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Numéro 44 - Juin 2006 ( disponible le Jeudi 15 )

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Message  Frenchy Mar 6 Juin - 12:11

Brazil Connection

Dessine-moi un magazine !

Je ne sais pas pour les autres revues, mais je peux vous assurer que la vie de rédacteur en chef de Crossroads n’est qu’une succession ininterrompue de malentendus.
Dans l’absolu vide intersidéral que pourrait constituer l’équation “imaginaire + lieux communs + clichés + identification + déformation non professionnelle”, d’aucuns m’imaginent avec secrétaire aguerrie, à la tête d’une armada de scribouillards éclairés comme on peut en voir dans des bureaux étincelants dans le film Les Hommes du Président (Dustin H & co… remember ?), de jolies piles de disques à écouter, bien rangées, entre deux réunions de rédaction, autant de DVDs à visionner, etc., etc. Et puis, surtout, évoluant dans des eaux d’une limpidité éclatante. Le nouvel album ou film d’untel nous plait, trop fastoche, il suffit de demander un entretien et, hop, quelques semaines plus tard, la trombine de ce dernier s’étale avec grâce en pages centrales de notre magazine. Trop cool, next…
Bon, là, il faut marquer une pause. Je vous le dis tout de go : inutile d’aller plus loin dans cette description idéale autant qu’utopique (et un rien désuète, pour ne pas dire niaiseuse), elle n’a que de lointains rapports avec mon quotidien.
Mon quotidien, c’est par exemple devoir expliquer à un attaché de presse pas même encore biberonné que, non, je ne comprends pas pourquoi il me parle de “groupe en développement”, à propos de Blue Oyster Cult (même Caroline connaît, c’est dire !), qui, hum, existe juste depuis trois décennies et demie (le tout, sans jamais s’énerver ou prendre le mec de haut, façon Manœuvrite aigue, hein). Mon quotidien, c’est ne pas recevoir des disques aussi importants que le Neil Young nouveau (il n’y a plus de timbres sans doute, chez Warner, major coutumière des envois fantômes !?!) et, de l’autre côté du rideau, devoir expliquer à des lecteurs forcément incrédules le pourquoi du comment de l’absence d’une chronique aussi incontournable (qu’on retrouve forcément partout ailleurs !). Mon quotidien, c’est devoir ré-expliquer pour la cinquante-troisième fois que, non, ce réalisateur, on ne le fera pas en conférence de presse ou en table ronde, qu’on prépare bien sagement nos questions (hérésie !) avec une espèce de logique interne (kikoiça ?), qu’on s’attend même à des réponses (et puis quoi encore ?).
Mon quotidien, c’est de me demander pourquoi certains n’ont pas la présence d’esprit de se dire que, bon sang mais c’est bien sûr, leur “produit” là, il serait peut-être bien mis en valeur chez nous. Mon quotidien, c’est essayer de faire la part des choses dans tout ce fatras. Quels efforts faut-il accepter pour vous, les lecteurs, sans pour autant passer pour des crétins finis auprès de la profession ? Est-il normal de devoir demander à certains artistes de nous envoyer leurs productions pour cause de label ou de distributeur déficient ? Est-ce notre boulot aussi d’être confronté à la rétention d’intelligence sans cesse plus généralisée des uns et des autres, sans au moins la ramener un tout petit petit peu ? Devons-nous, en plus de ne pas l’être, expliquer encore et toujours pourquoi nous nous refusons à jouer les faux-culs hypocrites ? Pour couronner le tout, mon quotidien, c’est trier le bon grain de l’ivraie, sans jamais oublier la question à l’origine de chacune de mes décisions : mais qui suis-je, moi, bon sang, pour décider ?…
Mon quotidien, c’est également devoir rappeler, en permanence, que cette revue n’est pas à vendre, qu’on préfère ne pas exister que d’exister pour de mauvaises raisons, qu’on préfère ne pas être lu que d’être lu pour de mauvaises raisons -ou disons des raisons collatérales pour le moins éloignées de que devrait constituer l’attrait premier d’un magazine, genre, pour ne pas les nommer, vous achetez le Première spécial Cannes et on vous donne pour le même prix un beau “pendentif cinéma” (sic !). Mon quotidien, a fortiori, c’est insister sur ces bases, lourdement parfois : de la passion, bordel, du plaisir, du partage… Au risque de passer encore pour un con rétrograde et utopiste. Et puis, forcément, dans un monde aussi cynique que le nôtre, beaucoup d’abnégation, de courage et, en quelque sorte, de confiance. Mouais, mon quotidien, c’est aussi apprendre à faire confiance. À tous ces interlocuteurs avec qui je me dois d’être constructif, même quand j’ai l’impression qu’on part sur des bases de déconstruction totale. À vous lecteurs qui, parfois, ne saisissez pas nos réelles motivations, habitués que vous êtes à une logique faussement consumériste, mais réellement galopante.
Mon quotidien, c’est, enfin, me rendre compte que j’ai déjà écrit pareil édito au moins trois demi-douzaines de fois !…
Putain, vivement demain.

Christophe Goffette
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