspective et de la profondeur, les arrangements créant un décor quasiment émotionnel pour la chanson, Ben King n'ayant plus qu'à y poser sa voix avec cette aisance et cette classe qu'on lui connaît.

J'ai très tôt aimé Otis Redding et Aretha Franklin, avant même que je ne commence à m'intéresser à la soul, ou même au rock tout court. Je crois vraiment que ces deux-là avaient un charme qui les dépassaient, qui allait au-delà du genre musical qu'ils incarnent, et par lequel ils se firent connaître.
Après les double rouge et bleu des Beatles, et en même temps que le Decade de Neil Young, le Best of Otis Redding, double vinyle paru cinq ans après sa disparition, fut une étape essentielle dans ma découverte de la musique rythmique populaire. Je me rappelle m'être enregistré sur cassette ce double vinyle (que possédaient des amis), et écouter la cassette au casque avec un bonheur total - chaque chanson me paraissait parfaite, que ce soit dans le rock trépignant ou la ballade renversante. Quand j'ai pu m'acheter des CDs au début des années 90, ceux d'Otis furent parmi les premiers que je me suis mis à chercher (je me rappelle avoir noté la disco des artistes que j'aimais à l'époque: Velvet, Otis, Neil Young, Aretha, Joplin, Kinks, Dylan...). Et Dictionary of Soul était mon préféré. Je suis d'ailleurs sidéré, d'une part, qu'on n'ait toujours pas réédité ces albums d'Otis (qui n'ont été réédités qu'une fois en CD, jamais remastérisé, le son est moyen), et d'autre part, que sa disco soit aussi foutraque et négligée sur le site d'AMG. Même les Best Of en CD ne sont pas terribles. Et je n'ai pas acheté le coffret, à l'époque, parce qu'il ne contenait pas "You're Still My Baby"! (je sens que je suis en train de passionner tout le monde).

Aretha Franklin, j'ai dû entendre pour la première fois "Chain of Fools" à la télé, mais aussi un morceau qui s'appelle "Won't Be Long", de l'époque Columbia vers 1961-62, en live sur un plateau télé, et j'ai pu noter combien elle avait un dynamisme et un instinct rythmique phénoménaux, que Columbia n'a jamais su retrouver sur aucun de ses disques studio pré-Atlantic (ce qui est consternant!).
Pour ce qui est de la période Atlantic, j'aime toujours autant I Never Loved a Man the Way I Love You aujourd'hui. J'ai acheté tous les autres aussi, et je crois bien ne pas les avoir encore tous écoutés.
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Message  Hugues Mar 1 Jan - 22:16


21. Shirley Collins – False True Lovers
34. Tim Hardin - 2
38. Van Morrison – Astral Weeks
40. Nick Drake – Five Leaves Left
42. Townes Van Zandt – Our Mother the Mountain
46. Joni Mitchell – Ladies of the Canyon
47. Loudon Wainwright III - st
51. Judee Sill – Heart Food
62. Christine Lavin – Beau Woes & other problems of modern life
73. Dar Williams – The Honesty Room
74. Fred Eaglesmith – Drive-in Movie

18 choix folk (en deux parties). Pas toujours évident de distinguer le folk de la pop, parfois. Par exemple, il est clair que Shirley Collins, c'est du pur folk. Et même du pur folk anglais (quoique... elle fut aussi influencée par le folk américain - comme celui de Jean Ritchie). Par contre, Nick Drake navigue entre folk et pop. Tim Hardin aussi, selon l'inspiration (et même entre blues et jazz). Van Morrison est aussi soul. Townes Van Zandt et Eaglesmith sont aussi country. Etc...

Shirley Collins: indubitablement, son chant me fait un effet profond, davantage même que Sandy Denny (qui est aussi dans mon top via Fairport Convention, que je classe dans le folk-rock). Sa voix est à la fois pure et riche: pas seulement claire ou cristalline, cette voix possède la sève de la pureté, elle la génère, la sécrète, c'est une source, un nectar, une fontaine de jouvence, d'autant plus éternelle qu'elle porte les symboles d'Autrefois.

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.


(Charles Baudelaire, extrait de "Correspondances", des Fleurs du Mal)


Shirley Collins chante à l'ancienne; certains osent dire que cette façon de chanter est trop vieillote, et Shirley elle-même est critique par rapport à ses premières années - sur lesquelles se porte ma préférence avec False True Lovers: elle a tort. La magie opère davantage a cappella, sans l'apport du clavier médiéval de sa soeur, ni la guitare experte de Davy Graham, ni les accompagnements néo-trad-folk d'Ashley Hutchings. Lorsque la jeune Shirley restait en quête d'un mirage ancien de la façon la plus simple, elle y accédait plus instantanément.

Tim Hardin 2: le deuxième album de Tim Hardin, enregistré en 66 et paru en 67, est incroyablement court: dix chansons, le tout ne durant pas plus d'une demi heure (alors que la demi heure pouvait être la longueur d'une face de vinyle chez Dylan, parfois). L'inspiration de cet étrange américain, fabulateur et victime de ses démons (l'héroïne en particulier), était fragile, mais d'une beauté d'autant plus rare et belle qu'elle se fondait sur des ressorts créatifs branlants. C'est curieux comme "If I Were a Carpenter" est sans doute sa chanson la plus connue et la plus reprise (avec "Reason to Believe"), alors que je ne lui trouve rien d'extraordinaire, c'est sans doute la moins bonne chanson du disque. Cette chanson a même, sur ce même album, une jumelle intitulée "Red Balloon" (qui lui succède immédiatement), qui lui est infiniment supérieure, en termes de performance et d'accompagnement. Cet album aligne les étoiles filantes: "Black Sheep Boy", "Lady Came from Baltimore", "You Upset the Grace of Living when You Lie", "Speak like a Child", "See Where You Are and Get Out"... Comme vous voyez, on finit par citer tous les titres, ou presque! Ces chansons traversent des vallées en pente, fugacement, vertigineusement, les violons tourmentent le ciel, les collines ont l'air fiévreuses... Le tout s'achève sur "Tribute to Hank Williams", où Hardin identifie son destin à celui de Hank:

"Goodbye, Hank Williams, my friend
I don't know you, but I know
The places you've been"

"Adieu, Hank Williams, mon ami
Je ne te connais pas, mais je sais
Ce que tu as traversé"

Aussi étonnant que cela puisse paraître a priori, étant donné leurs différences respectives de style et de caractère, Astral Weeks de Van Morrison et Five Leaves Left de Nick Drake ne sont pas très éloignés du Tim Hardin 2: si la méthode employée n'est pas la même, ni le chant, ni la motivation, l'effet procuré est semblable, du moins au niveau du paysage: c'est du folk orchestré, donc vert. Chez l'un comme l'autre, lorsque des violons (ou autres cordes) surgissent, subrepticement ou soudainement (quand je pense que des imbéciles trouvent "Way to Blue" surproduit! "du calme, Hugues, du calme!"), la sensation est verte. Chez Drake c'est humide et brumeux, morose mais profond; chez Morrison c'est beaucoup plus rêche et passionné, sa musique vibre au galop, avec le paysage qui défile dans le fond. L'un creuse, explore entre les gouttes, l'autre y va à l'arrache, déracine son blues, sa soul. L'un crée un univers calme, magique, enchanteur, mais habité d'une mystérieuse et incurable tristesse; l'autre hurle à la mort ces moments de désarroi chancelant, sur le quai d'une gare ou d'un port, comme pour figer un cri dans le Temps.

Townes Van Zandt... J'en avais entendu parler avant de le découvrir... D'une part j'imaginais un bluesman poivrot et chiant (merci Rock & Folk), d'autre part un singer songwriter country avec un nom flamand (merci Blackmail, catalogue de vente par correspondance dirigé par l'ex-organiste des Animals), y'en a pas mal des comme ça: Dave Van Ronk, Bert Jansch, Leo Kottke, etc...

