JILL SOBULE

Il était plus que temps de soumettre un topic sur cette géniale songwriteuse complètement méconnue (et c'est un scandale).

J'ai l'autre soir regardé un DVD (qui m'a coûté bonbon, mais le bonheur est inestimable) d'elle, Live At Pittsburgh: elle est unique, aussi bouleversante que Jacques Brel, mais aussi pleine d'humour. Et tellement loin du show biz circus qui ramollit les neurones des masses moutonnières...

http://www.jillsobule.com

Trois morceaux à écouter ICI

The End Of Love, The Most Miserable Girl In The World et All The Young Dudes (avec Billy Bragg)

Jill Sobule, petite américaine blonde qui a commis quelques disques depuis 1990, se demandait comment financer l'enregistrement de son prochain album. Il y avait deux alternatives: trouver un label, un producteur (comme d'habitude, quoi), ou créer le sien. Comme la première option fut déjà largement utilisée, la deuxième avait au moins l'attrait de l'expérience indépendante. Jill commença par s'adresser à son fan club pour expliquer la situation, et les réponses à l'idée d'une demande de donations furent nombreuses. Ainsi, à ce jour, son petit fan club de base - et probablement quelques initiatives annexes - lui a permis de récolter 82557 dollars pour enregistrer son prochain album.

Jill Sobule a aussi fait partie des Negatives, avec Lloyd Cole.

Quant à la souscription pour enregistrer ou finir d'enregistrer un album, elle est de plus en plus fréquente aux USA où les artistes ne veulent (peuvent) pas recourir à un emprunt auprès des banques.

J'ai personnellement souscrit aux nouveaux ou futurs disques de Mark Erelli, Jack Williams, Richard Shindell. Il y a eu aussi eu Kris Delmhorst, tous au moins aussi talentueux et méconnus que Miss Sobule.

Quiet Man a écrit:J'ai personnellement souscrit aux nouveaux ou futurs disques de Mark Erelli, Jack Williams, Richard Shindell. Il y a eu aussi eu Kris Delmhorst, tous au moins aussi talentueux et méconnus que Miss Sobule.

Ils ont aussi fait la demande via leur newsletter? Moi c'est la première fois que ça m'arrive.

Sinon Jill Sobule n'évolue pas dans le même univers que les sus-mentionnés. Je fais ici une distinction stylistique, pas hiérarchique. Les singer songwriters folk roots sont innombrables. Les singer songwriters pop comme Sobule sont plus rares.

Hugues a écrit:Sinon Jill Sobule n'évolue pas dans le même univers que les sus-mentionnés. Je fais ici une distinction stylistique, pas hiérarchique. Les singer songwriters folk roots sont innombrables. Les singer songwriters pop comme Sobule sont plus rares.

Au-delà des distinguos stylistiques, Shindell fait référence à Jill Sobule :

In a nutshell (I could count myself a king of infinite space...), what the internet taketh away, the internet giveth back in spades. Gone are the days of all-powerful record labels. However, one useful thing they used to involved the handing out of large recording budgets. No more. While this might be unsettling to some, I think it's just great. Folks like me are now in the happy position of being able to appeal directly to our fans to take up the slack. Jill Sobule, Kris Delmhorst, and others have already gone this route, with great success. In effect, we go directly to you with an offer to buy the record in advance, or to contribute more in exchange for certain goods and services.

Comme Quiet Man, j'ai lâché quelques sesterces à Jack Williams, Richard Shindell, Kris Delhmorst et Mark Erelli. je me seerais bien payé la guitare de Shindell mais c'était 2500 dollars...

OK, donc c'est assez récent, ce truc, et je trouve ça très bien. Il faut bien que les artistes puissent continuer d'enregistrer, et un soutien financier de leurs fans est quelque chose qui m'apparaît cohérent et harmonieux, en plus du fait qu'ils achètent déjà leurs disques et vont les voir sur scène.

Bien sûr, Hervé y est allé de sa poche plus d'une fois pour en faire venir à Paris - l'état d'esprit, dans le principe, ne date pas d'hier non plus. Les fans se retrouvent parfois même mécènes, ou vice versa. Ce sont eux qui fondent des labels, parfois. Je pense par exemple à Michel Pampelune du label Fargo. Mais j'ai l'impression que ce genre d'initiative tend à disparaître.

Une des raisons est aussi qu'on a parfois du mal à intéresser beaucoup de monde, dans la mesure où finalement, peu de gens se passionnent pour les mêmes artistes. J'ai beau respecter les passions des uns et des autres, je n'ai pas exactement les mêmes passions que Hervé, ou Pampelune, ou quiconque d'autre.

J'avais discuté un peu avec Pampelune à Paris. Je lui avais dit "il faudrait qu'il y ait plus de labels indé comme Fargo en France...", et il m'avait répondu "non, surtout pas!". Ce qui m'avait surpris. Dans son esprit, l'émergence d'autres labels ne pouvaient que faire du tort à Fargo (c'est du moins ce qu'il m'a semblé comprendre).

J'avais donc arrondi les angles pour être de bonne composition, en lui disant: "ou alors il faudrait que Fargo s'élargisse...".

Toujours est-il qu'aucune sortie Fargo ne m'a intéressé, ces dernières années. Lorsque je me suis intéressé aux sorties Fargo, et me suis dans le même temps intéressé à Crossroads en 2001-2002, je m'intéressais à l'essor d'une musique américaine, dans la brèche ouverte par Lucinda Williams, Wilco, les Jayhawks, Ryan Adams, Neal Casal, Alejandro Escovedo... C'est vraiment une des scènes qui a donné naissance à Crossroads, selon moi. Ryan Adams fit la couv' du number one, que je sache. Il y a tout un lectorat qui était comme moi, je pense.

J'ai tout de suite eu un très bon rapport avec Michel Pampelune et Christophe Goffette, lorsque je les ai contactés à cette époque. Mais j'ai le sentiment que ce mouvement appelé "alt.country" est retombé. Je me trompe peut-être.

Enfin, pour ma part, je n'ai pas pour ainsi dire retourné ma veste. Lorsque j'ai écrit à Goffette la première fois, ce n'était pas pour saluer la couv' de Ryan Adams, mais pour la critiquer, car je n'ai jamais aimé cet artiste. Non, la première fois que j'ai écrit à Goffette, c'était pour lui dire que Mary Gauthier méritait davantage la couv' que Ryan Adams...

Voilà pour la petite anecdote qui n'a plus rien à voir avec le sujet de départ. Enfin, je ne crois pas.

on dévie un peu du sujet, mais je pense qu'on va y revenir. Shindell aurait pu signer sur Signature ou Red House, mais il a préféré jouer la carte de l'indépendance pour ses disques. Il estime que dans 5 ans, iles labels auront disparu et prend les devants, en quelque sorte.

Je pense que cette approche valable pour les US, où le circuit des tournées est bien rôdé et où il vaut mieux avoir un bon agent qu'un label. Kris Delmhorst est arrivée à Paris enceinte de 7 mois (il y avait deux obstétriciens dans la salle :D ), elle va accoucher début juin et faisait des concerts la semaine dernière... Pas le choix, si elle veut vendre son nouvel album. En gros, le label assure une certaine visibilité, mais guère plus.

Par contre en France, sans label, c'est moins évident. Qui connaitrait Alela Diane sans Fargo? Est-ce que ses concerts seraient sold out? Est-ce que la grande presse (Télérama, le Nouvel Obs et d'autres probablement) en parleraient?