Jusqu'à ce qu'un jour ce bien cher Hervé m'envoie une moitié de copie de High, Low & In Between vers 2001, à savoir la face B, qui s'ouvre sur "To Live's To Fly". Et bien... lorsqu'on a un coeur et des oreilles (bonjour, j'ai un coeur et des oreilles - et vous?), on ne peut pas passer à côté de "To Live's To Fly". La mélodie, le rythme, le chant... tout Townes Van Zandt est dans cette chanson. Il n'aurait fait que ça... (tout comme Iris DeMent n'aurait fait que "Walkin' Home", ou Brel "Le Plat Pays"...). M'enfin, mais non: il n'a pas fait que ça. Vous m'en direz tant! Bon.
Du Zandt j'ai écouté tous les premiers albums sauf le tout premier, et puis des enregistrements antérieurs posthumes (marrant, non?). Et j'ai une préférence assez nette pour ceux de 69: Our Mother the Mountain et l'éponyme* suivant (dont j'ai jamais su s'il était de 69 ou 70 - d'ailleurs si quelqu'un connaît les dates de sortie précises - au mois près - de ces disques, je lui en serais reconnaissant en lui disant merci).
Ces deux disques ont été enregistrés, dirait-on, du fond des Ténèbres, les accords de guitare sont tendus, lents, tendres, les souvenirs figés comme des hallucinations, comme des cavités temporelles. Our Mother the Mountain fume comme le ventre de la montagne. Les instruments bruissent comme le vent dans le feuillage d'un arbre par la fenêtre ouverte. Il suffit d'entendre un air de flûte pour qu'un panorama se déploie sous nos yeux.

*éponyme: dont le titre est le nom de l'auteur. Exemples: Bob Dylan, The Velvet Underground. Il est assez rare de trouver plusieurs albums éponymes dans la disco d'un artiste, bien que ce soit le cas pour les Throwing Muses (y'en a deux), et quasiment tous les albums de Françoise Hardy des débuts (ré-intitulés après pour des raisons pratiques), et ceci est assurément l'information capitale de la journée.

Joni Mitchell. Pour moi, l'appréciation d'une Joni Mitchell passe par le goût de la liberté, et de l'infini. Je n'oserais pas dire ça de Pink Floyd (j'ai dû oser le dire dans ma jeunesse). On goûte Joni Mitchell comme on goûte Van Morrison et Tim Buckley, ou encore Judee Sill et Carole King. Et puis, elle a fait des disques très différents. J'ai une préférence pour les débuts. Ladies of the Canyon (1970) est à une frontière idéale, entre l'acoustique colorée des deux premiers albums (l'éponyme de 68 et Clouds de 69), et Blue, classique émotionnel de 71, qui ne tend pas encore totalement vers le jazz. On est en droit de penser que cet album inspira l' After the Gold Rush de Neil Young. Le morceau-titre de ce dernier fait même figure de pastiche. Réécoutez donc "Willy" de Joni. Tout ça pour dire que l'album de Miss Mitchell est d'une beauté immaculée, et que lorsque je dis "immaculé", je ne donne aucune notion religieuse ("dénué de péché, de tâche"). Joni ne porte pas le clergé dans son coeur (il suffit d'écouter son dernier album en date pour s'en rendre compte). Quand je dis "immaculé", je ne veux pas dire non plus "propre, gentil et cucu" (ça ce serait plutôt Belle & Sebastian, le groupe préféré de tout un tas de jeunes gens non encore sevrés). Non, je parle de splendeur noble et aveuglante, celle que suggère la résonance du piano dont chaque accord semble voilé de larmes.
Excusez, je suis encore pris d'un accès de Baudelairite aiguë:

Que m'importe que tu sois sage?
Sois belle! et sois triste! Les pleurs
Ajoutent un charme au visage,
Comme le fleuve au paysage;
L'orage rajeunit les fleurs.


(extrait de "Madrigal triste", Nouvelles fleurs du Mal)




Loudon Wainwright III - Je connais tous ses albums, une vingtaine. Voici mes chansons préférées sur deux CDs:

CD 1

1. School Days
2. Glad to See You’ve Got Religion
3. Me & My Friend the Cat
4. Motel Blues
5. I Know I’m Unhappy / Suicide Song / Gleenville Reel
6. Cook that Dinner, Dora
7. Drinking Song
8. Dead Skunk
9. The Swimming Song
10. The Man that Couldn’t Cry
11. King & Queens
12. Kick in the Head
13. Mr Guilty
14. Rufus is a Tit Man
15. Five Years Old
16. Westchester County
17. One Man Guy
18. Not John
19. Screaming Issue
20. Career Moves
21. Your Mother & I
22. The Home Stretch
23. Unhappy Anniversary
24. Man’s World
25. Overseas Call

CD 2

1. Therapy
2. Mind Read
3. The Picture
4. Talking New Bob Dylan
5. 4 X 10
6. Sometimes I Forget
7. The Acid Song
8. Tip that Waitress
9. Human Cannonball
10. So Damn Happy
11. Little Ship
12. A Song
13. Tonya’s Twirls
14. Pretty Good Day
15. White Winos
16. Graveyard
17. Bed
18. Last Man on Earth
19. Homeless
20. Heaven
21. Something for Nothing
22. You Never Phone
23. The Sh*t Song
24. Hank & Fred
25. Strange Weirdos

J'aime le personnage et la plupart de ses albums, en gardant une préférence pour les deux premiers, d'une singularité acide et crispante.

Judee Sill - avant d'en parler, écoutons-la:



On trouve cette chanson sur son deuxième album, Heart Food (1973). La fréquentation de la musique de Judee Sill est digne d'une expérience spirituelle. C'est une musique grave, élévatrice, céleste, et le labeur d'un artiste en quête de quelque chose. Quoi? Je l'ignore. Les pensées l'assaillaient, et comprendre leur cheminement demanderait une enquête très poussée sur le personnage, et cela prendrait des mois, voire des années. J'ignore si elle cherchait une sorte de salvation (il semble que beaucoup de gens rencontrent Dieu dans un besoin de rédemption) - car sa vie fut loin d'être un modèle de sagesse, ou si ses errances firent aussi partie d'une forme de quête. Les deux facettes (la spiritualité, la délinquance) sont peut-être liées, mais liées aussi et surtout à une force de caractère et une exigence peu communes.

Christine Lavin est une folkeuse de New York. Elle se distingue par son sens de l'humour (un exemple ici), qu'elle alterne avec des ballades sentimentales, mises en valeur par sa voix et ses mélodies délicieuses. Ses trois ou quatre premiers albums, parus dans les années 80, ont un charme particulier. Bien que foncièrement originale, Christine Lavin ne s'est guère renouvelée depuis.

Dar Williams, elle, est apparue dans les années 90, et n'est pas sans rappeler Christine Lavin parfois, ou Suzanne Vega (qui décrocha la timbale dans les 80's, et incarna le renouveau du folk féminin). Mais Williams a sans aucun doute une palette de tonalités plus complète, capable de montrer une énergie plus masculine, qui à l'époque l'a aussi rapprochée d'Ani Di Franco.
Avant qu'elle ne se dirige ostensiblement vers un univers plus pop à la fin des 90's, ses premiers efforts de couleur plus folk (parfois folk-rock), The Honesty Room et Mortal City, ont à mon goût gardé plus de caractère que les suivants, au-delà de quelques défauts qui en hérissent certains (il est rare que des fans de rock aiment le folk de Dar Williams). Mais les qualités et la saveur singulière des chansons de la dame, sans parler d'un timbre de voix magnifique, compensent largement des travers (maniérisme, coquetterie, activisme) qui ne sauraient perturber que les esprits les plus fades.

Fred Eaglesmith - pourquoi lui dans le folk, et Mary Gauthier dans la country? Leur style est très similaire. Et bien... j'en sais rien. Je trouve l'un plus folk que country, et l'autre plus country que folk. Cela doit être une question d'attitude. Fred Eaglesmith, on pourrait même le mettre dans le folk-rock, à l'occasion. Ce gars-là a bien des talents, et l'un d'eux, pas des moindres, est d'être authentique. En voilà un qui s'est fait tout seul, et qui se fout du système et du show biz comme de l'an 40 (j'ignore pourquoi il est notoire qu'on se foute de l'an 40 par ailleurs, mais c'est un autre débat). C'est une des compiles que m'a envoyées un internaute Américain qui m'a fait découvrir Eaglesmith (ces compiles, qu'il en soit remercié, m'ont fait découvrir plus d'un singer songwriter: Billy Joe Shaver, Iris DeMent, Jesse Winchester, David Olney, Laura Cantrell, Steve Young... Tout ça, c'est grâce à lui!). La chanson d'Eaglesmith sur la compile, c'était "Spookin' the Horses", traversée d'une sublime partie d'harmonica de Willie P. Bennett (par ailleurs un mandoliniste émérite).


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Message  Hugues Jeu 3 Jan - 11:43

Mes choix folk, suite:

88. Patty Griffin – 1000 Kisses
89. Nina Nastasia – The Blackened Air
92. Devon Sproule – Upstate Songs
94. Ana Egge – Out Past the Lights
95. Annie Gallup – Pearl Street
98. Rachel Ries – For You Only
99. Jolie Holland – Springtime Can Kill You

Quelle idée avais-je de Patty Griffin avant de la découvrir? Aucune de bien concrète (notez bien ce que je viens de dire, car ça prête à réflexion). Je supposais une chanteuse américaine un peu cucul, genre Sarah McLachlan (sauf que celle-ci est Canadienne). Jusqu'à ce qu'une amie américaine m'envoie une copie CD (originale, s'il vous plaît) de 1000 Kisses. J'étais alors dans une période où les singer songwriters américains n'avaient de cesse de me captiver, particulièrement sensible que j'étais au poids du vécu soulignant celui de l'âme (qui se révèle avec l'expérience, en tout cas pour le simple mortel), qu'on pouvait sentir au moindre changement d'accord, comme à l'arête d'une rue. Je fus toutefois mis dans d'excellentes dispositions pour découvrir ce troisième album de Patty Griffin (qui fut un peu celui de son retour après le déplorable épisode d'un Silver Bell relégué aux Oubliettes, à savoir le chef d'oeuvre de sa vie que le label refusa de sortir, et dont elle n'a pas les droits), que je reçus comme un cadeau, et dont la pochette et le livret se distinguent par des illustrations tout simplement sublimes, signées Traci Goudie. Il n'y a que neuf chansons sur ce disque. La texture sonore et l'atmosphère, longiligne et calme, sont semblables au chuchotement du crépuscule. Le premier titre, "Rain", n'a pas recours au clapotis de la pluie: les motifs lancinants de guitare suffisent à en retranscrire la langueur, qu'on ressent lorsqu'on pose le front contre la vitre, face au spectacle de l'ennui. Patty a dû en vivre l'ennui de l'intérieur pour le retrouver si justement dans cette mélodie qu'elle souffle de façon presque monocorde. Et puis, on ne s'ennuie jamais tout-à-fait. On finit toujours par lui trouver du goût, à cet ennui, on finirait même par s'y attacher. Et c'est dans ces moments-là que l'Imagination travaille. La couleur est donnée, le disque ne s'en départira plus, puisque c'est un chef d'oeuvre, qui évoque peut-être un peu le Nebraska de Springsteen, dont Patty est fan - elle y reprend d'ailleurs "Stolen Car". On y trouve aussi ce qui est probablement ma chanson préférée de Patty (mais y'a de la concurrence): "Making Pies".



Nina Nastasia est pour moi la révélation la plus importante de ce siècle. J'ai ses cinq albums, tous parus depuis 2000. Son style est "indie". J'entends par là qu'il est plutôt en territoire "arty" que traditionnel ("indie" étant devenu une sorte d'étiquette musicale, plus souvent pour le pire que le meilleur, d'ailleurs, tout le monde n'ayant pas le génie du Velvet Underground ou de... Nina Nastasia). Je ne saurais pas dire où Nina puise son inspiration. Je crois avoir lu qu'elle n'écoute que très peu de disques. Elle se trouve donc à l'opposé des artistes qui sont des puits de culture, et qui échappent difficilement au recyclage, même déguisé. Comme beaucoup d'artistes qui semblent donc avoir l'inspiration pure, Nina Nastasia s'aventure parfois en terres gothiques, où résonne la Nuit, peut-être celle des Temps, d'avant la civilisation. Ou alors des temps médiévaux, où telle ballade évoquera la lettre d'amour d'un Chevalier pour la Belle d'un château. Peut-être que je dis ça parce qu'elle m'évoque la Baronne Roxanne de Saint-Gely, qui est du XIXème siècle - et encore, seulement dans un feuilleton (devinez lequel? c'est pour voir si vous suivez) - c'est vous dire si mon analyse est sérieuse.
C'est dans The Blackened Air qu'on trouve "Ocean", avec ce violon qui dérive au point de nous en donner un vertigineux mal de mer - mais cet océan-là est si noir qu'il a des airs de gouffre.

Curieusement, ce que j'aime particulièrement chez Devon Sproule n'est pas si éloigné de Nina Nastasia. C'est dans la façon de négocier avec les silences, les soupirs, le temps qui passe et respire. Devon ne serait peut-être pas dans ma liste sans l'album Upstate Songs, et ces Upstate Songs n'y seraient peut-être pas non plus sans "Plea for a Good Night's Rest". Une chanson vous manque est tout est dépeuplé? En tout cas, tout le reste s'articule autour, éventuellement. Quoique "Come Comet or Dove", qui succède immédiatement à cette ouverture de fontaine d'Eden, achève de conquérir en montrant une palette d'expression plus large, par une jeune femme dont la forte personnalité artistique a dès lors conquis l'esprit et les tympans. Et ce rythme, ce souffle entraînant, rappelle celui de la jeune Dar Williams dix ans plus tôt. Vous pouvez, à l'heure où j'écris ceci, écouter les deux chansons sus-mentionnées sur son myspace

Ana Egge a sorti un album magique il y a trois ou quatre ans: Out Past the Lights. Elle vient juste d'en sortir un nouveau, Lazy Days, que j'ai tardé à acheter après avoir appris que ce n'était qu'une collection de covers. Ana traverse une phase d'obsession guitaristique (on ne saurait l'en blâmer!), et cite ses influences sur son myspace. Mais en écoutant les chansons de ce nouvel album, j'ai trouvé ça excellent, jugez par vous-mêmes! (commencez par "In the Backseat"). Je viens donc de l'acheter, je l'aurai la semaine prochaine. Sinon, je pourrais dire sur Out Past the Lights ce que j'avais déjà écrit dans CROSSroadS à l'époque, je parie!
Des titres comme "Apple Tree", "The Flood", "Ways of Waiting" sont magiques. Sa magie étant d'évoquer des paysages rien qu'avec la texture et l'élasticité du chant, et de délayer des mélodies si nuageuses qu'elles distraient l'attention pour l'étirer ailleurs, vers l'informulable, où la poésie prend naissance.

Annie Gallup est un autre specimen de poésie. Elle, fait du beat-folk (on va dire). Vous pouvez écouter les deux premières minutes de l'album Pearl Street ici - ça donne une idée assez juste de sa tonalité générale. Après, c'est une question d'univers auquel on adhère ou pas, selon son humeur. Celui d'Annie Gallup est totalement dénué de sucre, il est amer et salé, au goût d'écume. Il est boisé comme des instruments de théâtre, venteux et nu comme la Camargue, humide et chaud comme les naseaux des chevaux.

Rachel Ries est toujours aussi bouleversante, à l'écoute de ses nouvelles chansons sur son myspace. Je n'ai pour l'instant écouté son nouvel album qu'une fois, et j'ai bien l'intention de lui dire ce que j'en pense (elle me l'a demandé) dès que j'en aurai davantage exploré les sillons. En attendant, le précédent demeure dans un tiroir secret de mon coeur. Ecoutez "Valentine, NE" (sur son myspace): cette chanson bringuebalante est celle d'une Enfance insouciante, au soleil poussiéreux. Et sur toutes les chansons, la voix de Rachel s'affine à souhait pour s'infiltrer en vous le plus intimement possible, comme une confidence turquoise. C'est de la poésie en rosée, belle comme l'aube. On n'en fait plus, des comme ça. Ce disque-là ou l'autre est dans mon Top 3 de ce siècle, avec Birds de Jenifer Jackson et White Hats de Niobe.

Je conclus ces commentaires de ma sélection folk avec Jolie Holland (qui m'a gratifié des réponses les plus intéressantes de ma vie d'interviewer, très courte il est vrai). D'ailleurs, cette interview ne fit que confirmer ce que je pensais d'elle via sa musique: un esprit bohème, entièrement voué à son art. Par contre, j'étais à des lieues d'imaginer la sensualité de cette femme, pourtant évidente dans ses chansons:

"The ants are crawling over my pants as if to say
They know where the honey is"



Son troisème et dernier album en date, Springtime Can Kill You (2006), est une merveille. Il s'écoute quasiment comme un album de jazz. C'est de la brume sensorielle en musique.


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Message  parispal Jeu 3 Jan - 12:43

*éponyme: dont le titre est le nom de l'auteur. Exemples: Bob Dylan, The Velvet Underground.

devant une si belle prose, j'ai mauvaise grâce de faire le malin, surtout après que tu as dévoilé au monde entier (enfin, hier, il n'y avait pas grand monde dans les parages ;-) que je n'envoie que des demi-albums...

Le Petit robert indique qu'éponyme signifie "qui donne son nom à "quelqu'un ou quelque chose". et non "qui porte le nom de quelqu'un". Tu me diras que ça revient au même, mais je ne pense pas qu'on puisse dire que Bob Dylan est un album éponyme de Bob Dylan. C'est un peu long de dire Bob Dylan, auteur éponyme de l'album Bob Dylan? Suis-je clair?

Encore bravo pour ta prose, au moins on sait pourquoi tu aimes (ou pas!).

(tiens, je viens de renouer avec ramsey, le hillbilly cowboy)
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Message  Hugues Jeu 3 Jan - 13:49

parispal a écrit:*éponyme: dont le titre est le nom de l'auteur. Exemples: Bob Dylan, The Velvet Underground.

devant une si belle prose, j'ai mauvaise grâce de faire le malin, surtout après que tu as dévoilé au monde entier (enfin, hier, il n'y avait pas grand monde dans les parages ;-) que je n'envoie que des demi-albums...

Le Petit robert indique qu'éponyme signifie "qui donne son nom à "quelqu'un ou quelque chose". et non "qui porte le nom de quelqu'un". Tu me diras que ça revient au même, mais je ne pense pas qu'on puisse dire que Bob Dylan est un album éponyme de Bob Dylan. C'est un peu long de dire Bob Dylan, auteur éponyme de l'album Bob Dylan? Suis-je clair?

Encore bravo pour ta prose, au moins on sait pourquoi tu aimes (ou pas!).

(tiens, je viens de renouer avec ramsey, le hillbilly cowboy)

Merci de me lire! Mince, je n'arrive pas à comprendre les nuances que toi et le petit Robert apportez sur ce qui est éponyme ou pas, mais je vais finir par y arriver! geek

En fait, cette moitié d'album de TvZ était en bonus sur un CDR (mais je ne sais plus ce que c'était). Les plus belles découvertes sont souvent les plus imprévues. thumright

Ramcey anime toujours la liste de Fred Eaglesmith. J'ai l'occasion de l'y lire de temps en temps. On s'est un peu perdu de vue (façon de parler, puisqu'on ne s'est jamais vu), mais nous sommes susceptibles de renouer le contact à tout moment.
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Message  parispal Jeu 3 Jan - 14:00

Hugues a écrit:
parispal a écrit:*éponyme: dont le titre est le nom de l'auteur. Exemples: Bob Dylan, The Velvet Underground.

devant une si belle prose, j'ai mauvaise grâce de faire le malin, surtout après que tu as dévoilé au monde entier (enfin, hier, il n'y avait pas grand monde dans les parages ;-) que je n'envoie que des demi-albums...

Le Petit robert indique qu'éponyme signifie "qui donne son nom à "quelqu'un ou quelque chose". et non "qui porte le nom de quelqu'un". Tu me diras que ça revient au même, mais je ne pense pas qu'on puisse dire que Bob Dylan est un album éponyme de Bob Dylan. C'est un peu long de dire Bob Dylan, auteur éponyme de l'album Bob Dylan? Suis-je clair?

Encore bravo pour ta prose, au moins on sait pourquoi tu aimes (ou pas!).

(tiens, je viens de renouer avec ramsey, le hillbilly cowboy)

Merci de me lire! Mince, je n'arrive pas à comprendre les nuances que toi et le petit Robert apportez sur ce qui est éponyme ou pas, mais je vais finir par y arriver! geek

En fait, cette moitié d'album de TvZ était en bonus sur un CDR (mais je ne sais plus ce que c'était). Les plus belles découvertes sont souvent les plus imprévues. thumright

Ramcey anime toujours la liste de Fred Eaglesmith. J'ai l'occasion de l'y lire de temps en temps. On s'est un peu perdu de vue (façon de parler, puisqu'on ne s'est jamais vu), mais nous sommes susceptibles de renouer le contact à tout moment.

L'exemple du Petit Bob (le dico, pas le chanteur normand) est peut être plus simple ;: Athena, déesse éponyme d'Athènes.

ramcey, je l'ai retrouvé hier sur la liste de Greg Brown, il est partout, ce garçon!
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Message  Hugues Jeu 3 Jan - 14:31

parispal a écrit:ramcey, je l'ai retrouvé hier sur la liste de Greg Brown, il est partout, ce garçon!

Oui, il est aussi très, très fan de Greg Brown. Eaglesmith et ce dernier doivent être dans son Top 10 de tous les temps (avec Guy Clark, Dylan, Springsteen, Lucinda, Emmylou...)
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Message  Hugues Sam 5 Jan - 12:05


22. Jacques Brel – Les Bourgeois
26. Georges Brassens – Les Copains d’abord
28. Barbara – n° 2
35. Françoise Hardy – Ma jeunesse fout l’camp

Quatre trucs français (de langue française, j'entends)....

Brel - poème (merci à lui de nous rappeler ce que c'est):



Brassens

Les Copains d'abord (l'album) ne contient que des petits chefs d'oeuvre. Quant à la chanson-titre, j'ai longtemps cru que ça parlait de marins, avant de comprendre seulement il y a quelques années que le bateau n'était qu'une métaphore de l'amitié. Celle-ci a tendance à se renforcer lorsqu'on se trouve dans la même galère effectivement. Cette galère étant la vie, et l'Homme en a rarement conscience, de cette communauté naturelle. "la Camarde est assez vigilante, elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux" dit Brassens sur un autre album. Mais là on devient vachement utopiste.
Prenons au hasard pour faire joli la conclusion morose du "22 septembre": "et c'est triste de n'être plus triste sans vous". On ne fait pas plus automnal.

Barbara

Tous ces artistes français, ce sont des influences d'enfance, pour moi. La différence avec les autres, c'est que celles-ci demeurent substantielles. Ces artistes me font toujours de l'effet aujourd'hui quand je les écoute. Deux d'entre eux me font même toujours pleurer (avec Ferré, également). La différence d'avec avant, c'est que je les admire moins béatement. Je les admire toujours, mais en voyant tous leurs défauts. Je crois que je les aimerai tant qu'ils continueront de me faire pleurer. Seul Brassens n'a pas de défaut. Je veux dire: dans son art. Ou si peu.
Ainsi j'ai redécouvert Barbara il y a quelques années, avec cet album N°2 (dispo en CD normalement), qui date de 65, et s'ouvre sur "Le Mal de vivre". J'y ai découvert une chanson comme "Septembre, quel joli temps". C'était un peu comme si la chanson française ressuscitait - une certaine chanson française, la plus noire, la plus solennelle, la plus frissonnante. Car Barbara, c'est de l'émotion à fleur de peau. "Septembre, quel joli temps", c'est une capsule temporelle, on est dans une bulle, un oeil de loupe, quelques secondes d'automne, comme si l'on ne saisissait jamais aussi bien le Temps qui passe que lorsqu'il nous échappe, au bout des doigts, dans la conscience intense de sa fugacité. Et chaque soupir, chaque poignée de secondes, est un pétale caressé sur le clavier d'ivoire.

Barbara disait de Françoise Hardy que c'était une femme-fleur. Lorsqu'on écoute les thèmes de Françoise, "Mon amie la rose", "Ma Jeunesse fout l'camp" et d'autres, on ne peut que trouver l'image pertinente.
J'ai longtemps sous-estimé Françoise Hardy. Lorsqu'on écoute les paroles, ça peut se comprendre. Mais lorsqu'on a fait le tour de la pop, de la chanson dans ce qu'elle a de plus léger, on opte pour une approche différente. Et à la minute où j'écris ceci, j'avoue que je cultive un goût plus prononcé pour les disques de Françoise que pour ceux des artistes sus-mentionnés. J'ai mis la main sur tous les albums des années 60 dispo en CD (hélas, quelques-uns ne le sont plus, les rééditions s'imposent!). On y trouve toujours quelques chansons d'une merveilleuse fluidité. Et Françoise savait être audacieuse, sans oser parfois explorer les chemins qu'elle entrevoyait. Elle avait, pour son âge, le goût étonnamment sûr, et trouvait une sorte d'équilibre miraculeux, entre innocence et maturité, qui l'a préservée des excès du yéyé. Elle fut extraordinairement productive et spontanée. En moyenne, elle sortait trois EPs (quatre titres) et un album (12 titres, souvent les meilleurs des EPs précédents) par an. Elle a saisi la vague pop en 64-65, et s'est montrée novatrice, avant Gainsbourg (qui lui emboîtera le pas vers 65-66). En 67 elle se fait plus romantique, et sa façon d'approcher la poésie relève aussi du miracle, puisqu'elle le fait avec une merveilleuse légèreté, une inspiration en buées. L'album intitulé Ma jeunesse fout l'camp est un trésor, ce que j'avais longtemps soupçonné avant de le découvrir vraiment l'année dernière.

Un de ses chefs d'oeuvre, "La Question" (1971):



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Message  Hugues Sam 5 Jan - 17:18


24. Dionne Warwick – Her All-Time Greatest Hits
37. Bobbie Gentry – The Delta Sweete
44. Scott Walker - 4
100. Niobe – White Hats

la pop, chapter II - classieuse/stylée

Dionne Warwick, c'est Burt Bacharach/Hal David (musique pour l'un et paroles pour l'autre) avec la voix de Dionne Warwick. L'équipe parfaite. Son Greatest Hits (Rhino), c'est la bande-son du paradis. Bacharach est l'élégance incarnée, ultime. Ses arrangements sont d'une finesse et d'une perfection inégalées, pour autant que je puisse en juger dans le rayon de mes connaissances. Le chant singulièrement indolent de Dionne en fut le véhicule de rêve. Il doit exister certains climats passagers, moites, mauves, tropicaux, où les plages ressemblent aux nuages, où les grèves sont les sillons sinueux du ciel. Des après-midi qui se dissipent vers un soir tiède. Des trêves aux airs d'éternité.

Bobbie Gentry - je rouspétais l'année dernière sur la manie de rééditer en "twofers" (deux albums originaux par CD). Je ne suis qu'un grincheux: les deux twofers de Raven Records (label australien), The Delta Sweete/Local Gentry et Patchwork/Fancy m'ont permis de goûter l'univers authentiquement original, et délicieusement artistique, de Bobbie Gentry. J'ai retenu The Delta Sweete, mais j'aurais pu choisir Patchwork (peut-être encore meilleur).

Top 100 6d42_1

Sur The Delta Sweete paru en mars 68, on trouve notamment "Jessye 'Lisabeth" et "Refractions" qui s'enchaînent en milieu de face B, jusqu'au final "Courtyard", de vraies splendeurs qui vous réchauffent les entrailles.

Le premier album de Scott Walker que j'ai écouté, c'est Tilt, peu après sa sortie (95) je crois, ou vers la fin des années 90. L'album m'avait laissé perplexe. Je ne peux pas dire que j'avais aimé, mais une chose est sûre, c'est le genre d'album qu'on n'oublie pas, et qu'on a envie de réécouter, éventuellement, dix ans plus tard (je l'ai revendu depuis). Je ne me suis mis à vraiment apprécier Scott que récemment (l'année dernière ou celle d'avant) après avoir acheté Scott 4 (1969). J'ai tout de suite été séduit par l'aisance et l'élégance de son chant et des arrangements. Les orchestrations y sont veloutées, spacieuses, énergiques, luisantes. J'ai ensuite acheté les trois précédents (parus de 67 à 69), qui sont dans le même ton, mais un peu moins réussis, et puis on y trouve trop de reprises de Brel, dont Scott était fan, de toute évidence.

Je classe White Hats de Niobe dans le genre pop classieuse/stylée, mais c'est un truc inclassable, qu'on peut aussi mettre dans l'electro (et c'est le seul de ma liste). Ce disque recèle de secrets, et celui qui me possède à tous les coups (c'est-à-dire à chaque écoute), c'est le deuxième titre, "Well & Wise". Une fois traversé cette étape, on est dans un autre monde, et comme le suivant, "Surround Your Hoover" est d'une luminosité citronnée, coloré comme du Gauguin des îles, le dépaysement est garanti. Le voyage est si bizarre, d'ailleurs, qu'on en soupçonnerait presque l'auteur de consommer des substances illicites. "White Hats" (plage 4) est aussi étrange que l'Original Soundtrack from the film More du Floyd (accessoirement le plus intéressant de leurs disques post-Barrett). Mais Niobe (de son vrai nom Yvonne Cornelius, mi-allemande, mi-vénézuélienne - génétiquement parlant) commence à maîtriser ses ingrédients, elle n'en est pas à son premier coup d'essai. Cette façon qu'elle a de fouiller dans ses souvenirs les plus lointains, et les plus sensoriels, ressemble à un magma translucide et gélatineux, un brouhaha qu'on percevrait à l'état de foetus. C'est onirique, avec tout ce que le rêve peut avoir d'irréel et de difforme. Mais la normalité est aussi présente, avec un "Shirocco & Mistral" aussi feutré que la paroi de neige d'une avalanche, un "In the Sun" d'un calme extatique, et ce "None but One" plus majestueux et révélateur que tous les sentiers dorés du monde.

J'ai embrassé l'aube d'été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.


Arthur Rimbaud, "Aube" (Illuminations).

Il est plausible que Rimbaud ait écrit ce poème en traversant la Suisse à pied pour gagner l'Italie. Yvonne Cornelius, quant à elle, a déclaré qu'elle a tenté avec White Hats (ces chapeaux blancs évoquant les cimes neigeuses) de décrire le paysage des Alpes Suisses, où son père l'emmenait skier lorsqu'elle était enfant.


Dernière édition par le Mer 9 Jan - 15:25, édité 1 fois
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Message  Hugues Dim 6 Jan - 22:42


29. The Beatles – Rubber Soul
31. The Kinks – Face to Face
36. Love – Forever Changes
39. Jackie DeShannon – Put a Little Love in Your Heart
43. The Velvet Underground - st
54. Blondie – Plastic Letters
55. Mink DeVille - Cabretta
58. The B-52’s - st
63. Talulah Gosh - Backwash
64. Throwing Muses - st
65. The Jesus & Mary Chain - Darklands

19 choix pop-rock (en deux parties). Là encore, j'ai fait un classement très instinctif. Il y aura aussi une sélection "rock" et une autre "singer songwriter". Or, parfois, la frontière est extrêmement mince, pour ne pas dire fantaisiste.

Savez-vous qu'il ne sert à rien d'acheter un CD des Beatles aujourd'hui (à moins que ayez envie de le faire parce que vous êtes riches)? D'une part, vous ne trouverez aucun CD d'eux à moins de 20 euros (pensez donc, plus c'est connu, plus ça se vend), d'autre part, vous pouvez écouter leurs 215 enregistrements officiels (sans compter tous les trucs posthumes) sur YouTube. Sans exception. Je le sais, j'ai vérifié au cours de ces derniers jours. J'en ai d'ailleurs profité pour mettre à jour mes keepers. C'est que ça change tout le temps, ces choses-là. J'espère être en progrès constant. Peut-être que là où je progresse surtout d'ailleurs, c'est dans le discernement de ce qui réside de foncièrement arbitraire dans mes choix préférentiels. Il semble qu'on n'ait des préférences que lorsqu'on décide d'en avoir. Il semble que tout ce qu'on observe a du caractère, et que nous décidons toujours, en notre for intérieur, de préférer un caractère à un autre, sans pouvoir le justifier objectivement (les amateurs de philo m'excuseront de proférer des banalités, j'en ai très peu lue).

Ainsi donc, mon choix de Rubber Soul des Beatles, est lié au souvenir que j'en ai, et non plus à l'effet qu'il me fait aujourd'hui. Mes écoutes des dernières 48 heures m'ont révélé que je n'aimais plus tant "You Won't See Me", et que j'appréciais davantage "Norwegian Wood". Et même que si je m'en tiens au nombre de chansons préférées par album pour déterminer mon choix, Rubber Soul serait moins celui-là que A Hard Day's Night (dont je trouve la série de cinq premières chansons imparable, sans parler de "Things We Said Today" et "You Can't Do That" en face B) ou Revolver, un des albums les plus modernes de tous les temps. Bien, mais si je remets tout en question, alors c'est aussi mon attachement aux Beatles que je remets en question, comme toute la subjectivité de mon Top 100. Ceci est faisable, mais j'ai décidé d'achever mes commentaires d'abord. Mr. Green
Rubber Soul est le premier album original des Beatles que j'ai écouté, et il me laissa, je m'en souviens comme si c'était hier, dans un état de béatitude diffuse. Je fus ivre et enchanté pour le reste de la soirée, et une partie de la nuit. Non pas que je restais omnubilé par Rubber Soul, non, mais cette ivresse s'était conjuguée à d'autres, tout aussi diffuses. Lorsqu'on est enchanté par quelque chose, la sensibilité s'aiguise, on est dans un monde de perceptivité où tout semble homogène, en harmonie.

The Kinks: je ne pouvais pas ne pas choisir un Kinks. Après, quant à savoir lequel, c'est au gré du caprice. J'adore la première période, j'apprécie aussi celle des 70's, mais le top, c'est entre 66 et 68 pour moi. Je pense que Village Green est le meilleur album, le plus beau. Mais sur la rééd. de Face to Face, il y a "Dead End Street" et "Mr Pleasant", entre autres bonus de singles satellites.

Pourquoi aime-je tant Forever Changes de Love? Je vais tâcher de l'expliquer. J'ai mis du temps avant de me décider à l'acheter, ce classique sixties qu'on trouve généralement dans toutes les discothèques idéales. Je craignais d'avoir affaire à un truc trop vieillot, genre Jefferson Airplane (ben non, je suis pas fana de JA, j'ai un vieux vinyle de Surrealistic Pillow chez moi, j'ai jamais accroché). Je me souviens avoir acheté le CD en même temps que deux autres: Goodbye & Hello de Tim Buckley et Doolittle des Pixies. Ce sont les hasards des découvertes qui nous les font parfois côtoyer de façon arbitraire. Encore que Love et Buckley, c'est la même époque, et le même lieu, donc cohérent. Et apparemment j'étais plus réceptif à l'univers musical des sixties que des nineties (89 plus exactement, je sais, mais c'est déjà le son des 90's si vous voulez mon avis) puisque je n'ai pas accroché aux Pixies tout de suite (j'ai même mis quelques années avant de vraiment aimer), alors que j'ai réécouté Love et Buckley volontiers. Bon, voilà pour les détails dont tout le monde se fout (sauf moi, question de contexte!).
A vrai dire, je me demande pourquoi j'essaie d'expliquer pourquoi j'aime ce disque, tant sa beauté me semble évidente. Mais j'ai cru comprendre que d'autres gens (j'en connais pas mal) n'adoraient pas ce disque. En général dans ces cas-là, on ne sait pas trop quoi répondre! Bon, ben c'est bien simple: quand on découvre Forever Changes avec la crainte que ce soit peut-être un peu vieillot, on est très vite rassuré. L'originalité, la beauté des mélodies saute aux oreilles, sans parler des arrangements, et du chant d'Arthur Lee comme de celui de Bryan Maclean. Je n'avais, de ma vie, jamais entendu de mélodies aussi originales jusque-là, et l'album s'est très vite fait une place de choix au rang de mes préférences. Après, il y a sans doute une question de sensibilité qui intervient. Par exemple, le Pet Sounds des Beach Boys est loin de m'émoustiller les tympans autant que Forever Changes. Si j'observe chez Brian Wilson un perfectionnisme formel, je ne trouve pas les tangentes, les vertiges, les beautés fulgurantes que je trouve chez Love. Et puis, Love est aussi rock, et ça c'est la classe. Love ne fait pas de la pop de chambre. Sa musique est spacieuse, a ce parfum de liberté propre à la plupart des musiques californiennes d'alors. Mais je ne vois pas quel groupe californien s'approche de Love à l'époque. Les Doors? Soyons sérieux! Seul, Buffalo Springfield Again s'en approche (avec plusieurs foulées de retard quand même).

Jackie DeShannon - je vous en ai déjà parlé? jocolor

Le 3ème Velvet? (au fait Hervé, je me suis renseigné auprès d'autres amateurs de musique, et on m'a confirmé qu'on pouvait parler d'album éponyme dans ce cas-là). J'ignore qui peut résister à une ouverture aussi séduisante que "Candy says", suivi par un "What Goes On" purement orgasmique, notamment dès l'intervention de guitares irradiantes... Puis le rythme de "Some Kinda Love" chatouille le sang, et "Pale Blue Eyes" vient pleurer en sourdine. Quand je pense qu'on a osé comparer tant de groupes médiocres à ça. Le moindre groupe indé débarquant dans les années 80, 90, qui s'est mis à tricoter de fragiles accords sur guitare claire, on a dit qu'il faisait du Velvet. Et chaque fois, ce fut une insulte au Velvet Underground, car ce qui fait que le Velvet est le Velvet, c'est qu'il ne fait pas que tricoter de fragiles accords sur guitare claire. Bordel de merde, j'adresse un message à tous les critiques snobs, précieux et pédants de la terre: ouvrez vos oreilles, ou taisez-vous!
Seuls les Pastels ont approché la magie du Velvet. Les Pastels, qui ne méritent pas leur nom, d'ailleurs. Mais ils ont su retrouver l'innocence disloquée, les petits tourbillons dans les amplis, etc
"Beginning to See the Light", doux Jésus, encore un coup de génie, c'est intouchable, ça! Qui peut retrouver ce son? C'est entre rock'n'roll et je ne sais quoi d'autre, quelque chose d'ineffablement urbain, new yorkais... Et c'est encore orgasmique. Pourtant, la vérité du Velvet, je crois qu'on la trouve sur le Live 69 avant tout (et la magie on l'y trouve, avec quelque chose de profondément amical, à l'opposé de l'image glaciale qu'on a la fâcheuse habitude de donner au groupe), mais c'est peu dire que les disques studio sont des réussites, des petits miracles. Ce genre de miracle ne vient pas par hasard, il est dû à une réelle authenticité. Le Velvet n'était pas un groupe de poseurs. C'était un groupe romantique, héroïque, moderne. Lou Reed a un caractère de merde? Certes. Il est mégalo? Certes. Il s'est égaré? Certes. Mais à la fin des années 60, il était intouchable. Le Velvet a créé le plus beau son du monde, auquel les *musicos* (musiciens, pas artistes) ne comprendront jamais rien. Les Velvets n'étaient pas musiciens, et c'est tant mieux.
J'aurais pu les mettre dans le rock tout court, mais il se trouve qu'ils ont fait aussi de charmantes ballades, et pondu de délicieuses mélodies. Le Velvet fut donc pop-rock. Pour la petite histoire qui vaut son pesant de cacahuètes, il paraît que Brian Epstein envisageait de les manager et avait pris rendez-vous avec eux, avant de disparaître en 67. Si ce mec n'avait pas du pif, de l'instinct ou du sens artistique, je veux bien qu'on me les coupe. On peut dire la même chose de David Bowie, du reste (qui tomba amoureux de l'album à la banane avant tout le monde).

Plastic Letters de Blondie n'est peut-être pas leur meilleur album, mais c'est sans doute le plus fantasmagorique, avec un son bien rock'n'roll (c'est important, ça, le son), cette pochette:

Top 100 5156Y2p0cmL._SS500_

et puis le titre "Denis", que je trouve génial d'avoir placé en seconde position après "Fan Mail". C'est stratégiquement imparable pour conquérir l'auditeur. Ce titre est une reprise de "Denise" de Randy & the Rainbows, un titre de 1963 par un groupe qui rappelle les Beach Boys. Jugez par vous-mêmes:



"Touched By Your Presence, Dear" (clip de droite) est sur le même album...

Mink DeVille - Cabretta (1977). Classe, ce disque. Pop-rock? Presque. Soul-rock, plutôt, mais y'a aussi ce doo-wop des Drifters, qui est presque pop. "Little Girl" (la plus belle chanson du disque) est une reprise du "Little Boy" des Crystals (qu'on peut écouter sur une compile de ce girl group, ou encore le coffret Spector). Quand déboule en deuxième plage ce titre, juste après la mise en bouche "Queen of Avenue D", Willy DeVille nous brise autant le coeur que la fille lui brise le sien dans la chanson. Terriblement touchant. Cette vulnérabilité qu'il a dans le timbre de voix m'évoque celle d'Otis Redding. Et bien sûr, les connaisseurs le savent, l'album n'est pas avare en perles rock'n'roll, "Cadillac Walk" et "Spanish Stroll" en tête. Rappelons que Mink DeVille est le nom du groupe de Willy DeVille, et que Return to Magenta et Le Chat Bleu, les deux albums suivants, sont d'autres comparables joyaux.

Ah! Les B-52's (les bififtitouze). Quel disque, le premier album! Je viens d'ailleurs de m'acheter le second (Wild Planet - je n'arrivais pas à mettre la main dessus, dommage que les CDs n'aient toujours pas été remastérisés, mais bon...). Mais ce premier album jaune: dès cette intro nommée "Planet Claire", le ton est donné. Le son est tendu, et la tension ne retombera jamais jusqu'à la fin. Ce groupe a du style, ce groupe est zinzin, ce groupe est sexy (surtout la chanteuse brune, Cindy Wilson). Ce groupe travaille aussi l'imagination, tente de créer un univers fantasque et multicolore. Cette fantaisie fut à tort confondue avec certains artifices New Wave des années 80. Il serait malvenu de négliger la qualité de compositions terriblement addictives, dont cet album est truffé - avec "Rock Lobster" comme un des morceaux les plus mémorables de l'histoire du rock. Comment ne pas saluer l'originalité d'une telle démarche?
Il y a d'évidents points communs entre ce groupe et les Cramps: une exploitation de la fantasmagorie. Le monde n'est pas assez beau? Pas assez excitant? Alors créons le nôtre! C'est la beauté de l'urbanité.

Talulah Gosh - ne trouvez-vous pas ça beau?



On appelle ça de la twee pop. En Angleterre, mes préférés sont Talulah Gosh et les Pastels. Les premiers étaient au carrefour de trois influences majeures: les Ramones, les Smiths, et les Television Personalities. Après, bien sûr, on peut aussi évoquer les Buzzcocks, les Beach Boys, les Beatles, Jesus & the Mary Chain, etc

Je crois que le charme céleste de Talulah Gosh est dû au chant mentholé d'Amelia Fletcher, de même qu'à ses mélodies angéliques. La collection Backwash, qui recueille la totale ou presque de ce groupe éphémère (86-88 ), est merveilleux de fraîcheur et d'inspiration, et retranscrit bien l'élan d'une jeunesse innocente, rêveuse, affamée, qui refuse de se résoudre aux lois sinistres du monde adulte. On peut, d'un bref et superficiel aperçu, tendre à rire de certaines affectations, de certaines poses. Mais la musique est un cours, un flux qui ne tolère pas la Sagesse, et qui n'obéit pas au règles rationnelles. Si la vie vous a durci le coeur, cette musique vous laissera froid, voire caustique. Si votre âme se souvient encore de souffles antérieurs, vous serez conquis.

Throwing Muses

Achetez le premier album (éponyme, 1986), contenu intégralement dans cette réédition (avec une première version cassette de l'album sur un second CD - enregistrements différents, mais tout aussi captivants):

Top 100 51AA7Y8CYML._AA240_

J'ai déjà pas mal parlé du groupe sur ce forum, leur disco est très riche, sans parler des carrières solo de Kristin Hersh et Tanya Donelly! Les Throwing Muses annoncent vraiment le mouvement dit "alternatif" des années 90.

The Jesus & Mary Chain

Essayez d'oublier Psychocandy deux minutes:

Top 100 51ME7P4SH9L._AA240_

Darklands, le deuxième album (1987) est là pour souligner que les frères Reid savaient composer des chansons parfaites. Des mélodies glam comme il faut, ciselées à la perfection, exploitant le filon d'une mélodie sous toutes ses coutures, avec un son qui claque comme celui des premiers Stones, en plus compact et scintillant. Jouissance des tympans garantie. A force, nos tympans vont finir par devenir érectiles.


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Message  Hugues Mar 8 Jan - 23:17

choix pop-rock, suite:

66. The Pastels – A Truckload of Trouble
67. Pixies - Doolittle
71. Cub – Come Out, Come Out
83. Wilco - Summerteeth
90. Joe Pisapia - Daydreams
91. Anny Celsi – Little Black Dress & Other Stories
96. Sam Phillips – A Boot & a Shoe
97. Jill Sobule – Underdog Victorious

Les Pastels, c'est un groupe écossais, formé dans les années 80, avec pour dénominateur commun Stephen Pastel (de son vrai nom McRobbie), leader et principal singer-songwriter d'un groupe qui vit son personnel changer régulièrement. Deux collaboratrices furent notamment remarquées: Aggi Wright (basse) et Katrina Mitchell (batterie), avec leurs voix fragiles à la Moe Tucker, mais aussi leur inspiration artistique.
Dans les années 80, une horde de jeunes gens se montrèrent librement arty et anti-commerciaux. Le Velvet Underground avait fait plein de petits. Les Pastels furent de ceux qui surent garder une forme d'authentique innocence. L'écoute de Truckload of Trouble (1993), sélection de morceaux enregistrés entre 1986 et 1993 (des singles notamment), la plupart remixés par le groupe pour garder l'homogénéité d'un album, nous réjouit par l'effort créatif constant dont il fait preuve, dans la remise en question des processus de composition et d'interprétation. Mais les Pastels furent moins radicaux que Sonic Youth dans ce domaine, et préférèrent généralement rester proche de la chanson pop disloquée, sans verser dans la destructuration spatiale et noisy. C'est davantage le Velvet de "One of These Days" qu'on entend ici, que celui de "European Son".

Si quelque chose n'a décidément pas changé avec les Pixies, c'est que leur musique me fait toujours mal aux oreilles (j'écoute au casque). Leur son est assez rêche, agressif. Et s'il est un point de vue sur lequel je ne suis jamais revenu (poil au c..), c'est bien celui de Doolittle-le-meilleur-album-des-Pixies. Ce recueil de quinze comètes surpasse Come On Pilgrim et Surfer Rosa - et Frank Black ne retrouvera plus jamais une inspiration aussi tendue, serrée, stridente et foisonnant d'éclairs mélodiques. On pourrait citer tous les titres.

cub Top 100 5105372FNYL._AA240_ oh la jolie pochette!

Voici un exemple de twee pop outre-atlantique (canadien, pour ce cas-ci), aussi appelé cuddle-core. L'extrême légèreté de ce mouvement est ce qui fait tout son charme. cub (sans majuscule), c'est un trio féminin mené par une certaine Lisa Marr. Une formule alliant minimalisme enfantin et insouciance bêbête, le tout glorieusement assumé: voilà qui, sur le papier, ne risque guère de séduire. Ceci se passa dans les années 90 dans la plus totale indifférence médiatique (ce n'est pas un reproche, juste une constatation). Même un groupe culte comme Beat Happening, qui lança le mouvement américain dès le début des années 80, reste aujourd'hui très méconnu. Seules les japonaises de Shonen Knife firent un peu parler d'elles, car elles étaient soutenues par Kurt Cobain (elles firent d'ailleurs la première partie de Nirvana). Tous ces groupes revendiquaient généralement l'influence des Ramones (Beat Happening étant une des exceptions), en y ajoutant plus de naïveté, de candeur côtoyant même le ridicule, mais ça restait charmant, voire fascinant, comme tout ce qui est extrême. Après tout, l'extrémisme, c'est de l'expressionnisme: il accentue un état d'esprit qui risque ainsi davantage d'interpeller ceux qui en sont éloignés. Il y a souvent, dans la pop comme dans le rock, jusque dans leur notion-même, une caricature. Cette caricature est ce qui permet de définir des genres musicaux de façon universelle, c'est une sorte de symbolisme. L'inconvénient de tout mouvement suscitant l'adhésion, toutefois, est qu'il peut avoir des airs de secte, et que les sympathisants peuvent en arriver à gommer les angles de leur propre sens critique. L'expressivité doit rester saillante, ne pas s'émousser.

Rhaaaaaaaaaa! Top 100 414PGX8T34L._AA240_ Sachez-le, bande de mécréants, ce disque est un des plus beaux de tous les temps. Je le confirme alors que je l'ai de nouveau sous les oreilles, conquis du premier au dernier morceau. C'est un chef d'oeuvre absolu de musicalité, d'harmonie glorieuse. Jamais musique n'aura fait autant de bien, comme un breuvage de bien-être illuminant le coeur. Une sorte de bain harmonique bleu abreuvant toutes vos artères, tous les sillons de votre corps. J'ignore combien de fois il faudra le répéter, mais personne ne devrait passer à côté de ce monument. Tout y est. Toute l'histoire de la pop et du rock y est. C'est un condensé. J'y entends les Byrds, les Beatles, le Velvet Underground, les Everly Brothers, Bob Dylan...
Hélas, sur les albums suivants, on commencera aussi à y entendre du Pink Floyd, du prog 70s, du noise, du Supertramp, argh.

Joe Pisapia Top 100 F63264fzop0 Daydreams (non, la pochette n'est pas de travers)

Joe Pisapia menait un groupe intéressant - Joe, Marc's Brother - et avant de faire partie d'un autre groupe moins intéressant (Guster), enregistra un paquet de chansons dans son coin, tout seul comme un grand, en 2002. Et il se trouve que c'est un joli recueil de pépites, mélodieux à souhait, produit par ses soins avec finesse. Depuis, on attend un autre album solo. Qu'est-ce que tu fous, Joe, bon sang?

Anny Celsi Top 100 Tx2079 Little Black Dress & Other Stories

Encore un chef d'oeuvre, évidemment totalement négligé par à peu près tout le monde (est-ce moi qui suis anormal, ou le monde qui est devenu inhumain?). Le disque, vous pouvez encore mettre la main dessus tant qu'il est temps, édité chez Taxim, le label allemand (qu'il en soit anobli...), bien qu'il ne s'agisse plus de la version digipack Ragazza aujourd'hui épuisée, et dont je me félicite de posséder une copie. Cet objet est dans mon Top 10 des disques du 21ème siècle. 13 chansons d'une finesse, d'une touche, d'une classe totale. Anny Celsi a du goût, et un filet de voix d'une élégance folle. J'attendais avec intérêt la sortie de son nouvel album l'année dernière, mais rien. On peut écouter une chanson - "Tangle-Free World" - de ce nouvel album sur son myspace, à votre place j'irais jeter une oreille...

Sam Phillips Top 100 419NY43EVQL._AA240_ A Boot & a Shoe

Une botte et une chaussure? Peut-être qu'elle ne sait sur quel pied danser, comme moi avec mes choix pop-rock ou singer-songwriter. Car les trois derniers choix de cette liste pop-rock (Celsi, Phillips, Sobule) auraient pu aussi être dans la liste des singer-songwriters (où on trouvera Ron Sexsmith, Amy Rigby, John Lennon...). La subtile nuance que j'y ai faite, c'est qu'avec une Sam Phillips par exemple, j'ai surtout l'impression que la musique l'emporte sur les textes. J'ai peut-être tort, mais les textes, je m'en fous. Je ne sens pas, chez Sam (ni chez Anny ni chez Jill) la dimension du texte. Peut-être est-ce un compliment, en ce sens où la musique est si bonne qu'elle éclipse l'intérêt des textes (tout cela ne me paraît guère important, de toute façon)?

A Boot & a Shoe, et vous allez sûrement croire que j'exagère (tant pis pour vous!), est un pur miracle. C'est au cordeau avec Impossible Dream de Patty Griffin et Underdog Victorious de Jill Sobule (et A Ghost is Born de Wilco), mais à une fibre microscopique près, cet album est bien le meilleur de l'année 2004. Je suis en train de le réécouter à l'instant, au casque, et c'est une des musiques les plus subtiles, voluptueuses, secrètes, caressantes qu'il m'ait été donné d'écouter. Comment vous donner une idée? En disant ceci par exemple: aucun album des Beatles ni des Kinks n'arrive à la cheville de cet album. En termes de finesse musicale, Madame Phillips regarde Davies et McCartney de très haut, et leur sourit par indulgence, pour ne pas rire à gorge déployée!
Est-ce que ceci vous donne idée de la beauté sublime de sa musique, ou vous croyez que je plaisante (c'est mal me connaître)? Quand je pense que des niais, des attardés, des gâteux nous pompent l'air avec "Strawberry Fields Forever" ou "A Day in the Life"! Mais vous avez appris à écouter la musique où, exactement? Et surtout, comment?

Vous me trouvez provocant, là? Mais oui, je le suis. Tous les moyens sont bons pour vous interpeller, lecteurs. Mais ceci n'est pas stratégique: je pense ce que je dis (au cas où vous en douteriez).

Jill Sobule Top 100 41GVV2267DL._AA240_ Underdog Victorious

D'abord, le mec qui a dit que cette pochette était hideuse, qu'il meure sur le champ (j'ai lu ça quelque part sur le net)! Cette pochette est superbe.
Jill Sobule, tu es ma soeur. Mon âme soeur. Voilà ce que tes chansons me font dire! Ta musique est incroyablement attachante, comme une seconde peau. Il y a plusieurs choses dans ta voix: une tendresse instinctive, une dérision désabusée, un humour à toute épreuve (expression bien choisie). Découvrir tes disques fut pour moi un bonheur indicible. On a d'abord l'impression d'approcher une musique sage, smart, jolie, très fréquentable. Et ce qui nous chope au bord de la rive, nous retient, nous invite à y voir de plus près, ce sont ces ballades aussi poignantes que limpides, d'un courage et d'une franchise inouïs. Par quoi faut-il être passé pour oser se mettre le coeur à nu avec tant d'aplomb et de recul sur soi (l'autodérision cruelle n'étant jamais bien loin)? Je dirais qu'il ne doit pas être dépourvu de cicatrices, ce coeur. Le plus surprenant d'ailleurs, est de s'apercevoir qu'il peut se ressourcer - c'est une des beautés de l'existence.
Chaque disque de Jill Sobule est un trésor. J'aurais pu choisir Happy Town, Pink Pearl ou The Folk Years 2003-2003. Mais Underdog Victorious est le plus accompli, le plus représentatif. La matière d'un nouvel album est prête à être enregistrée, Jill est actuellement en train d'essayer de trouver l'argent pour cela. Où sont passés les mécènes de goût?
Bon, faut que je vous laisse, là, c'est "Angel/Asshole" qui arrive dans le casque, c'est une de mes préférées.


Dernière édition par Hugues le Lun 17 Mar - 18:48, édité 29 fois
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